6/27/08

Le chanteur congolais mise sur la jeunesse : Papa Wemba, le parrain


Conscient d'être depuis plusieurs décennies l'un des leaders de la scène musicale congolaise, Papa Wemba a voulu partager son expérience avec une quinzaine de jeunes chanteurs de son pays qu'il a mis au premier rang sur son album Kaka Yo qui vient de sortir.



Papa Wemba
Papa Wemba
Son nom figure bien en toutes lettres sur la pochette de Kaka Yo, mais Papa Wemba tient d'emblée à apporter une précision liminaire : 'Ce n'est pas vraiment un album que j'ai fait pour moi. C'est un concept que j'ai monté, il y a un an et demi : j'ai regroupé des jeunes qui ont pour la plupart entre dix-neuf et vingt-cinq ans, et c'est avec eux que nous avons enregistré ce disque dans lequel je ne fais que quelques petits clins d'œil.'

A travers cette 'Wemba Academy', le chanteur congolais a trouvé le moyen à la fois de rajeunir sa formation Viva la Musica, formée en 1977, mais aussi d'assumer ce rôle 'de chef, de patriarche' à l'égard d'une génération 'qui dit être perdue et réclame des repères'. Sur les cinquante candidats qui se sont présentés pour participer à l'aventure, il n'en a retenus que quinze.

Encadrées par les vétérans du groupe, Archange, Cleaver, Echapée et les autres recrues des 'Bana malongi' ont été les élèves privilégiés d'un professeur Wemba qui a surtout cherché à leur transmettre l'essentiel de ses connaissances musicales et à leur donner quelques clés utiles dans ce métier : 'Il faut prendre du plaisir en travaillant son art. Et avoir un objectif. Sinon, tu ne sais pas où tu vas.' Quelques-uns iront peut-être très loin, mais il sait que la route est encore longue pour eux.

En 1976, alors qu'il venait de quitter ses complices de Zaïko Langa Langa, il avait déjà prodigué de nombreux conseils à un étudiant qui l'admirait et venait souvent l'écouter. L'artiste s'était lié d'amitié avec ce fan épris de musique, l'avait encouragé à écrire, l'aidait à trouver des mélodies. 'Il chantait mal, au début', se souvient-il. Persévérer, encore et toujours, voilà ce que répétait le chanteur au jeune homme devenu depuis l'une des stars de la musique congolaise sous le nom de Koffi Olomidé.

Nouvelle génération

Le monde de la musique a connu de profondes mutations entre temps. A Kinshasa, comme ailleurs. 'La génération d'aujourd'hui arrive à un moment où tout est en place : il y a un semblant de structure et des moyens de communication avec les télévisions, les radios… Ce n'était pas vraiment le cas à mon époque', remarque Papa Wemba.

La crise du disque a également changé la donne : 'L'artiste ne se nourrit plus de son art à cause de la piraterie et nous devons compenser cela par des dédicaces. En réalité, c'est une vieille pratique qui ne se monnayait pas : on pouvait glorifier une personne, lui raconter son histoire, celle de ses parents ou de ses grands-parents. Un peu comme un griot.' Le phénomène s'est tant développé qu'il finit par encombrer les chansons. Les noms de personnes, anonymes ou officiels, se succèdent à un rythme soutenu. Certes, ils sont placés en marge des couplets et refrains mais leur nombre impressionnant détourne en partie l'attention de l'auditeur.

Kaka Yo ne fait pas exception à la règle, même si Papa Wemba assure que le 'message' qu'il veut véhiculer dans ses paroles reste audible au milieu de cette cascade de dédicaces. Pas question, pour le Roi de la Sape (Société des ambianceurs et personnes élégantes) de ne plus être en phase avec son temps ! Y compris sur le plan musical. 'Quand j'ai démarré ma carrière, il fallait faire du live en studio. Aujourd'hui, les programmations ont pris de plus en plus de place. J'essaie de m'aligner sur la technique. C'est la mode, je ne peux pas l'ignorer.'

Retour à la rumba

Le sentiment de nostalgie que ceux de sa génération sont nombreux à éprouver ne lui est toutefois pas totalement étranger. Sur l'album Kaka Yo, la chanson Belle Inconnue et le clip qui l'accompagne plongent au cœur de cette ambiance piano-bar des années 1950. En 2006, il avait utilisé la même formule pour enregistrer un album live dans la salle parisienne du New Morning. L'idée lui était venue peu de temps après avoir passé plus de trois mois dans une prison française, en 2003, condamné pour 'aide au séjour irrégulier d'étrangers'.

Le retour à une rumba authentique que prônent certains de ses compatriotes est 'à la fois un jeu de ping pong et de boomerang', analyse-t-il, lucide. 'Dans tout ce qu'on fait maintenant, il n'y a pas de nouveauté', poursuit celui qui a contribué à plusieurs reprises à transformer la musique de son pays, notamment en supprimant les cuivres avec Zaïko Langa Langa. Dans le style acoustique, il avoue avoir trouvé un terrain qui lui plaît particulièrement parce qu'il lui permet de poser sa voix comme il aime le faire. 'A mon âge, commente Papa Wemba, je crois que je dois faire attention à tout ce que je fais.' La sagesse d'un chanteur presque sexagénaire.




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Jean-Louis Kayitenkore
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