9/6/08

RDC: combats, manifestations, la paix semble "insaisissable" dans l'est

KINSHASA (AFP) — Nouveaux combats entre rébellion et armée, manifestations contre les Casques bleus, fermeture de poste-frontière, la tension monte dans l'est de la République démocratique du Congo, où, malgré la présence de l'ONU, la paix semble de plus en plus "insaisissable".

Des combats à l'arme lourde ont repris vendredi matin entre l'armée de la RDC (FARDC) et les éléments du chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda dans le Nord-Kivu.

"Les positions de la 7e Brigade de l'armée ont été attaquées ce matin à Katsiru", à une centaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale provinciale Goma, a affirmé à la presse le gouverneur, Julien Paluku.

Le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Nkunda a confirmé les combats, mais accusé l'armée congolaise de lancer les hostilités.

"Les FARDC nous ont attaqués tôt ce matin à Mweso et à Katsiru. C'était d'ailleurs prévisible car elles avaient, depuis deux jours, renforcé leurs positions", a affirmé à l'AFP Bertrand Bisimwa, commissaire politique du CNDP.

Vendredi matin, des renforts de la 14e Brigade des FARDC sont arrivées au port de Goma, a constaté l'AFP.

Ils ont été acheminés par bateau sur le lac Kivu depuis Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu.

Ces combats reprennent après ceux du 28 août dans les collines environnant Rutshuru, à 50 km au nord de Goma.

Depuis, la tension n'est pas retombée.

En rétorsion, Kinshasa a décidé la fermeture du poste-frontière de Bunagana, frontalier avec l'Ouganda.

Ce poste-douanier important permet au CNDP, qui touche les taxes sur les marchandises, de se financer.

La Mission de l'ONU en RDC (Monuc) "s'est félicitée de cette courageuse décision", selon sa porte-parole à Kinshasa, Sylvie van den Wildenberg.

"Nous avons des informations selon lesquelles des groupes armés dont le CNDP s'approvisionnent par ce poste frontière. Fermer cette frontière c'est renforcer l'autorité de l'Etat", a-t-elle ajouté.

Mais les 14.000 Casques bleus de la Monuc sont de plus en plus pris à partie sur le terrain.

"Il y a des affrontements vers Katsiru. Nous avons envoyé des Casques bleus vers le lieu des accrochages mais des habitants ont jeté des pierres sur leurs véhicules", a indiqué vendredi à l'AFP le porte-parole militaire, le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich.

Mercredi, des habitants de Rutshuru avaient violemment manifesté contre les Casques bleus, reprochant à la Monuc d'avoir demandé aux FARDC de se retirer de positions prises au CNDP.

Les Casques bleus ont dû tirer pour se dégager, blessant un manifestant.

Pour Sylvie van den Wildenberg les manifestants étaient "visiblement instrumentalisés".

Elle estime que "de tels actes, inacceptables, risquent de décourager ceux qui ne sont là que pour aider au rétablissement de l'autorité de l'Etat (...) au bénéfice des populations".

Les attaques contre la Monuc, qui tente de faire appliquer le désengagement prévu par l'accord de paix de Goma (janvier 2008), viennent aussi du gouvernement.

Ainsi la déclaration virulente jeudi sur la radio onusienne Okapi du ministre de la Défense Chikez Diemu: "Nous voulons que la communauté internationale s'assume, il faut qu'elle fasse son travail (...) Nous demandons qu'ils fassent pression sur les tireurs de ficelle qui arment les bandits".

Kigali est notamment accusé par ses détracteurs de soutenir Nkunda. Le génocide au Rwanda de 1994 a très vite débordé sur la riche région des Kivu, entraînant combats, insécurité, déplacements de population et pillages des ressources naturelles.

Les Etats-Unis sont aussi accusés, pour leur soutien à Kigali, d'entretenir l'insécurité dans la zone.

"Embrasement imminent à l'est", titrait vendredi le quotidien Le Potentiel.





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Jean-Louis Kayitenkore
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