11/1/08

Enquete

Accusé de génocide, il fabriquait des faux papiers à Mayotte

La photo de Pashcal Simbikangwa diffusée par Interpol (DR)

Sa fiche Interpol est laconique : Simbikangwa, Pascal, environ 49 ans, né à Karago (Rwanda), parle français et kinyarwanda. Recherché pour « crimes contre l'humanité, génocide, crime organisé ». Mandat issu par Kigali.

Laconique, mais lourde de sens. En la découvrant, les gendarmes de Mayotte ont compris qu'ils avaient entre les mains un gros poisson. Il a été placé sous écrou extraditionnel.

Apparemment, Safari Sedinawara était arrivé en 2005 sur l'île française de Mayotte, après plusieurs années de séjour aux Comores et un passage à Bruxelles. Une fausse identité qui aura permis à cette homme en chaise roulante de passer inaperçu.

Pour vivre, l'ancien capitaine des Renseignements généraux rwandais avait mis au point une juteuse filière de fabrication de faux papiers. Grâce à un équipement informatique perfectionné, il proposait fausse carte d'identité, faux passeport et aussi fausse carte professionnelle de gendarmes.

A raison de 100 euros pièce en moyenne, il aurait écoulé quelques 3 000 documents. Un commerce juteux, mais risqué : il encourt dix ans de prison.

Un homme clef du système de renseignement rwandais

Presque une broutille au regard de son passé et des accusations dont il fait l'objet depuis quatorze ans. Pour Kigali, Pascal Simbikangwa est l'un des derniers membres militaires de l'Akazu, (littéralement "la petite maison", groupe des extrémistes du régime génocidaire) encore en liberté.

Son pedigree en fait sans doute l'un des hommes clés du dispositif génocidaire bâti par le régime Habyarimana. Hutu du Nord, de Giseyni, il est apparenté à Agathe Habyarimana, puisqu'il est le beau-frère du colonel Elie Sagatwa, lui-même frère de la première Dame rwandaise. A ce titre, il est donc rattaché directement à la présidence de la République.

Ses fonctions ? Comme pour tous les membres de ce groupe, elles se dédoublent. Officiellement, le capitaine Simbikangwa était le chef du Service central de renseignement (SCR), un organe de contrôle essentiel dans le système des triples cercles du pouvoir:

  • celui de la pyramide administrative (commune, secteur, préfecture)
  • celui du MRNDD, le parti unique au pouvoir, qui s'ouvrira ensuite au multipartisme
  • celui de la gendarmerie et de la police communale

Le SCR est l'institution qui, à la tête de l'Etat, centralise, recoupe et analyse la production des autres organes de contrôle de la société. A ce titre, le "tortionnaire" comme il est surnommé, a la haute main sur le fichier de renseignement de la population.

Fichier qui servira à établir la liste des "ennemis intérieurs" à éliminer. Il s'occupe aussi de vérifier la propagande de la haine contre les Tutsis, véhiculée par Kangura et Umurava magazine, deux périodiques du pouvoir.

Un très proche de la famille Habyarimana, organisateur des réunions de l'Akazu

L'autre fonction que le capitaine Simbikangwa paraît avoir occupée, est celle d'hôte des réunions de l'Akazu. C'est en tout cas la précision livrée par Janvier Afrika (ancien indicateur du SCR) dans sa confession, certes controversée, mais qui s'est révélée juste sur bien des points :

"Des réunions régulières ont eu lieu dans la maison du capitaine Pascal Simbikangwa. fonctionnaire à la présidence rwandaise et beau-frère du colonel Elie Sagatwa, lui-même secrétaire particulier et beau-frère du chef de l'Etat."

Ce lieu était alors surnommé "la Synagogue", il aurait accueilli les conciliabules de l'Akazu. Ce rôle crucial attribué à l'officier est confirmé par l'analyse de Christophe M'fizi, l'homme qui dénonça en 1992 le Réseau zéro, cette frange dure des militaires prête à employer des moyens extrêmes pour battre ses adversaires.

Pascal Simbikangwa aura l'occasion de s'expliquer sur ce rôle et les accusations portées contre lui au Rwanda. En particulier celle d'avoir été l'organisateur en chef de l'action des milices interahamwe sur Kigali. Milices qui, au printemps 1994, ont tué des dizaines de milliers de personnes dans la capitale.

La demande d'extradition qui le vise sera examinée le 10 novembre. Le représentant du parquet, le procureur Marc Brisset-Foucault a indiqué qu'il soutiendrait cette demande.

Photo : La photo de Pashcal Simbikangwa diffusée par Interpol (DR)






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