10/2/08

La valise diplomatique


Révolte contre Wall Street

Même s'il venait à être contredit dans quelques jours, le vote de la Chambre des Représentants refusant d'accorder au ministre des finances des pouvoirs et des moyens exceptionnels (700 milliards de dollars) pour secourir la finance américaine représente un coup de tonnerre contre Wall Street. En pleine campagne électorale, de nombreux parlementaires ont mesuré l'ampleur du ressentiment populaire devant un plan (1) qui, aux frais du contribuable, efface les pertes des banques, alors que rien d'aussi massif n'avait été prévu quand des centaines de milliers d'Américains furent précipités dans la faillite par la baisse de leurs actifs immobiliers.

Provoquant une chute de l'indicateur Dow Jones de 7 % (sans précédent depuis septembre 2001), le refus de la Chambre des Représentants, acquis par 228 voix contre 205, frappe d'autant plus l'imagination qu'il ignore les admonestations de la Maison Blanche et des deux candidats principaux à la succession de M. George W. Bush. Pour ce dernier, le camouflet est terrible : très impopulaire dans l'opinion, il n'est même plus en mesure d'obtenir le concours des parlementaires de son propre parti sur une question aussi cruciale : 65 représentants républicains ont voté pour le plan, 133 contre…

Au-delà de l'horreur que peut inspirer à ces derniers un engagement supplémentaire de la puissance publique (un républicain est, théoriquement, en faveur du « moins d'Etat » et des comptes en ordre…), leur vote négatif s'explique par le caractère autoritaire et précipité de la décision qu'on voulait leur faire prendre. Un parlementaire américain accepte mal de voter les yeux fermés et dans l'urgence un plan de cette ampleur (le texte de la proposition de loi faisait 110 pages…). A la fois concocté dans le secret et présenté comme dépourvu d'alternative. En somme, c'était 700 milliards ou le chaos. Une forme de prise d'otages.

Mais comment expliquer le choix convergent des deux principaux candidats ? Certains suggèrent déjà que leurs conseillers en la matière sont trop souvent à la fois juge et partie. Le milliardaire Warren Buffet a ainsi recommandé à M. Barack Obama (qu'il soutient depuis mai dernier) d'appuyer un plan auquel il a intérêt financièrement. M. Roger Altman, ancien secrétaire d'Etat aux finances (pendant la présidence Clinton), était passé auparavant par Lehman Brothers, pour redevenir banquier ensuite. Et lui aussi conseille le candidat Obama. La campagne de M. John McCain est, quant à elle, encombrée de lobbyistes qui simultanément travaillent pour des sociétés auxquelles le gouvernement fédéral se propose de porter secours. Ce mélange des genres est certes habituel aux Etats-Unis. Mais, par les temps qui courent, son prix éclate aux yeux de tous. Or une campagne électorale peut constituer un interlude surprenant dans les affaires courantes. Un de ces moments exceptionnels pendant lesquels la clameur du mécontentement populaire parvient jusqu'à Washington.

(1) 750 milliards de dollars dont 250 milliards immédiatement disponibles ; les bénéficiaires (banques, compagnies d'assurance, courtiers ayant des activités significatives aux Etats-Unis) pourront céder leurs actifs risqués.






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Jean-Louis Kayitenkore
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