8/2/08


 



 

Matadi :

se loger ou travailler dans des containers

Dieudonné Mwaka Dimbi

Syfia Grands Lacs/RD Congo, 31 juillet 2008



Pour faire face à la crise du logement, de nombreux habitants de Matadi, à l'ouest de Kinshasa, habitent des containers ou y mènent leurs petites activités. Installés un peu partout, ces logis pas chers et faciles à se procurer dans cette ville portuaire sont cependant peu confortables et ne sont pas très sains pour ceux qui y vivent.


Quand on arrive à Matadi, par le pont Maréchal Mobutu à l'entrée ouest de la ville ou par le pont Mpozo, à l'Est, on est frappé par le nombre impressionnant de containers installés le long des artères principales. Ils sont partout, au cœur même de la ville, sur les avenues Maurice Mpolo et de la Poste qui mènent au port comme dans les quartiers populeux, notamment autour des ronds-points mouvementés. Les gens en font ce qu'ils veulent selon leurs besoins : petites maisons d'habitation, bureaux, débits de boisson, cabines téléphoniques, officines pharmaceutiques, restaurants, salons de coiffure, cybercafés et même postes de police…

Matadi, chef-lieu de la province du Bas-Congo, située à 360 km de la capitale, Kinshasa est bâtie sur de la pierre et des collines. Son nom signifie d'ailleurs "pierres" en kikongo. Son sol ne permet pas à tous surtout aux plus pauvres de se construire une maison ou un bâtiment en dur. On compte donc très peu de nouvelles constructions dans la ville même si avec l'extension de l'agglomération certains habitants se risquent à construire sur les versants des collines. A la portée de tous (100 à 300 $ pièce), les containers sont la seule solution économique pour se loger ou entreprendre une petite activité. Ils sont aussi faciles à trouver qu'à installer.

Fin 2007, des milliers de ces abris ont été vendus aux enchères aux habitants par l'Office congolais des douanes et accises (Ofida) pour désengorger les installations du port de Matadi. Le parc à containers du port en comptait alors plus de 7 000 pour une capacité de 3 500 unités…"Du coup, j'en ai acheté cinq, explique Bonat Baku, un jeune commerçant. Deux me servent de bureau et de dépôt de marchandises, les trois autres de boutiques."

Des aménagements à qui mieux mieux

Cette vente publique aux enchères a été une aubaine pour beaucoup de gens. Même des entreprises en ont tiré profit. L'Office congolais de contrôle (OCC) notamment, s'est dotée de bureaux containers installés à côté de la Minoterie de Matadi (Midema), qui abritent ses services oeuvrant au port. "Nous y travaillons à l'aise sans problème majeur, car tout y est…", raconte avec le sourire J. P. Malula, un agent.
Pourvus de portes et de fenêtres, ces abris sont aménagés selon l'usage qu'on en fait. Ceux qui font office de bureaux sont souvent climatisés. Certains sont par contre simplement couverts d'une double toiture, en tôle et en bois et qui protège bien contre la chaleur. D'autres sont munis des plafonds en planche. Responsable d'une boutique de ce type au rond-point 24/15, Cécile Lukombo estime que les containers "sauvent de nombreuses familles démunies qui disposent aujourd'hui d'un toit."
Avec sa petite famille, Marcel Batondele vit dans ce genre d'abri, dans des conditions très précaires. La chaleur y est suffocante en saison des pluies et il y fait froid en saison sèche. Il y a été contraint, dit-elle, par la crise du logement "qui a atteint son paroxysme à Matadi." Selon un agent de l'État-civil de Matadi, la population du chef-lieu de la province serait passée, en moins d'une année, de 400 000 à près de 500 000 habitants entre 2007 et juin 2008, aggravant ainsi la crise du logement.

Risques de maladies

Marié et père de deux enfants, J. N. habite aussi un container depuis deux ans, près de l'hôpital de l'Onatra, en ville basse. Il l'a bien aménagé et compartimenté en deux pièces : un petit salon et une chambre à coucher. La "maison" est aussi climatisée. Pour autant, "je n'y resterai pas longtemps", rassure-t-il, conscient des risques que lui et sa famille courent de vivre dans ce type d'habitat. Avec ses petites économies, il s'affaire à construire une vraie maison en dur dans la périphérie de la ville.

Selon Louis Tsasa Thubi Mabiala, médecin à l'hôpital de référence de Kikanda, chargé de l'hygiène, eau et assainissement, habiter des containers comporte des risques sérieux sous un climat où les températures varient de 21 à 38° selon les saisons. "Les familles qui y vivent sont exposées à diverses maladies comme l'asthme, la toux, les éruptions cutanées…", prévient-il. Il leur conseille de rester le plus de temps possible dehors pendant la journée.

Agent à la division provinciale de l'Urbanisme et Habitat, André Bunga estime que tous ces containers qui envahissent la ville ne posent pas vraiment de problème si "leur emplacement ne gène pas la circulation et ne salit pas l'environnement." Rien n'étant encore fait pour mettre un peu l'ordre, le maire de Matadi, Jean-Marc Nzeyidio Lukombo, n'est pas du tout satisfait de l'allure que prend sa ville et estime que ces containers, installés sans aucun respect des normes urbanistiques, "font perdre à la ville sa beauté.".



 
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Jean-Louis Kayitenkore
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