10/28/08

Stanislas Pol, professeur

Hépatite B, mieux vaut vacciner tôt

Une étude française, menée par le professeur Marc Tardieu,- a récemment détecté, sans la démontrer formellement, une augmentation possible du risque de maladie neurologique du type de la sclérose en plaques (SEP) chez des enfants ayant reçu le vaccin contre l'hépatite B le plus fréquemment employé en France (Le Monde du 26 septembre). Les différentes instances médicales consultées ont estimé que "le résultat principal et majeur de cette étude ne fait pas apparaître de lien entre la vaccination contre l'hépatite B et le risque de SEP".

Le débat sur l'innocuité du vaccin contre l'hépatite B a rebondi avec l'étude de l'équipe du professeur Marc Tardieu (service de neuropédiatrie, hôpital de Bicêtre). Convaincu que les bénéfices du vaccin excèdent largement ses risques éventuels, le professeur Tardieu avait prévu de présenter à la presse cette étude le 8 octobre. Moins d'une heure avant l'horaire prévu, ce point presse a été reporté sine die. Interrogé, le service de communication de l'hôpital n'a pas donné de précision sur les raisons du report, indiquant simplement qu'une nouvelle date serait fixée. Le ministère de la santé aurait fait valoir un téléscopage d'horaire avec la publication de l'avis du Haut Conseil de la santé publique. A ce jour, le point presse du professeur Tardieu ne s'est toujours pas tenu.

En raison de "limites méthodologiques", les résultats observés rétrospectivement chez un sous-groupe d'enfants présenteraient donc "les caractéristiques d'un résultat fortuit". Le ministère de la santé a maintenu ses recommandations de faire vacciner, si possible dès l'âge de nourrisson, contre l'hépatite B. Le professeur Stanislas Pol, chef du service d'hépatologie de l'hôpital Cochin (Paris) fait le point sur ce sujet.

Pouvez-vous nous rappeler la dangerosité de l'hépatite B ?

Le virus de l'hépatite B (VHB) est extrêmement contagieux, beaucoup plus que celui du sida. Il est transmis par le sang et les sécrétions biologiques dans différentes circonstances : rapports sexuels, usage de drogue par voie intraveineuse, transfusion à risque... Dans le monde, 2,5 milliards de personnes sont infectées, dont 370 millions deviennent des porteurs chroniques du virus. Dans 20 % des cas, l'infection chronique débouche sur une cirrhose du foie et peut donner par la suite un cancer du foie. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 600 000 personnes en meurent chaque année.

Qu'a apporté la vaccination contre cette maladie ?

L'arrivée au début des années 1980 d'un vaccin, mis au point en France, a donné des résultats spectaculaires, en particulier dans des pays d'Asie très touchés qui ont mis en place une politique vaccinale énergique. Elle a fait chuter le nombre de porteurs chroniques du marqueur biologique de cette infection, l'antigène HBs. En dix ans, de 1986 à 1996, elle a divisé par deux la fréquence du cancer du foie chez l'adulte comme chez l'enfant. Lors de ces campagnes de vaccination massives, il n'a pas été rapporté d'augmentation des affections démyélinisantes (du type de la SEP).

Les autorités sanitaires maintiennent leur recommandation de vaccination. Partagez-vous ce point de vue ?

Oui, car les bénéfices de cette vaccination excèdent très largement les risques possibles. La meilleure façon de protéger est de vacciner tôt. La contamination de l'enfant n'est pas liée à son comportement, mais à la promiscuité avec des enfants pouvant être porteurs de ce virus. Il n'y a pas besoin qu'il y ait des contacts sexuels. Aux Etats-Unis, 95 % des enfants sont vaccinés ; en Allemagne, le taux est de 85 % et, en Espagne, il est de 90 %.

Que peut-on dire des risques qui seraient liés à la vaccination contre l'hépatite B et en particulier celui de favoriser une SEP ou une maladie de ce type ?

Différentes conférences internationales ont évoqué ce sujet. Elles n'ont pas constaté de lien de causalité entre le vaccin ou certains de ses composants et la SEP. Il n'y a pas de relation statistiquement significative entre le vaccin et la SEP. Une étude américaine a examiné les liens éventuels entre trois vaccins, dont celui contre le VHB, et n'en a pas retrouvé, de la même manière qu'il n'était pas constaté de lien entre le vaccin et une rechute de la SEP. Il est incontestable que des personnes ont développé la maladie après avoir été vaccinées, mais cela ne signifie pas que le vaccin était en cause.

Dans les pays où la vaccination des enfants est massive, la SEP possède une fréquence de l'ordre de 5 à 6 cas pour 100 000 personnes. En France, rapporté au nombre de personnes vaccinées (27 millions), le taux est inférieur à 1 cas pour 100 000 personnes. Il y a là une situation d'aléa thérapeutique avec un vaccin présentant des bénéfices sanitaires énormes et d'importants avantages économiques.

Il n'y a pas de cas de SEP ou maladie apparentée avant l'âge de 3 ans. La période néo- ou périnatale permet donc de ne pas prendre de risque, d'autant que l'enfant peut être précocement exposé en crèche ou à l'école. Vacciner très tôt, c'est donc le mettre à l'abri. Il faudrait également reprendre la vaccination en milieu scolaire.

Quelle est la situation en France ?

L'enquête de l'Institut de veille sanitaire a évalué à 285 000 le nombre de personnes porteuses chroniques du VHB. L'hépatite B fait 1 000 morts par an. De 1993 à 1998, 26 à 27 millions de personnes ont été vaccinées. Ce chiffre laisse penser qu'il y a eu une incitation sans doute abusive des adultes à se faire vacciner, alors que, dans le même temps, on oubliait de vacciner plus largement les enfants, qui ont été "seulement" 1,5 million à recevoir le vaccin. Dans notre pays, la cible principale recommandée par l'OMS n'a jamais été couverte à plus de 30 %. De plus, si l'on considère le coût du traitement des hépatites chroniques, des cirrhoses et des cancers du foie, la vaccination de l'ensemble des nouveau-nés permettrait une économie d'environ 300 millions d'euros.

En France, l'Etat a reconnu la responsabilité du vaccin dans plusieurs cas de SEP chez des personnels de santé. N'est-ce pas reconnaître que le vaccin peut être en cause ?

Ces personnes n'ont pas eu le choix : elles auraient dû renoncer à exercer leur métier si elles ne s'étaient pas fait vacciner. La reconnaissance de la responsabilité de la vaccination vise à permettre une réparation parce que nous sommes une société solidaire.

Propos recueillis par Paul Benkimoun





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