6/12/08

Le gaz du lac Kivu : une bombe à retardement pour Goma et Bukavu


 
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Le gaz du lac Kivu : une bombe à retardement pour Goma et Bukavu

Après l'irruption volcanique de 2002 et le récent tremblement de terre survenu à Bukavu et au Rwanda, le lac Kivu représente aujourd'hui une menace sans précédent pour les habitants des villes de Goma au Nord-Kivu, de Bukavu Sud-Kivu et de certaines villes du Rwanda, notamment Cyangungu et Gisenyi… Selon un expert du ministère des Hydrocarbures qui a requis l'anonymat, la libération des milliards de mètres cubes du gaz carbonique (Co2) dans l'air par le lac Kivu constitue une véritable bombe à retardement pour les habitants de ces villes et de leur environnement. La pression du gaz méthane dont regorge le lac rend ce danger imminent pour les vies des populations dans l'Est de la République Démocratique du Congo, a-t-il prévenu, avant de souligner que la solution réside dans l'exploitation rapide de cette potentialité énergétique pour le développement de la République Démocratique du Congo et du Rwanda, à travers des projets d'intégration économique.

En lançant un cri de détresse aux autorités congolaises, notre interlocuteur lance un SOS sur la menace qui pèse sur cette population, au risque de voir le lac devenir, dans les tout prochains jours, un lac qui tue des milliers de gens avec la libération dans l'atmosphère d'une quantité massive de gaz à effet de serre. L'exemple du lac Nyos, au Cameroun, riche en gaz méthane, a montré le danger avec la mort, en 1986, des milliers de têtes de bétail frappées par la libération de ce gaz dans l'atmosphère dans un rayon de 30 Km au Nord-Ouest du pays. Cet expert a soutenu que le lac Kivu contient plus de gaz carbonique et du méthane que le lac Nyos.
 
300 milliards de mètres cubes de gaz carbonique enfouis : un danger permanent

Situé à l'Est de la RDCongo, le lac Kivu a une superficie de 2.400 km2, et contient près de 300 milliards de mètres cubes de gaz carbonique. Outre le gaz toxique, a-t-il dit, les eaux du lac Kivu disposent aussi de centaines des milliards de mètres cubes de méthane, c'est-à-dire du gaz naturel. Cette ressource constitue une manne énergétique pour le développement des pays concernés, jusqu'à présent inexploitée à cause, entre autres, des années de guerre entre la RDC et le Rwanda et les autres pays de la région des Grands Lacs.
 
Citant le physicien Michel Halbwachs de l'Université de Savoie, l'expert congolais déclare : "sans la présence du méthane, le risque d'explosion gazeuse serait tout simplement négligeable". Ce scientifique qui a publié un article intitulé " Lac Kivu, l'Eldorado énergétique qui fait peur " dans la revue " Science & vie ", affirme que " le lac Kivu est à lui seul responsable des 85% de la pression en gaz dissous. La saturation en gaz des eaux est donc particulièrement sensible à la concentration en méthane et à ses variations ". et de faire observer : " le méthane constitue le détonateur de la bombe à retardement représentée par l'énorme volume du gaz carbonique dissous ".
 
Selon lui, ce détonateur pourrait se déclencher bien plus tôt qu'on l'imaginait jusqu'alors. Car, si le lac Kivu est connu pour contenir des quantités impressionnantes de gaz dissous, il a longtemps été considéré comme stable. Aussi, souligne-t-on, gaz carbonique et méthane sont principalement concentrés en dessous de 250 mètres de fond et les eaux du lac sont fortement stratifiées ; ce qui empêche les mouvements verticaux de différentes masses d'eau.
 
Le gouvernement placé devant ses responsabilité s
 
Au moment où le monde entier prend la mesure du danger qui guette la planète avec le réchauffement climatique à effet de serre, le gouvernement de la RDC ne devrait pas dormir sur ses lauriers sans prendre des décisions allant dans le sens d'épargner de nombreuses vies humaines au bord du lac Kivu. La menace d'explosion du gaz carbonique et du méthane pourrait entraîner une hécatombe. Car, le lac Kivu ne continuera pas à retenir son gaz éternellement, une fois arrivé au point de saturation. La croissance de la population sur les rives du lac, l'intensification de l'agriculture avec pour conséquence le rejet de nombreux déchets organiques et des nutritions dans le lac ont favorisé le développement des organismes aquatiques. Leurs décompositions dans les eaux profondes transforment la matière organique en méthane.
 
Des mesures de sensibilisation de la population devraient faire l'objet de grandes campagnes de sensibilisation et de mobilisation en vue de faire comprendre à cette population le danger imminent d'explosion du gaz méthane dans l'atmosphère. La mise en œuvre du projet d'exploitation commune du gaz méthane à des fins de production de l'électricité entre la RDC et le Rwanda va contribuer à réduire la saturation du gaz, à désamorcer le détonateur et à sécuriser le lac du danger qui menace la vie des milliers de personnes vivant sur les rives du lac Kivu. L'impact d'une explosion gazeuse sur les villes de Goma et Gisenyi, puis Bukavu et Cyangungu serait considérable.
par Busuku Jean
 
Kinshasa, 12/06/2008 (ACP/MCN, via mediacongo.net)


 
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