10/31/08

Le souvenir du Ku Klux Klan, si loin, si proche ?

Martinsville Une mauvaise réputation, ça vous colle à la peau encore plus sûrement qu'une vieille sueur. Située sur la route 37, entre Indianapolis et Bloomington, Martinsville le sait bien. Depuis des décennies, il se dit plus ou moins fort qu'elle est une ville de xénophobes, le siège occulte du Ku Klux Klan, le théâtre d'incidents ou de paroles racistes.

L'affaire n'est pas nouvelle mais elle circule toujours. Il suffit d'aller traîner sur Internet ou, tout simplement, d'en parler autour de soi, ici dans cette partie de l'Indiana, pour le constater. Encore aujourd'hui, il se répète qu'il ne fait pas bon être Noir et avoir besoin de s'arrêter à Martinsville pour faire le plein d'essence quand on descend vers le sud depuis Indianapolis. Il se dit aussi, et parfois même il s'écrit dans les journaux locaux, qu'il n'est surtout pas prudent d'y faire halte à la nuit tombée lorsqu'on n'a pas la couleur de peau d'un vrai wasp.

A Martinsville, c'est vrai, les Noirs sont rares: 11 sur 11 698 personnes au recensement de 2000. Mais cela ne fait pas de ses habitants, ni même de quelques-uns, d'indécrottables racistes.

Si le Ku Klux Klan y florissait au cours de la première moitié du vingtième siècle, cela ne signifie pas non plus que cette ville était une exception. Car, précise James H. Madison, un professeur d'histoire de l'université de l'Indiana cité par le New York Times, «Martinsville dans les années 1920 n'était pas plus un foyer du Ku Klux Klan que n'importe quelle autre ville de l'Indiana». Dans cet Etat, le mouvement raciste était en effet à ce point bien implanté qu'en 1925, il réussit à faire élire un de ses membres au poste de gouverneur.

Et pourtant, les décennies se sont succédé et avec elles, les sales histoires que l'on raconte sur Martinsville sans trop savoir si elles sont justes ou fausses. Des histoires de personnes insultées, frappées, menacées. Des incidents à caractère raciste qui se seraient produits pendant un match de basket opposant les équipes de Martinsville et de Bloomington.

Au-delà de ces récits qui alimentent la rumeur, le mort de Carol Jenkins, un soir de septembre 1968, aDsc00156 scellé la mauvaise réputation de la ville (pour en savoir plus sur cette affaire cliquez ici). Pendant trente-quatre ans, Martinsville a vécu à l'ombre du meurtre de cette jeune femme noire en plein mouvement pour les droits civiques. Chacun a gardé en tête que le meurtrier était un gars du coin. Un voisin peut-être, un ami ou un collègue de bureau. Jusqu'au jour où, enfin, le coupable a été arrêté à Indianapolis et qu'il est apparu qu'il n'avait jamais habité à Martinsville. Ce jour-là, la commune a été libérée d'un poids immense et son maire, Shannon L. Buskirk, a déclaré: «C'est un grand jour pour Martinsville.»

Mais le mal était fait et il s'était enraciné. Las d'avoir à traîner une telle réputation, les habitants ont pris l'habitude de dire haut et fort qu'ils en ont marre. Et ils ont accusé les professeurs des deux universités voisines, à Indianapolis et à Bloomington, d'entretenir la légende. Parmi eux, certains ont, à la fin des années 1990 , créée une association pour l'amélioration du dialogue entre les cultures.

On en continue pas moins à dire qu'il vaut mieux faire le plein d'essence ailleurs quand on est Noir et le témoignage que nous avons recueilli la semaine dernière ne va pas faire taire la rumeur. Au contraire.

Patricia A. Efiom est le pasteur de l'église afro-américaine de Bloomington. Quand nous l'avons interrogée sur le climat qui peut régner dans la région et notamment à Martinsville, elle nous a raconté comment elle a personnellement été confrontée au racisme.

Regardez ici :




(Pour visionner la version originale, cliquez ici).

Aussi accablant soit-il, ce témoignage ne fait pas de Martinsville un repaire qui n'abriterait que d'affreux racistes. Cela n'en fait pas davantage un cas à part dans cette partie des Etats-Unis. En 2002, au moment de l'arrestation du meurtrier de Carol Jenkins, le journaliste du New York Times écrivait: «C'est un endroit comme beaucoup d'autres où la haine raciale existe depuis des générations et où un héritage d'intolérance persiste toujours.»

Si c'était vrai il y a six ans et si c'est encore vrai aujourd'hui, alors il faut espérer que la possible élection de Barack Obama contribue à accélérer l'évolution des mentalités.

Bruno







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