6/4/08

19 ans de silence sur la répression de Tiananmen

En Chine, 19 ans de silence sur la répression de Tiananmen

Le 4/6/2008 à 12h16  par Mathilde Bonnassieux ( Aujourd'hui la Chine) avec AFP


Dix-neuf ans après, le massacre de Tiananmen est toujours absent des discussions publiques en Chine, par ignorance pour la plupart, par agacement pour d'autres, pendant que des prisonniers continuent d'en payer le prix.

Des centaines de personnes tuées, des milliers de personnes arrêtées dans ce qui fut décrit à l'époque comme une rébellion contre-révolutionnaire orchestrée par les forces étrangères anti-chinoises.

Le 30 juin 1989, un rapport de la mairie de Pékin avait fait état de  "dizaines de militaires morts, 6.000 membres des forces de l'ordre blessés, plus de 3.000 civils blessés et plus de 200 morts dont 36 étudiants".

Le rapport affirmait aussi que la plupart des civils morts étaient des "malfaisants".

Dix-neuf ans après le massacre de Tiananmen, la Chine est la quatrième puissance économique mondiale et s'apprête à accueillir les jeux Olympiques. Mais de cet "incident", toujours aucun mot. Le nombre de morts reste un secret d'Etat tandis que des individus continuent de payer le prix de leur participation à cet immense mouvement pro-démocratique.

Combien sont encore en prison? Mystère. Là encore, il faut se contenter des estimations des organisations internationales.

Silence sur le sort des prisonniers

"Entre 20 000 et 30 000 personnes ont été arrêtés. Parmi eux, une bonne moitié a été relâchée après 1 à 6 mois de détention. Environ 10 000  ont été jugées. La majorité a été condamnée à des peines de prison  de 1 à 20 ans. Plusieurs centaines à des peines de prison à vie ou la peine de mort commuée en prison à vie. On estime qu'ils sont entre 60 et 100  encore en prison aujourd'hui", avance John Kamm, président de  Dui Hua, une organisation de défense des droits des hommes basée aux Etats-Unis et à Hong-Kong.

Depuis 1990, cet ancien président de la Chambre de commerce américaine à Hong Kong oeuvre pour obtenir plus de transparence de la part des autorités. "La plupart des prisonniers sont des ouvriers, plus quelques paysans embarqués dans les manifestations. Ils ont été condamnés pour destruction de propriété et étiquetés comme étant des saboteurs contre-révolutionnaires ou des hooligans [des crimes qui ont été ôtés de la loi criminelle chinoise en 1997]. La plupart ont reçu des peines de prison à vie ou des peines de mort avec deux ans de sursis."

Ainsi de Miao Deshun qui faisait partie en 1989 d'un groupe de 5 activistes pékinois, condamné à mort pour "incendie volontaire". Une peine transformée en prison à vie en 1991 puis à 20 ans de prison en 1998. Au final, il aura passé plus de 29 ans en prison. Un cas qui illustre d'ailleurs pourquoi tant de prisonniers du 4 juin sont encore derrière les barreaux. En effet, pour les réductions de peine, le système chinois ne compte pas les années déjà passées en prison.

Aujourd'hui, Dui Hua a rejoint d'autres organisations pour réclamer au gouvernement chinois une amnistie pour tous ces prisonniers. Mais la partie semble loin d'être gagnée. "En 1989, la Chine était beaucoup plus faible, et nécessairement le gouvernement et le Parti ont fait des concessions par rapport aux critiques internationales et aux menaces de sanctions. Aujourd'hui, c'est beaucoup moins certains. C'est même devenu plus difficile d'obtenir des informations sur les prisonniers ces dernières années", conclut John Kamm.

Une place sous haute surveillance

La place Tiananmen est  sous surveillance renforcéedepuis quelques jours. Des cars de police circulaient mardi  sur la place, également occupée, comme à l'accoutumée, par de nombreux touristes attirés par le mausolée de l'ancien président Mao Zedong, le siège du Parlement, ou l'entrée sud de la Cité interdite.

L'organisation Human Rights Watch, basée à New York, a ainsi une nouvelle fois appelé la Chine à remplir cet engagement, "en libérant les quelque 130 prisonniers de Tiananmen improprement arrêtés ou jugés".

HWR a par ailleurs dénoncé la tenue d'événements liés aux Jeux sur cette place symbolique, comme le départ de la torche en mars dernier.

"L'utilisation macabre par Pékin de la place pour sa fête olympique (...) ajoute l'insulte à la blessure", a estimé Sophie Richardson, sa responsable Asie.

Pression américaine

Les Etats-Unis ont exhorté  la Chine à fournir un bilan complet du massacre  et à libérer tous les prisonniers politiques détenus depuis lors, a indiqué mardi le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. "Il est plus que temps pour le gouvernement chinois de fournir le bilan le plus complet des milliers de tués, détenus ou disparus dans le massacre qui a suivi les manifestations", a-t-il encore déclaré . "Nous rejoignons également les autres (pays) de la communauté internationale qui exhortent la Chine à libérer tous ceux qui purgent encore des peines pour avoir participé aux manifestations".

Sean McCormack a aussi qualifié de "d'évènements brutaux et tragiques" le massacre de Tiananmen et a invité la Chine à prendre des mesures pour améliorer son image globale avant les jeux Olympiques de cet été.

"Un réexamen de Tiananmen, la libération de tous les détenus faits prisonniers à ce moment là, et la cessation du harcèlement des familles des victimes de Tiananmen (...) aideront la Chine à atteindre son but de projeter une image positive vers le monde", a ajouté le porte-parole dans un communiqué.

Position chinoise

Les autorités chinoises ont pour leur part repoussé mardi les pressions étrangères en matière de droits de l'Homme.

 "Nous sommes contre les doubles critères consistant à exercer des pressions au nom des droits humains pour interférer dans les affaires intérieures d'autres pays", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, lors d'un point presse régulier.

"Quoi que les autres fassent ou disent (...), nous adhérerons à la voie du socialisme aux caractéristiques chinoises et à la promotion des droits humains en Chine", a ajouté Qin Gang.

Qin Gang a réaffirmé mardi que les autorités ne réviseraient pas leur jugement sur les événements.

 "Concernant l'incident politique qui s'est produit à la fin des années 80, il y a déjà eu une conclusion claire", a-t-il dit, en refusant de faire de plus amples commentaires.






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