11/29/08

Source: Faustin Kuediasala, Le Potentiel

Les intérêts de la RDC en question: La firme chinoise ZTE veut se désengager de Congo Chine Telecom
 


La nouvelle a fini par transpirer. Elle n'est donc plus un secret. En effet, la firme chinoise ZTE, qui détient officiellement près de 51% des actions dans Congo Chine Telecom, a décidé de s'en dessaisir. Pour quelle raison ? Le mystère reste entier sur un épisode qui promet de bousculer certains intérêts… même ceux de l'Etat congolais.

« Pour savoir aujourd'hui ce qui se passe réellement dans le secteur congolais des télécommunications, il faut lire, entre les lignes, le rapport Mutinga du Sénat. Ce rapport contient des révélations accablantes ». C'est en ces termes que s'est exprimé sous le sceau de l'anonymat un cadre du ministère des Postes, Téléphone et Télécommunications (PTT), approché par la presse pour avoir son opinion sur l'état des lieux du secteur des télécoms en RDC.

Ce bout de phrases témoigne non seulement de l'étendue du le désastre qui s'est abattu sur ce secteur mais aussi de la légèreté avec laquelle est géré un secteur hautement stratégique, en ce temps de nouvelles technologies de l'information et de la communication.

En effet, il nous revient, après une série de recoupements, que la firme chinoise ZTE a décidé, pour des raisons non élucidées de céder ses actions détenues dans Congo Chine Telecom. Des tractations seraient très avancées, renseigne-t-on, au niveau du gouvernement, notamment entre les ministères des PTT et du Portefeuille. Et, de grandes entreprises sont déjà citées sur la liste de possibles acquéreurs.

La grande entreprise chinoise détient en effet 51 % d'actions dans CCT. Le rapport Mutinga du Sénat, qui s'est longuement attardé sur la gestion par le gouvernement du secteur des télécommunications avait révélé, en son temps, que les 51% d'actions détenues par ZTE dans CCT équivalaient à 96.960 actions. On avance le chiffre de 90.000.000 Usd pour l'acquisition des actions de ZTE chez CCT. Voilà qui justifie la frénésie de l'Etat au sujet de cette vente.

Des sources proches du ministère du Portefeuille, on évoque même l'éventualité pour le gouvernement d'user de son droit de préemption, celui qui lui donne la faculté de racheter ces actions pour le revendre. Des experts du ministère qui se sont penchés sur l'affaire ont abouti à la conclusion que cette opération serait largement lucrative pour l'Etat.

Seulement, l'accord de partenariat entre la RDC et la Chine, ayant conduit à la création révèle certaines dispositions qui ne légitiment par une telle transaction de la part de ZTE. Il semble, rapporte-t-on dans les milieux spécialisés, que ZTE n'a rien apporté de ses 51 % d'actions dans CCT. Et pour s'en convaincre, les experts renvoient à l'historique de cette entreprise des télécommunications, créée sur base d'un accord de partenariat signé, au nom de la RDC, par feu Laurent-Désiré Kabila.

Les vérités d'un accord

Décembre 1997, feu Laurent-Désiré Kabila fait un voyage en Chine et visite à l'occasion la société ZTE Corporation. Août 1998, la guerre éclate à l'Est de la RDC, à la différence qu'elle se joue aussi sur le terrain communicationnel. Pour contourner la difficulté, Laurent-Désiré Kabila mise sur l'indépendance communicationnelle de l'Etat congolais, question de se dédouner de l'influence de Telecel et Comcell, deux sociétés privées.

L'indépendance et la sécurité des communications du nouveau pouvoir passe alors par soit le renforcement des capacités de l'OCPT, soit par la création d'une nouvelle société cellulaire. C'est la deuxième option qui sera privilégiée. Mais déjà, en terme de dividendes de la visite de M'Zee Kabila en Chine, le pays de Mao a signé avec la RDC un accord pour un prêt préférentiel de l'ordre de 200 millions de Yuan pour, notamment subvenir au besoin du développement du secteur des télécommunications. C'est au fait de l'argent que la Chine prête à la RDC.

Mais plutôt que de restructurer l'Ocpt et de l'équiper pour le renforcer, la partie congolaise optera en faveur de la création d'une société cellulaire, les experts jugeant que l'Ocpt , avec tous les problèmes qui l'assaillent n'est pas apte à faire face aux exigences technologiques du cellulaire et aussi à la maîtrise de paramètres de rentabilité. La création d'une entreprise de téléphonie cellulaire, bien distincte de l'Ocpt, sera perçue par le gouvernement comme une belle manière de capitaliser le prêt de la Chine et raffermir les relations sino-congolaises.

La Chine désignera alors ZTE Corporation pour équiper la nouvelle société. En février 1998, la RDC et ZTE Corporation matérialise l'accord intergouvernemental et signe un protocole d'accord pour la création du Congo Chine Telecom SARL, CCT en sigle. en décembre 2000, CCT lance son réseau.

La RDC, outre les 200 millions de Yuan, apporte une licence GSM évaluée, sans expertise approuvée, à 4.800.000 Usd (contre 15.000.000 Usd à l'époque et 55.000.000 Usd à ce jour). ZTE Corporation apporte à son tour des équipements pour le lancement du réseau. Mais seulement ces équipements sont payés par EXIMBANK, une banque chinoise d'affaire qui a accordé le prêt. Ce qui veut dire que jusque-là, ZTE n'aura rien apporté.

En dépit de cela une banque, contre toute attente, ZTE bénéficiera de 51 % des parts dans CCT. Par quel montage en est-on arrivé là ? C'est tout le mystère de cette transaction qui rebondit aujourd'hui alors que ZTE ne cache plus ses intentions de se désengager de CCT. Où sont donc les intérêts ? Qu'en sera-t-il lorsque ZTE trouverait gain de cause dans son projet de cession des titres ? Difficile à dire pour l'instant.

Sauf que le dossier de l'opération circule déjà entre les ministères des PTT et du Portefeuille. Et, si l'on y prend garde, c'est encore l'Etat congolais qui risque de se retrouver perdant dans un partenariat qu'il aura négocié de bout en bout depuis feu M'Zee Kabila.

Les télécommunications congolaises sont mal gérées, mais aussi mal administrées. La commission sénatoriale, dirigée par l'honorable Mutinga, l'a encore réaffirmé. Seulement, même cette commission n'a jamais su comment a été constitué CCT, ce que chaque actionnaire y a réellement apporté. Puisqu'il apparaît clairement que ZTE Corporation n'a en réalité aucun apport dans CCT, il est bon que le gouvernement charge une Commission spéciale pour enquêter sur cette société en interrogeant les documents de la société, les acteurs à sa création et ceux de sa gestion.

L'excellence de la coopération avec la Chine passe effectivement par une telle clarification si l'on veut consolider l'amitié entre les deux peuples et si l'on veut assurer le peuple congolais que la Chine est différente des autres partenaires. Sinon, l'affaire ZTE portera un coup dur dans la bonne foi de la Chine à aider réellement la RDC dans la mise en œuvre de son plan de reconstruction.

S'il s'avère que ZTE n'a jamais rien apporté, les 51% d'actions qu'elle veut vendre doivent revenir au peuple congolais qui en a besoin, soit 90 millions Usd, pour financer son ambitieux plan de développement, conçu à travers les cinq chantiers de la République. Le Sénat et l'Assemblée nationale sont invités à la vigilance sur cette question.

 
Source: Faustin Kuediasala, Le Potentiel




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