9/5/08


 
 

Mon cher Servilien Sebasoni,
 
J'ai bien pris connaissance du contenu de ta réplique à mon point de vue du 10 juillet 2008 et je t'en remercie.  Par souci de ne pas être en même temps juge et partie, je ne ferai que reposter le texte assez ancien de mon opinion ainsi que ta réplique, afin que chaque  lecteur puisse se faire une idée.
 
Toutefois, je tiens à apporter les précisions suivantes:
 
1. Il aurait éventuellement été plus commode de ma part de parler de "manque de courage" au lieu de "lâcheté" dans le chef du FPR.  Mais, je t'avoue que jusqu'aujourd'hui je ne trouve pas de qualificatif exact pour décrire le choix délibéré du FPR de mettre au premier plan la mauvaise foi en lieu et place d'une politique juste et équitable  en matière de règlement de l'impasse rwandaise.
 
2. Tu sembles avoir apprécié le contenu du discours que j'ai tenu à Kigali, "capitale d'un Rwanda infréquentable" (tiens-tu à préciser) lors de la réunion organisée par l'Institut de Recherche et de dialogue pour la Paix ( et non Institut de Recherche pour le Développement et la Paix), IRDP, en dates du 17 et du 18 juillet ( et non des 7 et 8 août) 2008.  En effet, l'IRDP offre un cadre respectable et fréquentable de dialogue que, jusqu'à preuve du contraire, le régime du FPR est incapable d'offrir.  
 
3. Tu dis avoir relevé que je distinguerais "difficilement les massacres du génocide" ou carrément que j'aurais "une allergie au mot génocide"!  Je te préciserais tout simplement que je ne me suis jamais senti dans une quelconque compétition en matière de choix et d'utilisation des vocables et des mots pour qualifier le drame rwandais.
 
4. Tant mieux si tu affirmes que le FPR reconnaît que le conflit rwandais a été et demeure politique et non ethnique, et qu'il faut bien distinguer les intérêts du FPR de ceux des Tutsi.
 
5. Je n'ai nullement écrit que "les Tutsi s'acharnent" à...  J'ai dénoncé le fait que certains Hutu s'acharnent à...
 
6. Ton affirmation selon laquelle "les Hutu qui ont refusé le génocide, le FPR les a sauvés...; le FPR les a pris pour alliés..." est fausse.  Sendashonga Seth, Bizimungu Pasteur, Gatabazi Félicien, Gapyisi Emmanuel, Ntakirutinka Charles, Gakwandi, Cyiza, ... n'ont-ils pas refusé le génocide?
 
7. Tu me traîtes de "victime d'une solidarité ethnique blessée"!  Eh bien, tu as tort.  J'ai eu, j'ai et j'aurai toujours un sentiment naturel en faveur des opprimés de la société rwandaise, quelle que soit leur origine.  Si ces opprimés sont hutu, comme moi, je n'ai aucune honte à garder la même indignation.
 
En guise de rappel, je poste mon point de vue du 10 juillet 2008 ainsi que ta réplique d'hier:
 

Le coût de la lâcheté politique et du mensonge de l'Etat FPR

 

Nul ne doute que le Rwanda de l'après génocide essaie de se développer, à tous les niveaux.  Malgré les obstacles structurels dont certains sont, d'apparence, même insurmontables : les dégâts humains et matériels occasionnés par la guerre et les crimes, la pauvreté, l'insuffisance tant quantitative que qualitative de la solidarité internationale, etc…

 

Certains explosent d'enthousiasme.  Ils sont tellement persuadés de l'allure remarquable des performances du nouveau Rwanda qu'ils s'indignent de l'ingratitude, l'incompréhension, le manque d'information, ou même la mauvaise foi qui, à leurs yeux, caractérisent ceux, nombreux parmi la diaspora rwandaise, qui doutent de la durabilité des acquis concrets du progrès intérieur.

 

Mon objectif n'est pas de dire si oui ou non le Rwanda avance.  De toutes les façons, il ne pourrait reculer ou descendre plus bas que le niveau d'avril - juillet 1994.  Je fais uniquement le constat d'une défaillance visiblement volontaire et calculée et qui, de toute évidence, à brève échéance, risque de réduire à néant tous les autres efforts consentis. 

 

Depuis quatorze ans, les tenants du pouvoir n'ont pas eu le courage de reconnaître le caractère absolument politique des crimes qui ont endeuillés notre société, spécialement à partir d'avril 1994.  Que ce soit le génocide des Tutsi, que ce soient les crimes à caractère politique, que ce soient aussi les autres innombrables crimes contre l'humanité commis contre la population, à l'intérieur du Rwanda.  Je me permets sciemment, et sans aucune tendance à minimiser leur importance, de ne pas parler des crimes dont ont été l'objet les ressortissants étrangers au Rwanda, ainsi que ceux qui ont été commis en dehors de nos frontières, plus précisément au Congo, contre la population rwandaise et contre le peuple congolais.

 

L'importance de ne pas brouiller le contexte des crimes

 

Il n'est pas du tout superflu de souligner que le génocide des Tutsi a été commis dans un contexte précis.  Ce crime n'a, en effet, pas été le fait d'une agression spontanée et isolée de familles tutsi par leurs voisins hutu.  C'a été un crime d'Etat qui a résulté de la dégénération d'un conflit armé de lutte pour le pouvoir entre le régime d'alors et le FPR.  Ce conflit a dégénéré en une propagande ethnique, orchestrée contre les Tutsi et les complices supposés du FPR par ceux qui ont choisi d'en faire une arme de lutte pour protéger leur pouvoir.

 

De plus, la lourdeur du bilan en terme de nombre des victimes a résulté de la durée des massacres.  Trois mois ; le temps qui a été nécessaire à la conquête du pouvoir par le FPR.  Ce dernier a clairement démontré son hostilité à l'encontre d'une quelconque intervention qui aurait visé l'arrêt des massacres.  Le FPR arguait que « le génocide était consommé (déjà à la mi-avril 1994), qu'il n'y avait plus rien à sauver, et qu'il se chargerait lui-même de l'arrêter pour éviter qu'aucune intervention ne serve de prétexte à quiconque voudrait lui voler la victoire ». 

 

Il importe donc de circonscrire correctement les contours du drame rwandais, et de souligner le caractère capital de l'élément politique (conflit pour le pouvoir) afin d'éviter de mettre indûment la responsabilité sur le dos du peuple.  L'on peut, en effet, constater que cela devient assez pour celui-ci (le peuple) de payer les frais d'une criminalité étatique dans laquelle il n'a été que la victime et l'instrument.  Assumer le caractère politique des crimes aurait également permis de ne pas mentir aux rescapés tutsi, en leur promettant, même implicitement, que la solution à leurs chagrin et misère proviendrait d'une vengeance aveugle et sans limites à l'encontre de leurs voisins hutu.

 

Le flou artistique entretenu par le pouvoir FPR

 

 

Cela fait quatorze ans que le peuple rwandais et la communauté internationale se trouvent à la merci d'une manipulation lourde de conséquences.  Le pouvoir rwandais estime que le nombre des coupables du génocide s'élève à plus d'un million de Hutu et que 96 % de la population sont porteurs de l'idéologie génocidaire.  Ce même pouvoir présente les juridictions gacaca comme un remède miracle, tiré de la tradition rwandaise, pour traiter le mal rwandais défini, a priori, comme ayant été une agression populaire des Tutsi par les Hutu.  

 

Sur cet aspect particulier du caractère « populaire » des massacres, le régime du FPR tient exactement le même raisonnement que les défenseurs des thèses qui ont conduit au génocide des Tutsi.  Ces derniers s'acharnent aussi à justifier que c'est « le peuple » hutu qui, pour protéger sa sécurité et ses intérêts, a décidé spontanément de se livrer au massacre des Tutsi et des autres complices du FPR.

 

Ainsi donc, l'on assiste à un double mensonge savamment orchestré par ceux qui, en réalité, ne sont guidés que par le réflexe primitif d'échapper à leurs responsabilités respectives.  D'un côté, le FPR nie en bloc tous les éléments qui démontrent l'intérêt qu'il a éprouvé à ce qu'un génocide soit commis contre les Tutsi, pour qu'il puisse en faire une arme politique.  Tout comme le FPR espère camoufler indéfiniment les preuves, pourtant flagrantes, des crimes à caractère ethnique qu'il a commis contre les Hutu tout au long de sa conquête du pouvoir, après et jusqu'aujourd'hui.  De l'autre côté, les défenseurs entêtés du régime qui a orchestré ce génocide expliquent qu'il n'y a pas eu de génocide au Rwanda, si ce n'est celui commis par le FPR contre les Hutu.

 

Ce qui aurait dû être fait

 

Un fait est que les Rwandais demeurent incapables de se comprendre sur un minimum commun, parlant des  crimes et des mesures en matière de justice et de réhabilitation de la société.  Il persiste une impasse sur ce sujet, quoi qu'en disent les chantres des acquis du développement actuel.  Pour apporter réellement un solution au contentieux rwandais, il aurait fallu (et il est peut-être encore temps) :

 

1.     Reconnaître sans ambiguïté que le génocide des Tutsi a été avant tout un fait politique, dont la responsabilité incombe aux principaux incitateurs et exécutants des massacres ;

2.     Isoler les coupables de ce génocide, en se gardant surtout de globaliser la responsabilité et de laisser planer la menace de culpabilité sur tant de témoins innocents qui ne demandent qu'à être mis à contribution dans la recherche de la vérité ;

3.     Assumer que pour la réhabilitation de la société, une justice-exemple (modèle) est nécessaire.  Tandis que la chasse à l'homme - paysan constitue ni plus ni moins un dérapage et un défoulement de la part de quiconque détenteur du pouvoir à l'issue d'un conflit armé exploite sa position dominante pour pénaliser le peuple afin d'échapper lui-même à sa part de responsabilité;

4.     Avoir le courage de demander pardon pour ses (FPR) propres responsabilités et d'expliquer clairement aux rescapés du génocide et des massacres que compte tenu de la nature politique des responsabilités, il n'est pas question de s'attendre à ce que le bas peuple soit abusé une nième  fois en lui faisant payer les frais des crimes qu'il a subi et n'a nullement souhaité ;

5.     Isoler ceux au sein du FPR qui se sont rendus coupables de la participation à la campagne de massacres à caractère ethnique et massif, en évitant surtout de confondre les intérêts de ces coupables avec ceux des rescapés tutsi ;

6.     Œuvrer sans équivoque à l'instauration du respect rigoureux des valeurs d'unité nationale, d'équité, de solidarité envers tous les nécessiteux, sans discrimination, et de protection de la sécurité de tous les citoyens rwandais ;

7.     Se garder d'afficher l'opulence arrogante d'une poignée de nouveaux riches dans une société où les veufs, les orphelins et le peuple en général font face à une misère socio-économique indescriptible.

 

En définitive, il est de bonne guerre de chanter les hauts faits et les réalisations positives d'une société éprouvée.  Mais, il est également suicidaire, à mon avis, de foncer les yeux fermés dans un programme de développement anarchique tout  en se gardant soigneusement de définir les orientations d'une justice résolument réparatrice.  Il ne sert à rien de mentir aux rescapés tutsi du génocide, notamment en leur promettant un Rwanda où les Hutu ne seraient que des citoyens coupables à jamais, de délits qu'ils n'ont pas initié en tant que groupe ethnique.

 

Ndahimana Joseph  

 

 

 

REPLIQUE

A JOSEPH NDAHIMANA

ET A QUELQUES AUTRES.

 

Kigali, juillet 2008

 

 

   « Lâcheté politique » et « mensonge » ne conviennent pas du tout pour caractériser le Front Patriotique Rwandais (FPR). Tous les gens  sensés vous le diront. Que ce soit à l'intérieur du pays, que ce soit dans les relations internationales, le FPR dit ce qu'il fait et fait ce qu'il dit ; il ose même faire ce que d'autres n'oseraient envisager.

   Le titre du dernier libelle de Joseph Ndahimana contre le FPR[1] est manifestement trop gros sinon trop grossier pour être pris au sérieux.On le dirait destiné à dédouaner l'auteur auprès de la diaspora issue du génocide qui ne consomme que ce genre de provocation inutile et émoussée.                                                                

   Et pourtant, à entendre le discours tenu à Kigali ( capitale d'un Rwanda infréquentable, n'est-ce pas ?) sur invitation de l'IRDP (Institut de recherche pour le développement et la paix) du 7 au 8 août '08, on ne dirait pas que le « cher docteur » est un homme irréfléchi ou intellectuellement démuni.

 

                                           *    *

                                              *

POLITIQUE ET ETHNIE.

 

   1. Joseph Ndahimana prétend que « depuis quatorze ans, les tenants du pouvoir (au Rwanda) n'ont pas eu le courage de reconnaître le caractère absolument politique des crimes qui ont endeuillé notre société, spéciale -ment à partir d'avril 1994 ». Ceci est absolument faux.                                  

 

   Depuis ses origines, bien avant 1994, le FPR a toujours pensé et dit que le conflit rwandais est un conflit politique, que  le génocide des Tutsis est un acte issu d'une mauvaise politique d'un mauvais leadership, que le génocide fut un acte prémédité et voulu  et nullement une « réaction ethnique spontanée»  A moins que Ndahimana ne suive les traces de tel ou tel  accroc  de l'ethnie  qui  confond « politique » et « ethnique ».

 

2.     Pour Joseph Ndahimana, «  la durée des massacres » ( qu'il distingue

difficilement du génocide) a été de « trois mois ; le temps qui a été nécessaire à la conquête  du pouvoir par le FPR ». Ayant trop bien assimilé les accusations du juge Bruguière et cie, Joseph Ndahimana pense, comme lui,  que le génocide des Tutsis a été le fruit d'un calcul politique du FPR !                                                                    

 

   Joseph Ndahimana reprend à son compte l'autre accusation ignoble selon laquelle le FPR, s'il n'avait pas fait trainer sa guerre en longueur, exprès, les victimes du génocide auraient été moins nombreuses.

 

   Joseph Ndahimana et ses amis oublient que le FPR avait deux tâches : vaincre les Forces Armées Rwandaises (FAR) et arrêter le génocide. Les FAR avaient également deux tâches : combattre le FPR et terminer le génocide. Mais les FAR avaient, pour les aider dans ces deux tâches, de nombreux supplétifs : milices interahamwe et population fanatisée.

 

   Les FAR ont été vaincues parce que, entre autres raisons, elles menaient en même temps la guerre et le génocide. Pour le FPR la meilleure chance d'arrêter le génocide était de commencer par gagner la guerre.

 

   Joseph Ndahimana a participé à une discussion qui a tenu longtemps en haleine les « forumistes » de la diaspora issue du génocide. Il s'agissait de savoir si oui ou non le FPR avait arrêté le génocide. Pour l'opinion générale, le FPR, et lui seul, a arrêté le génocide, même si les séquelles du génocide demeurent au moins sous deux formes : le sida, inoculé par  le viol systématique,  continue à tuer et  l'idéologie du génocide s'acharne sur les rescapés. Si on l'entend dans ce sens cynique, oui hélas!, le FPR n'a pas arrêté complètement le génocide. 

 

   L'inénarrable Neretse arrive à la même conclusion que Joseph Ndahimana par des voies différentes : en fournissant au FPR des alibis solides sur les lieux du génocide. «  Le FPR, dit-il en substance, n'a pas arrêté le génocide, puisque,  à son arrivée, nous avions terminé le boulot » (musabyimana.be). Emmanuel Neretse, si je ne me trompe, est un ex-FAR en chômage technique.

 

FPR = TUTSIS ?

 

3.      Le FPR n'a jamais confondu FPR et Tutsis ; il a toujours dit et écrit le

Contraire[2] , quoi qu'en disent ceux qui viennent de le découvrir, comme le professeur  Reyntjens dans la leçon  qu'il administrait naguère à Bernard Kouchner lors de sa dernière visite à Kigali. Bien entendu, le Partenariat dit Intwari s'est hâté de s'en faire l'écho.                                                                            

 

   Filip Reyntjens reprochait à Bernard Kouchner de « tomber dans le vieux piège qu veut que FPR = Tutsis ». Or, continuait-il, « ce n'est pas Kagame ni le FPR qui ont été victimes du génocide, mais les Tutsi de l'intérieur » (DHR 31.1.08). Propos inconscients, en réalité ! Car, toujours soucieux d'opposer les Rwandais[3] et de créer entre eux  des « segments » pour sa « démocratie segmentaire »[4], FR ne s'avise pas que si FPR n'égale pas Tutsis, d'une part, il y a des Tutsis au sein du FPR et, d'autre part, ces Tutsis, y compris Paul Kagame, avaient une partie de leurs familles qui a péri dans un Rwanda ravagé par le génocide.                                                         

   Lors d'une rencontre à Mulindi, Paul Kagame le rappelait à Roméo Dallaire :  « Tous les soldats qui sont sous mon commandement ainsi que moi-même avons tous perdu des membres de nos familles ». ( Voir Dallaire, loc. cit. p.432) 

 

Non, le FPR ne se confond pas avec les Tutsis.                                                                                     

 

   Le FPR est un mouvement politique qui a pris sur lui, entre autres problèmes du Rwanda,  la cause des Tutsis : ceux de l'intérieur privés d'égalité démocratique, ceux de l'extérieur privés de leur patrie.. Le FPR a articulé de son mieux la revendication des Tutsis pour en chercher les solutions. Le FPR ferait de même  pour quiconque serait dans la même situation. Chose impensable pour qui ne connaît que les solidarités ethniques.

 

 

 

LE FPR A-T-IL  REFUSE TOUTE INTERVENTION POUR ARRETER LE GENOCIDE ?.

 

  4. Non ! Joseph Ndahimana reproche, à tort, au FPR son « hostilité à l'encontre d'une quelconque intervention qui aurait visé l'arrêt des massacres » (toujours l'allergie au mot « génocide »). Cela est faux à tous égards. Primo, le FPR a accepté le déploiement de la Mission des Nations Unies au Rwanda (Minuar), qui devait prévenir « les massacres ». Secundo, le FPR a refusé toute intervention quand il avait été prouvé qu'elle était inutile et, à la longue, nuisible.

 

   Si la Minuar avait fait son devoir, il n'y aurait pas eu de génocide. C'est ce que pensaient les milliers de Tutsis qui ont estimé inutile de se réfugier dans les pays voisins croyant que, l'ONU étant là,  rien ne pouvait leur arriver. Mal leur en prit.               

 

   Lorsque ce que l'ONU devait empêcher était là, la Minuar l'observa sans réagir et déguerpit ensuite honteusement. Rappelez-vous l'ETO ( Ecole Technique Officielle ) dans la banlieue de Kigali ; rappelez-vous les soldats de l'ONU se précipitant sur les avions  venus les évacuer pendant que ceux qui allaient être massacrés les suppliaient de rester avec eux et de les protéger.                                                            

 

   Les génocidaires d'ailleurs pensaient également que l'intervention efficace de l'ONU était improbable, et qu'il suffisait d'en tuer quelques-uns pour faire déguerpir le reste.             

 

      Les dirigeants de la Minuar ont avoué leur échec.[5] A l'exception de Luc Marchal, ancien commandant du secteur Kigali, qui met un zèle pathétique  à se laver de cette ignominie.  On pourrait lui retourner, sans changer un iota, son interrogation : «  Jusque à quand (sic) va-t-on tolérer que d'aucuns s'arrogent le droit de faire la leçon au monde entier alors que tout démontre…qu'ils sont ..les principaux responsables de cet holocauste qui jette le discrédit sur l'ensemble de l'humanité ? » [6] .  

                                                                        

   Le 20.4. 94, le SG de l'ONU a proposé au Conseil de Sécurité (CS) trois options : 1. renforcement de la Minuar, 2. réduction de la Minuar à une force symbolique ou 3. retrait total. Le CS, à l'unanimité (résolution 912), a adopté la réduction de la Minuar à une force symbolique de 270 unités. Le FPR n'a pas été consulté. Au CS , enfin, le 17 mai 94, sera votée une Minuar 2. Si elle n'a jamais eu ni hommes ni matériel, comme le souhaitait Dallaire, le FPR n'y a été pour rien.

 

   Quand la France a voulu intervenir au secours des FAR, ses alliées, le CS lui a donné  le feu vert malgré le FPR, qui ne pouvait pas empêcher l'intervention d'une grande puissance, membre fondateur et permanent du Conseil de Sécurité..                                                                             

 

   Enfin, regardez le Congo. L'ONU s'y trouve depuis 1960 et n'arrête pas de prolonger sa présence. Si l'ONU était revenue au Rwanda après sa  débandade d'avril 94,  il est fort probable qu'elle y serait encore aujourd'hui. Regardez le TPIR ( Tribunal pénal international pour le Rwanda) à Arusha.                        

L'ONU  a toujours tendance à s'incruster.

  

   Le FPR a refusé toute intervention, non par peur de se faire voler la victoire, mais parce que l'expérience était là que toute intervention aurait tout au plus  fait pourrir la situation

  

    Les conseillers de Mitterrand  avaient déjà dessiné un Hutuland et un Tutsiland destinés à s'affronter longtemps à la manière de ce que nous voyons au Proche-Orient entre Israël et la Palestine. [7]

  

   Quand  la France a pu intervenir et créer la zone Turquoise, en faisant pression sur un CS dont elle est membre fondateur et membre permanent, ce fut pour perpétrer  l' « inavouable » [8]

 

  . Constatant la faiblesse de son allié, la France aurait d'ailleurs envisagé plusieurs partitions du Rwanda : 1. en 1992 déjà,un Hutuland à l'Ouest de la crête Congo-Nil. ; 2. en mai 1994, la version Quesnot et 3. en juin de la même année 94 la Zone Turquoise

 

   La France serait sans doute parvenue à nous léguer ce monstre de la partition du Rwanda, s'il n'y avait pas eu, à Paris, une cohabitation peu harmonieuse. et, au Rwanda, la détermination du FPR.

 

« DES MONSTRES QUI DORMENT ».  

 

   5. La France n'a d'ailleurs pas abandonné les « Monstres qui dorment » à

l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) sous l'appellation flatteuse de « Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda » (FDLR);. ( cf « Sleeping Monsters ». Reportage Arte/Allemagne sur les FDLR, en 2007).                                                                 

   Disons, en passant, que ce reportage, dont le scenario fut refusé par ARTE/France, sert à l' « éducation africaine »  des jeunes diplomates allemands, qu'il a été montré dans plusieurs forums en Allemagne et en France, qu'il est passé à la TV (Arte destiné à quelques pays) et même dans un festival à Kigali.

    La thèse du reportage est que, au sein des FDLR, il n'y a plus guère de génocidaires ; que la majorité des FDLR est aujourd'hui constituée de jeunes enfants à l'innocence candide, nés après le génocide et hors du Rwanda ; que donc le non-retour des FDLR au Rwanda est dû à l'intransigeance du gouvernement de Kigali.

   Un reportage du Guardian est venu réduire à néant cet angélisme ( Chris McGreal. "We have to kill Tutsis wherever they are", May 16 2008). Un résumé effrayant de  « l'éducation sentimentale » des jeunes «  libérateurs démocratiques » du  Rwanda. Il faudrait le faire lire au député belgo-européen, Alain Hutchinson et au ministre belge des affaires étrangères, Karel De Gucht. S'il faut en croire les journalistes qui les accompagnaient, ces deux messieurs auraient quelque tendresse pour « les monstres qui dorment ».

 

NDAHIMANA DEFENSEUR DU PEUPLE.

 

   6. Joseph Ndahimana s'apitoie sur un peuple obligé de « payer les frais d'une criminalité étatique dans laquelle il n'a été que « la victime et l'instrument ». Passons sur le fait qu'il ne va pas jusqu'à nous dire clairement de quel Etat criminel  il parle. La tonalité générale du texte ne laisse aucun doute.                   

   Mais ce « peuple », « victime et instrument », était composé d'adultes et tout adulte est responsable de ses actes ! D'ailleurs certains au sein de ce « peuple » ont pris leurs responsabilités et refusé de participer au génocide au risque de leur vie !. Quant à ceux qui ont choisi le génocide, on a souligné chez eux une allégresse au « travail » supérieure aux quelques repentirs d'aujourd'hui..                                                                                 

  

   7. Il est absurde d'écrire ou de penser que le FPR a tellement fait peur aux Hutus qu'ils n'ont pu rien faire d'autre qu' exterminer  les Tutsis.  Cela dénote un mépris des Hutus dont on trouve déjà la trace, il est vrai, à la fin du 19 ème siècle lorsque les nouveaux conquérants du Rwanda écrivaient que les Hutus se laissent facilement mener par le bout du nez.                                                                                   

   Les défenseurs des Hutus  ne sont pas toujours leurs amis  ; ils tiennent aux Hutus parce que les Hutus leur servent de boucliers pour dissimuler un ignoble racisme. Dès les débuts de la colonisation, comme dans les années 50-60, certains  préconisaient  de se servir des uns pour se débarrasser des autres : le vieux principe du « diviser pour régner » [9].

 

« VENGEANCE AVEUGLE ET SANS LIMITES » ?

 

   8. Le FPR n'a jamais promis, même implicitement, aux rescapés du génocide que « la solution à leur chagrin et misère proviendrait d'une vengeance aveugle et sans limites à l'encontre de leurs voisins hutu ». Il appartient à l'auteur d'un tel mensonge et d'une telle calomnie d'en apporter la  preuve, acte concret ou parole prononcée.

 

   Ce n'est pas le FPR, mais des « experts » occidentaux qui ont dit et écrit que, après le génocide, les Hutus et les Tutsis ne pourraient pas vivre ensemble et qu'il y aurait des vengeances qui ensanglanteraient tout le pays. Ce n'est pas le FPR, mais un expert occidental, qui a dit qu'il ne fallait pas mettre en prison les génocidaires pris en flagrant délit ; il fallait, disait-il,   les massacrer sur place pour qu'ils ne puissent pas constituer, en prison, une bombe à retardement.                                          

   Le FPR a toujours prêché la coexistence harmonieuse de tous les citoyens rwandais. C'est sa profonde conviction.  Par malice ou par ignorance  Joseph Ndahimana accuse le FPR  de ses fantasmagories.

   Le FPR n'a pas pour « priorité no 1 » ( comme on lit sous la plume d'un certain Fortunatus Rudakemwa, un prêtre catholique qui se répand dans les milieux du Vatican en semant le mensonge et le poison)  de « régler leurs comptes aux Bahutu » (musabyimana.be ; 9.12.07). .                                                                   

  

GACACA : NI « REMEDE MIRACLE » NI ARME D'EXTERMINATION.

 

   9. Gacaca n'est pas, hélas !  un « remède miracle.. pour traiter le mal rwandais ».  Le FPR ne l'a jamais pensé,  ne l'a jamais dit, ne l'a jamais écrit. Mais Gacaca est un remède humain ; c'est un processus de justice qui ne cherche pas seulement à punir mais aussi  à réconcilier. Joseph Ndahimana  plaque sur le FPR ses propres fantasmagories.                                                                          

   Car le FPR n'a jamais défini « le mal rwandais », comme le pretend Joseph Ndahimana, ni « a priori » ni « comme  ayant été une agression populaire des Tutsis par les Hutu ». Une telle accusation mériterait au moins un début de preuve.                                           

  

   Le FPR a défini « le mal rwandais » a posterori, après l'avoir observé et la justice gacaca ne vise pas « les Hutu » mais « certains Hutu » déjà identifiés ou encore à identifier comme auteurs du génocide des Tutsis.                                

   Les Hutus qui ont refusé le génocide, le FPR les a sauvés et mis à l'abri durant les hostilités ; le FPR les a pris  pour alliés et les a honorés une fois la paix revenue. A supposer même qu'ils soient aujourd'hui des « Hutus de service », (comme le clament des ténors à la mode comme Paul Rusesabagina), ils seraient, en tous les cas, mieux ainsi que dans leurs tombes, massacrés par les génocidaires au nom d'une solidarité dévoyée..

 

«  LES RWANDAIS DEMEURENT INCAPABLES DE SE COMPRENDRE SUR UN MINIMUM COMMUN », selon Ndahimana.

 

   10. Il est faux de dire que les Tutsi « s'acharnent  à justifier que c'est « le peuple » hutu   qui, pour protéger sa sécurité et ses intérêts, a décidé spontanément de se livrer au massacre des Tutsi et des autres complices (sic) du FPR ». La protection de leurs intérêts et même de leur vie était le moyen de ralliement du régime, notamment en Octobre 1990, lors de l'attaque du FPR-Inkotanyi. « C'est EUX ou NOUS », disait Habyarmana à ses administrés !                                                                                                               

   Ce n'est pas la seule fois que, dans l'esprit de Joseph Ndahimana, se télescopent les acteurs de l'histoire récente du Rwanda. Notons en passant que Joseph Ndahimana, qui interdit la globalisation, globalise. Est-ce inconsciemment ? «  Les Tutsis s'acharnent », écrit-il !                                                      

   D'autre part, Joseph Ndahimana  connaît certainement ceux qui disent  cela et l'écrivent ; peut-être les fréquente-t-il  de si près qu'il finit par ne pas les voir. Ce ne sont pas les membres du FPR ni, que je sache, les Tutsis. Ce sont sur ces sites même des « Noirs furieux  » et des « Blancs menteurs ».                                                                             

 

   A plusieurs reprises, le FPR a clairement accusé les leaders d'antan qui ont cherché à persuader le « peuple hutu » qu'à lui seul appartenait le Rwanda et que quiconque prétend le contraire doit être considéré comme un ennemi à abattre. Il fallait s'attendre à ce que , parmi le bon « peuple », il y en ait qui se montrent dociles à leurs « libérateurs ».

  

   11. Joseph Ndahimana  revient sur les « crimes commis contre les Hutu » qu'il attribue au FPR « tout au long de sa conquête du pouvoir, après et jusqu'aujourd'hui » et les appelle cette fois des « crimes à caractère ethnique ».  J'avais cru qu'on était d'accord sur le caractère politique du conflit rwandais. Il est vrai que, selon l'auteur, « les Rwandais demeurent incapables de se comprendre sur un minimum commun ». Chose que je déplore, mais qui ne me fait  pas désespérer de l'avenir.( cf SMS. Mémoires antagonistes et réconciliation des Rwandais, www.rpfinkotanyi.co.rw).

 

CHANTAGE AU GENOCIDE.                                                                            

 

   12. Ndahimana  ramène encore une fois la fantasmagorie ambiante en  parlant de « l'intérêt qu'il (le FPR) a éprouvé à ce qu'un génocide soit commis contre les Tutsis, pour qu'il (le FPR) puisse en faire une arme politique ». Il n'est pas le seul qu'aveugle la haine du FPR.                                                                                                                              

 

   Le génocide pour le pouvoir ! Une de ces thèses iniques, qui revient en réalité à nier le génocide des Tutsis  en en rejetant la responsabilité sur les Tutsis eux-mêmes. Il n'y aurait pas eu génocide ; il y aurait  eu suicide des Tutsis !

   Cela vient de loin en droite ligne de Grégoire Kayibanda (mars 1964) et du Parmehutu. Cela fait fureur en France : Bruguière, Péan, Guichaoua, pour ne citer que quelques « enfants non désirés » d'un certain Joshua Ruzibiza..

  

   Ceux qui tiennent de telles considérations savent bien pourtant que, avant le génocide ( qu'ils font commencer au crash de l'avion de Habyarimana, le 6 avril 1994) , le FPR s'était montré bien armé à tous égards, ayant fait succéder des victoires aux victoires autant sur le terrain militaire que sur le terrain politique.                    

   Il  serait plus exact de  penser que ce sont ceux qui avaient toujours pris les Tutsis en otage et les massacraient quand il y avait péril en la demeure, qui avaient besoin de passer au génocide pour obtenir la négociation avec ceux qui allaient les vaincre.                                                   

 

   Un jour de mai 94, Roméo Dallaire alla voir Paul Kagame à Byumba pour lui faire « part de (ses) inquiétudes….à propos du sort des Tutsis et des Hutus modérés bloqués à l'Hôtel des Mille Collines. Bizimungu (le chef d'état-major de l'AGR ( armée gouvernementale rwandaise) avait menacé de les tuer si le FPR n'arrêtait pas de bombarder les positions de l'AGR à l'intérieur de la ville » . «  Ils continuent d'utiliser leur éternel chantage, mais ça ne fonctionne plus », a souligné Paul Kagame. Voilà pour le chantage !

   « Ensuite, continue Roméo Dallaire, je lui ai expliqué le concept de la nouvelle Minuar. Il a écouté attentivement… Sa réponse m'a stupéfié. « Aucune objection, m'a-t-il dit. Je suggère tout simplement que ces renforts soient suffisamment importants et prêts à se battre ». Il s'est levé rapidement, m'a serré les mains et a pris congé ». Voilà pour l'intervention.    

( R. Dallaire, ibid. p. 451)

 

   Non vraiment ! Le FPR n'avait pas besoin de l'arme ignoble qu'est le génocide. Seules les FAR avaient besoin de brandir le chantage odieux du génocide des Tutsis pour obtenir la négociation. Elles l'ont d'ailleurs souvent brandi, parfois par allié interposé, comme ce conseiller de Mitterrand qui disait à Paul Kagame que si le FPR ne renonçait pas à la guerre, il trouverait tous les Tutsis assassinés.                                                                                

   Dès mars 1964, comme nous l'avons déjà rappelé, Grégoire Kayibanda, le premier président de la république ethniste et le fondateur du Parmehutu,  avait recouru au même chantage.Toute menace sur Kigali, disait-il, serait   suivie de l'extermination des Tutsis[10]. La « cueillette » des complices (ibyitso)  par Habyarimana, en octobre 1990, en était un début d'exécution.

 

   Filip Reyntjens, pour rester dans la même « petite famille  (ou akazu »), pratique un chantage analogue par les voies plus subtiles de la « prophétie auto-réalisatrice ». « Si le Rwanda, dit-il en substance, n'aligne pas le pouvoir politique  sur les « ethnies », il y aura bientôt, au Rwanda, un autre génocide »[11].  Et les suiveurs d'applaudir et d'y voir un appel à la guerre et une justification.                                                                                                       

   On  entend déjà  le cliquetis des armes du côté du Partenariat- Intwari et le général-président  (pas Juvénal, mais l'autre Habyarimana, Emmanuel, président du Partenariat-Intwari) de nous annoncer « une entité nationale de défense du peuple » dénommée « Imanzi z'uRwanda », une nouvelle ALIR (armée de libération du Rwanda) en quelque sorte, et de prendre son bâton de pélerin et de se rendre en RDC pour être déjà plus près des lieux.[12]

 

« LE DEVELOPPEMENT AU RWANDA, MIRACLE OU MIRAGE ? »

 

   13. Quant aux « chantres des acquis du développement actuel » au Rwanda, on peut assurer Joseph Ndahimana qu'ils ne le font pas sur commande. Ni Stephen Kinzer, «  Reinventing Rwanda » ( dans Los Angeles Times du 22 juin 2008) ; un Stephen Kinzer, par ailleurs, très critique à l'égard de Paul Kagame dans son livre [13] . Ni  Marc Gunther , « Why CEOS (Chief Executive Officers) love Rwanda », (Fortune, april 3, 2007); ni Alex Perry, « Seeds of Change in Rwanda »,(Time, sept 26, 2007); un numéro de "Time Magazine" qui "célèbre la success story rwandaise".. Etc, etc. Sans compter les prix d'excellence accumulés par le Rwanda et son Président!.                                                              

 

   Il s'agit même parfois d'adversaires professionnels  du Rwanda actuel. Pensez donc ! Qui aurait cru qu'on puisse lire un jour sous la plume de Filip Reyntjens, même mêlé au venin de la malveillance habituelle, que «  la gouvernance technocratique / bureaucratique est relativement bonne au Rwanda, du moins si l'on compare avec la plupart des pays d'Afrique » ?   (loc.cit.p.26). Il est vrai qu'on l'avait déjà lu chez Colette Braeckman. Dans un de ses livres, au milieu de considérations tantôt soupçonneuses, tantôt carrément accusatrices, on trouve  (p.214) un «…  Rwanda d'après le génocide, qui a plus progressé en moins de dix ans que ses voisins en quatre décennies d'indépendance ».[14]                                  

  

   Joseph Ndahimana préfère  s'aligner sur la diaspora post-génocidaire qui  trouve fâcheux que le Rwanda connaisse « des acquis du développement ». Comme cet ancien de l'Université Nationale du Rwanda (UNR),  Emmanuel Hakizimana, professeur au Canada, qui trouve que le développement au Rwanda est un mirage (Le Devoir du 11.4.08).                                                                                  

  

   Lui, si averti, Joseph Ndahimana devrait  se souvenir que, très tôt après le génocide, un représentant de l'ONU au Burundi, observateur au-dessus de tout soupçon, le Mauritanien Ahmedou Ould-Abdallah, disait à Stephen Smith, alors anti-FPR de haut vol, que si ce qui s'était produit au Rwanda s'était produit ailleurs qu'en Afrique on aurait crié au miracle !  [15]                                                                                                                                           

   C'etait à une époque où les admirateurs du FPR et du Rwanda nouveau n'osaient le dire qu'entre quat'-z-yeux. Ils osent aujourd'hui dire et écrire les choses ouvertement. Malgré les efforts énormes pour nier le génocide ou en rejeter la responsabilité sur les victimes[16].Cela risque de faire mal à bien d'autres qu'à Joseph Ndahimana.. 

  

   Il faudrait cependant ne pas oublier que, chose impensable pour certains,  mal sevrés de dépendance, le Rwanda attache plus d'importance à l'opinion et à la satisfaction du peuple rwandais

 

ORDONNANCE DU DR J. NDAHIMANA

 

   14. Le Dr Joseph Ndahimana  ne désespère cependant pas du peuple rwandais (« il est peut-être encore temps ») et lui prescrit une longue ordonnance en 7 points « pour apporter réellement une solution au contentieux rwandais ». Toutefois le guérisseur ne se départit pas tout à fait de son scepticisme : il fait précéder l'énumération par « il aurait fallu » et non « il faut » ;  il est vrai que cela est tempéré par un discret « il est peut-être encore temps ».  «  Peut-être » !

 

   Enumérons en résumant . 1. Le génocide des Tutsi fut un fait politique. Ok.  2. Ne pas globaliser la responsabilité. Ok. Le FPR n'a jamais globalisé. 3. Assumer la réhabilitation de la société ( ce que le FPR est presque seul à faire) par une justice-modèle (où la trouver ?) et renoncer à « la chasse à l'homme » (procès d'intention ) 4. « Avoir le courage de demander pardon pour ses (FPR) propres responsabilites ».                                                                      

   Vous avez bien lu et la parenthèse (FPR) est de Joseph Ndahimana. Il faut quand même avoir un sacré culot pour songer au FPR et au FPR seul pour demander pardon !                

 

   Joseph Ndahimana  va en remettre une couche pour ceux qui n'auraient pas compris.  5. « Isoler ceux au sein du FPR » qui auraient participé « à la campagne de massacres à caractère ethnique massif ».  Et, pour lui qui reprochait au FPR de ne pas « reconnaître  le caractère absolument politique des crimes qui ont endeuillé notre société » , voici revenus les « massacres à caractère ethnique » !                         

   Joseph Ndahimana ne cite pas d'autre responsable de « massacres ». Et il  ignore toujours le mot « génocide » ! 

   Demain Joseph Ndahimana nous dira que, sur le champ de bataille, seul le FPR combattait contre le FPR. Un peu comme les Tutsis se seraient donné la mort par auto-génocide !                                                                                          

   Qu'on ne crie pas à l'exagération ! Sur le FPR tout a été dit et le contraire.                            

 

   Suite et fin de l'ordonnance. 6. « Œuvrer…à l'instauration des valeurs d'unité nationale.. » (entre autres). Un point cher au FPR  7. Et enfin , pour rester dans l'air du temps, « se garder d'afficher l'opulence arrogante d'une poignée de nouveaux riches dans une société où.. » ; ici un petit refrain pour la veuve et l'orphelin. Conme si, pour Joseph Ndahimana, le programme du Rwanda et du FPR pour éradiquer la pauvreté était fait pour les beaux yeux des nouveaux riches.                 

 

      15.  Joseph Ndahimana met les Rwandais en garde contre « un programme de développement anarchique ». On serait tenté de se demander quelle autorité l'auteur possède en ce domaine. Un grand nombre de spécialistes, à l'exception des « orphelins » de papa Habyarimana, nous disent que le Rwanda a choisi la  bonne voie.

 

LE FPR N'EST PAS LE MDR REINCARNE.

 

   16. Joseph Ndahimana  termine par un cri magnanime de solidarité (politique ou ethnique ?) avec les rescapés du génocide: il demande ( au FPR sans doute)  de ne pas « mentir aux rescapés tutsi du génocide , notamment en leur promettant un Rwanda où les Hutus ne seraient que des citoyens coupables à jamais ». On se demande où et dans quelles circonstances le FPR a fait une telle promesse. Le FPR n'est pas la réincarnation du Mouvement Démocratique Républicain-Parmehutu (MDR-P) pour sacrifier des Rwandais à d'autres Rwandais !. Le FPR  n'a manifestement pas encore réussi à en convaincre tout le monde..

 

                                         *   *    *     

     UNE SOLIDARITE DEVOYEE.

 

   17. Joseph Ndahimana  est pour sûr un homme droit. Ce que d'aucuns appellent « un Hutu modéré », au vrai sens du mot et non au sens  où on se demandait dans un journal belge aujourd'hui disparu si « un  Hutu modéré n'est pas un Hutu qui déteste modérément les Tutsis ». Mais Joseph Ndahimana est victime d'une solidarité ethnique blessée.                                                                                  

   Il y a manifestement un conflit profond entre la droiture d'esprit et l'immersion prolongée dans l'ethnie. Au contraire de tant d'autres, Joseph Ndahimana a le courage de tenter de résoudre ce conflit et de solder les comptes avec les deux premières républiques. Il a des chances d'y arriver.

   Car on ne peut pas dire que Joseph Ndahimana est une victime heureuse et triomphante de ce qu'il appelait lui-même, l'autre jour à Kigali, (en fustigeant deux camps extrêmes dont il essaie de se distancier), une solidarité ethnique dévoyée  

 

                            

                             Servilien M. Sebasoni                                                                                   

                             Kigali, Juillet-Août 2008

 



[1] « Le coût de la lâcheté politique et du mensonge de l'Etat FPR ».  DHR 10.7.08

[2] Lire, par ex., S.M.Sebasoni. Rwanda. Reconstruire une Nation. Edit. Rwandaises 2007 p.7 sq.

[3]  Hutus vs Tutsis, Tutsis de l'intérieur vs Tutsis de l'extérieur ; Tutsis venus du Congo vs Tutsis venus  de l'Ouganda vs Tutsis venus du Burundi ;  Tutsis anglophones vs Tutsis francophones, etc….

[4] La « démocratie segmentaire », que préconise « l'école d'Anvers » dirigée par Filip Reyntyens, pour le Rwanda et le Burundi, est basée sur un consensus bricolé entre les « segments » censés inconciliables à l'intérieur d'une pré-nation.

[5] Le sous-titre du livre  de Romeo Dallaire sur la Minuar, dont il  fut le commandant en chef, est « la faillite de l'humanité au Rwanda ».

[6] Luc Marchal. Congo-Rwanda, la difficile recherche de la vérité. Avril 2008

[7] Cf document remis à F. Mitterrand par le général Quesnot, son chef d'état-major particulier, le 6.5.94 et portant « Tutsiland » à l'Est de la ligne Karisimbi-Ruhengeri-Lac Rweru.

[8] Patrick de St Exupery. L'Inavouable. La France au Rwanda. Les Arènes 2004. Pour avoir constamment dénoncé la présence inavouable de son pays au Rwanda, l'auteur a été chassé du journal Le Figaro. A notre connaissance, « Reporters sans frontières » n'a pipé mot. Dans les « grandes démocraties-modèles » la liberté du journaliste s'arrête là où l'intérêt de l'Etat (surtout inavouable) commence.

[9] Jacques Delforge. Le Rwanda tel qu'ils l'ont vu. Un siècle de regards européens 1862-1962. L'Harmattan 2008.

10. «  Le président Kayibanda vous parle. Discours entre 1960 et 1964 ». Kigali 1964

11.Chronique politique du Rwanda et du Burundi 2007-2008. p. 27 et note 112 et passim.

 

[12]  Declaration du Partenariat-Intwari du 5.7.08 L'Alir est l'ancêtre des FDLR ou son avatar.

[13] Stephen Kinzer. A Thousand Hills. Rwanda's Rebirth  and the Man who dreamed it. J. Willey 2007

[14]  Colette Braeckman. Les Nouveaux Predateurs. Fayard 2003.

[15] La Diplomatie pyromane. Entretiens avec Stephen Smith. Calman Levi 1996.

[16] Le plus gros de ces efforts a été fait et se poursuit en France : classe politique, instances judiciaires, armée, medias, ONG, s'y sont employés avec une véhémence et une constance qu'on ne peut trouver ailleurs. Cela seul pourrait faire penser à une complicité avec les génocidaires. Il est vrai que c'est aussi en France que ce déni et cette complicité ont été le plus tôt et le plus vigoureusement dénoncés et combattus!  

 

 

 


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