9/1/08

La "marche" de Barack Obama réconcilie les Noirs avec l'histoire du pays


A DENVER (COLORADO), ENVOYÉE SPÉCIALE

Comme si le symbole se suffisait à lui-même, Barack Obama n'a fait qu'une rapide référence, dans son discours devant la convention démocrate, au 45e anniversaire du discours de Martin Luther King sur une Amérique post-raciale. Il n'a pas parlé de "rêve" mais pour la plupart des spectateurs, il était clair qu'il était en train de l'accomplir.

"Historique". Le mot est devenu banal à force d'être employé à chaque étape de la campagne de Barack Obama, de sa victoire aux primaires de l'Iowa, un Etat rural blanc, à sa nomination comme candidat du parti, jeudi 28 août à Denver. Il va probablement l'accompagner dans la suite de son "improbable voyage" jusqu'à l'élection du 4 novembre. "Mais nous ne pouvons pas marcher seuls", a-t-il dit, en reprenant un appel du Dr. King.

La candidature de Barack Obama est historique à plus d'un titre. Il est le premier Noir - ou métis - à pouvoir prétendre à devenir le commandant en chef des armées, alors que son parti comptait il y a quarante ans des élus qui s'opposaient à la déségrégation de l'armée. Historique, parce qu'elle signale un changement dans la société. "Un changement dans la manière dont nous Américains nous voyons nous-mêmes", dit le professeur Mark Sawyer, directeur du centre d'études sur la race et la politique de l'université de Californie UCLA.

Barack Obama est porté par la réussite d'une classe moyenne noire dont l'ascension a été masquée par des phénomènes comme les inégalités devant l'ouragan Katrina ou devant la justice en Alabama. Le "Cosby Show", dans les années 1980, avait déjà signalé l'émergence de ces familles moyennes noires. Une nouvelle élite noire a aussi engendré des politiciens nés après les lois sur la ségrégation et pour qui la race "n'est pas l'axe de lecture principal" de compréhension du monde, comme dit le sénateur Peter Groff, le premier Africain-Américain président du Sénat dans le Colorado.

PARMI LES PÈRES FONDATEURS

Dans sa campagne, Barack Obama a navigué au plus près entre les images et les perceptions, présentant systématiquement sa famille "blanche", essayant de ne pas apparaître comme le "Noir en colère" qui fait partie des clichés (angry black) répandus depuis 200 ans par ceux qui craignent, à la suite de Thomas Jefferson, que les Noirs ne puissent pas s'intégrer en raison de leur ressentiment pour les traitements subis.

La convention avait pour objet de tenter de banaliser la famille Obama. Le premier soir, Michelle, l'épouse du candidat, a gommé toute la vivacité et la réflexion politique qu'elle avait montrées pendant les primaires. Elle a raconté leur histoire d'amour. "Une histoire d'amour africaine-américaine, on ne voit pas cela souvent à Hollywood", dit Mark Sawyer. Les références à la candidature "historique" de M. Obama, ont été gommées des discours des orateurs, soigneusement relus par l'entourage de M. Obama pour "déracialiser" la campagne.

Mais c'est aussi sur un plan plus large que la nomination de M. Obama est historique. Elle traduit une sorte de réconciliation des Noirs avec l'histoire du pays elle-même. Longtemps, la contribution des Noirs à la fondation du pays a été ignorée. "Les Africains-Américains sont souvent restés à l'extérieur, regardant à l'intérieur. Ils commencent à se penser comme faisant partie de l'histoire américaine", dit le professeur Sawyer. Barack Obama parvient à "intégrer le combat pour l'égalité dans le tissu de la narration américaine de sorte que Martin Luther King et ses compagnons deviennent des Pères fondateurs aux côtés de Jefferson ou Washington", ajoute-t-il. Il le fait dans le sens d'un "perfectionnement d'une Amérique plus inclusive".

La "marche" de Barack Obama est une longue quête historique. "Il nous a fallu 400 ans pour en arriver là", dit Peter Groff, le sénateur du Colorado.






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