7/2/08

Quinze immigrés meurent sur les plages en rêvant d'Eldorado
GABON - 1 juillet 2008 - AFP

A moitié enfouis déjà par le sable et balayés par les flots: les corps de quinze immigrés clandestins sont inertes mardi sur la plage de Libreville où ils étaient venus chercher du travail mais ont trouvé la mort.

"Ce sont sans doute des clandestins dont la pirogue a chaviré au large et ils ont essayé de rejoindre la côte", a dit l'adjudant Benoît Mapota, de la police judiciaire. "Il est possible qu'il y ait d'autres morts".

Trois nouveaux corps ont été découverts quelques heures plus tard, a indiqué une source policière.

Selon des témoignages recueillis par un autre policier ayant requis l'anomymat, des "personnes seraient arrivées sur la plage vers 03H00 (02H00 GMT) ou 04H00 du matin. Certains ont donc réussi à rejoindre la rive".

Disséminés sur la plage, des sacs en plastique noir dans lesquels les immigrés avaient mis leurs effets personnels et avec lesquels ils comptaient refaire leur vie au Gabon.

Une paire de chaussures neuves, des claquettes, deux chemises pliées, une cravate rouge avec le noeud déjà fait, un pantalon, une brosse à dents, un calepin avec des adresses et l'Ancien testament commenté: ce sont les affaires de Libreville de "Peter", un Ghanéen dont on ne sait encore s'il fait partie des douze cadavres. Avait-il consulté la Bible avant de partir? Le livre est justement ouvert à la page des "cartes de l'Ancien testament".

Dans un autre sac, des policiers trouvent d'autres habits et un radio-cassette avec une bande du chanteur nigérian Ikem Mazeli.

"On sait que des bateaux sont partis de Calabar (au Nigeria) jeudi ou vendredi. Ils préparent des pirogues en ce moment. Nous avons patrouillé avec mais nous ne pouvons pas couvrir toute la zone", affirme sous couvert de l'anomnymat un garde-côte gabonais.

Le naufrage de bateaux de clandestins est "fréquent" sans que l'on puisse "donner de chiffres exacts", a déclaré le ministre de l'Intérieur André Mba Obame. "Ils partent des pays voisins. Il y a beaucoup de bateaux, beaucoup de morts".

Selon lui, les candidats à l'immigration clandestine "se chiffrent en dizaine de milliers par an" au Gabon, pays producteur de pétrole, qui accueille "pas loin de 400.000 clandestins" pour une population de 1,3 million d'habitants. "Nous sommes un pays vers lequel on immigre".

"C'est terrible. Dramatique. C'est le même drame que vous voyez sur les côtes européennes, en Espagne notamment. Ce sont les mêmes conditions de vie, la même misère, qui les poussent à venir, à tenter leur chance", affirme le ministre.

"Je suis choqué, j'en ai vomi d'émotion", affirme Max Moundounga, ancien d'Air Gabon, qui a découvert les corps en faisant son footing vers 6H00 (05H00 GMT) du matin. "Je fais ce trajet tous les jours depuis 8 ans. C'est la première fois qu'il y a autant de corps. Ils viennent pour essayer de trouver du travail. Mais, il n'y a plus rien ici. Au mieux, ils peuvent faire des petits boulots, cireurs... Qu'est ce qu'on peut faire? Nous sommes un million, si on en accueille dix millions, on sera noyé... Comme eux".

Une dame s'approche, mi-choquée mi-énervée: "On n'a pas plus de travail nous même. Il faut leur dire. Qu'ils arrêtent de venir".

"Ils prennent de gros risques. Parfois, les bateaux les abandonnent loin de la côte pour ne pas avoir de problèmes avec la police. Parfois, les bateaux se renversent", souligne le policier. "Ils croient qu'ici c'est la richesse avec le pétrole. Qu'ils vont trouver du travail. Ils considèrent le Gabon comme un Eldorado"






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Jean-Louis Kayitenkore
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