9/4/08

Hugo Chavez en Afrique du Sud
Le président vénézuélien entreprend une visite de deux jours

Le Venezuela et l'Afrique du Sud entendent renforcer leur coopération bilatérale et promouvoir celle entre l'Amérique Latine et l'Afrique. Le chef de l'Etat vénézuélien, Hugo Chavez, est en visite officielle depuis ce mardi en terre sud-africaine. L'occasion pour l'économiste Philippe Hugon, spécialiste de la géopolitique africaine, d'analyser les rapports entre pays africains et sud-africains.


mardi 2 septembre 2008, par Falila Gbadamassi


Hugo Chavez est en Afrique du Sud. Le président vénézuélien y entame une visite officielle de deux jours à compter de ce mardi. Qualifiée « d'historique », cette visite s'inscrit en prélude au sommet Afrique-Amérique Latine. Le chef de l'Etat sud-africain Thabo Mbeki et son homologue vénézuélien parleront donc de coopération Sud-Sud. Convoqué par les deux pays, la rencontre se tiendra au Venezuela du 24 au 29 novembre prochains. La première rencontre du genre s'était tenue en 2006 en Ethiopie. Les pays du Sud sont regroupés au sein du Mouvement des non-alignés [1] et du Groupe des 77 (G-77) [2] qui compte 132 pays dont la Chine. Si tous deux ont pour vocation de défendre les intérêts des pays du Sud dans les négociations internationales, l'action du premier était à l'origine plus politique qu'économique.

Afrique du Sud-Venezuela : un nouvel axe de coopération Sud-Sud ?

Le déplacement d'Hugo Chavez vise également à renforcer les relations bilatérales entre les deux Etats, notamment en matière d'énergie. L'Afrique du Sud, qui a connu récemment une crise énergétique majeure au point de freiner sa production minière, souhaite sécuriser ses approvisionnements en pétrole. Le Venezuela, qui dispose d'importantes réserves d'or noir, est, lui, intéressé par le savoir-faire sud-africain, notamment en matière de raffinage de pétrole. Les deux pays ont signé ce mardi un accord bilatéral dans le domaine de l'énergie.


ECLAIRAGE :
Entretien avec Philippe Hugon

Philippe Hugon est professeur émérite à l'Université de Nanterre et directeur de recherches à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris. L'auteur de Géopolitique de l'Afrique, publié aux éditions Armand Colin, fait le point des relations entre les pays africains et l'Amérique Latine.

Afrik.com : Que peut-on dire des relations entre l'Afrique et l'Amérique latine ?
Philippe Hugon :
Il n'y a pas énormément de liens entre l'Amérique Latine et l'Afrique. Cependant, des pays émergents comme le Brésil ou le Venezuela, grâce au pétrole pour ce dernier, développent leurs relations avec les pays africains. La preuve, Hugo Chavez est en visite officielle en Afrique du Sud. Par le passé, Cuba était très lié aux régimes communistes et anti-apartheid africains, notamment les ex-colonies portugaises du Mozambique et de l'Angola.

Afrik.com : Qu'attendent les pays africains de leurs partenaires sud-américains ?
Philippe Hugon :
Ils recherchent surtout des appuis dans les négociations commerciales internationales. Le Brésil, au sein du G77, s'est associé aux pays africains dans le cadre des négociations de l'Organisation mondiale du commerce à Doha sur le coton...

Afrik.com : On reste alors bien loin des motivations politiques, constituer une troisième voix contre l'impérialisme occidental, qui prévalaient au moment de la création du Mouvement des non-alignés ?
Philippe Hugon :
D'une certaine manière, le président vénézuélien s'inscrit dans cette perspective : constituer un contrepoids politique contre les Etats-Unis. Mais nous ne sommes plus dans une vision tiers-mondiste. Le monde est devenu multipolaire avec l'émergence de nouvelles puissances comme la Chine, le Brésil ou l'Inde. Il n'y a plus vraiment d'enjeu majeur sur le plan politique. Sauf peut-être pour l'Afrique du Sud qui espère obtenir le soutien du Venezuela pour sa candidature à un siège temporaire au Conseil de sécurité des Nations unies.

Afrik.com : Les relations entre les deux continents ne semblent donc pas avoir vocation à s'intensifier ?
Philippe Hugon :
Chavez a une priorité latino-américaine, pas une priorité africaine. Certes, le discours populiste du président vénézuélien pourrait faire écho auprès de certains dirigeants africains. Par exemple, Robert Mugabe au Zimbabwe. Le Brésil, quant à lui, va certainement continuer à développer ses relations économiques avec les pays africains. En 2002, les échanges commerciaux du Brésil avec le continent africain ont atteint 5 milliards de dollars. En 2005, ils sont passés à 11 milliards. Les liens qui existent en l'Afrique et le Brésil tiennent aussi à sa population d'Afrodescendants. Le Brésil entretient des relations économiques et politiques avec les pays lusophones africains. A l'exception de la Guinée Equatoriale et à la décharge du Venezuela, il n'y a pas d'Afrique hispanophone. Les liens passent aussi par la langue.

[1] Le Mouvement des non-alignés est né en 1961 à Belgrade, a l'instigation du président yougoslave Tito. Il consacre une troisième voie, pacifique, dans la guerre froide que se livrent alors les Etats-Unis et l'Union Soviétique. En 1964, lors de son sommet du Caire, le mouvement condamne fermement le colonialisme et l'impérialisme occidentaux, subis notamment par ses membres africains fraîchement indépendants. Au fil des années, les revendications de l'organisation sont devenues moins politiques et plus axées sur l'économie.

[2] Le groupe des 77 (G-77) a été établi le 15 juin 1964 par soixante-dix-sept pays en voie de développement, signataires "de la déclaration commune des soixante-dix-sept pays" publiée à la fin de la première session de la conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (UNCTAD) à Genève.






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