5/28/08

L’économie congolaise au bord de l’asphyxie 28/05/2008


 


 

L'économie congolaise au bord de l'asphyxie

Par  Le Potentiel

Comme partout ailleurs à travers le monde, la République démocratique du Congo fait les frais de la grande flambée des cours du pétrole sur le marché mondial, combinée à la crise alimentaire, née de la hausse exponentielle des produits agricoles. Avec un baril à plus de 130 Usd, le gouvernement congolais a fini par se plier aux exigences des pétroliers distributeurs en revoyant à la hausse les prix du carburant à la pompe. Un litre d'essence à la pompe est désormais fixé à 790 Francs congolais. L'on ne peut que craindre les conséquences dramatiques sur l'ensemble de l'économie congolaise, encore fragile après des années de guerre. Elle est au bord de l'asphyxie.>/B>

C'est à un véritable exercice d'équilibre que se livre aujourd'hui le gouvernement pour que les déséquilibres pouvant naître du renchérissement des prix de carburant ne se propagent, de manière disproportionnée, dans d'autres secteurs de la vie nationale. A observer ces signaux, l'économie congolaise est véritablement au bord de l'asphyxie. Son salut réside inévitablement dans la voie des réformes que le gouvernement est obligé d'initier pour épargner la RDC d'une explosion sociale de forte magnitude.

Le monde est véritablement en ébullition. Les menaces ne viennent nullement d'un groupe terroriste. Mais des indicateurs économiques de grandes économies mondiales. L'on se rend bien compte de la forte récession dans laquelle risquent de se plonger les grandes économies nationales.

Les causes premières de cette surchauffe économique sont à explorer sur les marchés des matières premières. Avec un baril de pétrole qui file à grande vitesse, se situant actuellement à plus de 130 Usd, avec cette projection qu'il sera à 150 dollars le baril avant la fin de l'année, un renchérissement des produits de base à côté d'une forte embellie des cours des métaux, l'économie mondiale est en passe de basculer dans une zone d'incertitude. Les analystes se perdent en conjectures, sans trouver pourtant les moyens d'épargner l'économie mondiale d'une récession généralisée.

Dans ce tableau sombre, c'est naturellement les économies pauvres du tiers-monde qui paient le plus lourd tribut. Désarticulées, désintégrées, monocultures et extraverties la plupart, elles doivent, subir les conséquences d'une crise économique qui se profile au fur et à mesure que se consolide la hausse des prix des matières premières.

Effets d'entraînement imprévisibles

En République démocratique du Congo, l'on ne mesure pas encore le drame qui risque de s'abattre sur l'économie congolaise. C'est plus vers la réalisation de « 5 chantiers » que se tournent le regard de la classe politique, faisant fi du danger qui guette toute l'économie nationale.

Preuve en a été donnée le week-end dernier avec la révision à la hausse des prix du carburant à la pompe. Malgré son intransigeance à protéger le maigre pouvoir d'achat du Congolais moyen, le ministère de l'Economie et Commerce a fini par se plier aux exigences irréfutables des pétroliers distributeurs.

Désormais, le litre du carburant se négocie dans la partie Ouest de la RDC à 790 francs congolais pour l'essence, et à 785 Fc pour le gasoil. Des sources proches du ministère de l'Economie renseignent que des négociations restent ouvertes pour un nouvel ajustement des prix du carburant à la pompe, tenant compte de la forte mobilité des cours du brut sur le marché mondial.

Les cours du pétrole n'ont rarement été aussi élevés depuis le début de leur cotation, même lors des chocs pétroliers de 1973 et de 1979. Les acteurs économiques doivent s'adapter à la perspective d'une source d'énergie aux prix élevés. Alors que l'augmentation du prix du pétrole représente une chance unique pour bon nombre des pays producteurs du pétrole, y compris les pays africains, cette hausse vertigineuse constitue un véritable défi pour les importateurs nets du pétrole sur le continent, du fait que leurs récents progrès économiques et développement peuvent être anéantis. Il en résultera de sérieuses contraintes financières pour plusieurs pays pauvres très endettés importateurs.

Selon l'Agence internationale de l'énergie, le surcoût de la facture pétrolière était en 2006 deux fois plus important que l'allègement de la dette des pays pauvres, voté en 2005 au sommet du G8..

En dehors du pétrole, la RDC doit également jouer avec la hausse vertigineuse des produits agricoles. Même si aucune manifestation n'a été organisée jusque-là pour protester contre la hausse des produits alimentaires, la RDC, comme d'autres pays de son statut, n'est pas du tout épargnée du vent de panique, suscité par l'explosion des cours des produits alimentaires.

Les prix intérieurs repartent à la hausse

Le gouvernement peut beau se féliciter de la stabilité relative du cadre macro-économique, avec un taux de change qui s'est stabilité autour de 560 Fc pour le dollar, c'est de l'extérieur que vient le danger. Car, la RDC doit aujourd'hui se faire avec une inflation importée, conséquence de forte dépendance envers l'extérieur et de la très grande fragilité de son économie.

Aujourd'hui, le pays doit payer les erreurs des décisions économiques, parfois irréfléchies et à contre-courant de la dynamique mondiale, prises il y a quelques temps. En détruisant le tissu agricole, bien en place à l'accession du pays à l'indépendance, le pays a été rendu vulnérable des chocs extérieurs sur le marché des produits agricoles. Passive, la RDC assiste les mains liées à une surchauffe, en douceur certes, de son économie nationale.

Les signes de tensions apparaissent déjà du côté des prix intérieurs.

Pour ces cas précis, l'indice hebdomadaire des prix de détail établi par la Banque centrale du Congo renseigne que jusqu'au 18 mai 2008 un taux d'inflation annualisé de 22,70 % contre une prévision de taux d'inflation fin période, selon le cadrage macro-économique du budget 2008, de 8%. Rien ne prouve que cette tendance pourrait se renverser dans les jours à venir. Sur ce point, l'on court droit vers un mur de béton.

Scénario probable

Non seulement que la hausse des prix du pétrole et des produits agricoles ronge les maigres réserves internationales, ils risquent à terme de réduire la capacité d'intervention de la Banque centrale du Congo. Dans ces conditions, pour contenir - dans une certaine proportion les chocs extérieurs - la Banque centrale du Congo doit, pour sa part, réajuster ses instruments de politique monétaire, une augmentation des prix de l'énergie pouvant provoquer une hausse générale des prix. Et, du fait du renchérissement des prix intérieurs, les partenaires sociaux peuvent, quant à eux, réclamer une hausse des salaires qui provoquent des « effets de second tour » difficiles à maîtriser par la suite.

Voilà ce qui pourrait advenir à la RDC si le gouvernement tarde à prendre des mesures appropriées au niveau intérieur des pressions exercées par la forte hausse non seulement du pétrole mais aussi des produits agricoles. A la limite, c'est l'économie congolaise qui se trouve véritablement au bord dune explosion, sans oublier l'effet de contagion qui pourrait s'étendre à d'autres secteurs sociaux.

Pour les cas des entreprises congolaises, l'augmentation des prix du pétrole constitue également un véritable danger, étant donné que les entreprises incapables de faire face aux factures d'énergies astronomiques chercheront à réduire les coûts, et finiront par prendre des mesures, dont le licenciement massif de travailleurs.

Les licenciements dans un secteur de l'économie pourraient avoir de lourdes conséquences sur l'économie entière et la RDC, déjà fragilisée par tant d'années de guerre, se retrouverait dans des situations politico-économiques encore plus complexes à gérer.

Des perspectives d'emplois aléatoires et des taux d'inflation élevés affecteront le pouvoir d'achat des populations démunies, et par ricochet, aura des effets multiplicateurs sur l'économie entière.

Le tableau est quelque peu apocalyptique. Mais, c'est le scénario qui pourrait subvenir en RDC si rien de concret n'est engagé, entre-temps, pour éviter le pire.

En pareilles circonstances, la seule solution pour combler le déficit financier et pour ne pas faire baisser la croissance est de maintenir le rythme de réformes pour rendre le pays moins dépendant de l'extérieur. Plus important encore, il va falloir envisager un plan de financement durable puisque tout porte à croire que les cours du pétrole se maintiendront à la hausse.

Cependant, c'est plus vers l'agriculture que devront se concentrer les efforts du gouvernement. C'est donc tout un soutien à l'agriculture qu'il faut relancer et non pas poursuivre une politique de libéralisation accélérée de ce secteur, lui faisant subir les aléas des marchés internationaux. Le développement agricole doit donc devenir une priorité dans l'agenda national. L'agriculture vivrière commerciale, délaissée depuis une vingtaine d'années des priorités des politiques, revient donc sur le devant de la scène.

Le gouvernement est donc interpellé pour prendre toutes les dispositions pour maintenir les équilibres fondamentaux du cadre macro-économique. La récession qui s'annonce risque de tout emporter avec des conséquences politiques imprévisibles.


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Jean-Louis Kayitenkore
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