11/30/08

Source: LEMONDE.FR avec AFP, Reuters, AP

Attentats à Bombay : les regards se tournent vers le Pakistan

Les forces militaires indiennes ont mis un terme aux attaques qui ont frappé Bombay, samedi 29 novembre, reprenant le contrôle de l'Hôtel Taj, le dernier bastion tenu par les terroristes. Le dernier bilan fait état d'au moins 195 morts, dont 27 étrangers, et 295 blessés, selon les autorités indiennes. Il s'agit des attentats les plus meurtriers dans le pays depuis ceux qui avaient tué 257 personnes en 1993, déjà à Bombay. Ce bilan très lourd devrait encore augmenter dans les prochaines heures, selon New Dehli. Maintenant que les combats sont terminés, les questions se concentrent sur l'identité des terroristes, leur nombre, leur appartenance à des groupes terroristes et leur mode opératoire.

Qui étaient les terroristes ? Les autorités de l'Etat du Maharashtra ont d'abord parlé de vingt-cinq terroristes qui ont mené ces attaques coordonnées contre au moins dix sites à Bombay, mercredi, dont les hôtels de luxe Taj Mahal et Trident-Oberoi, la principale gare de la ville, un centre abritant une association juive et des hôpitaux. Ce chiffre a été officiellement ramené à entre dix et quinze hommes, selon les différentes sources officielles. "Neuf terroristes ont été tués et un capturé, a ainsi déclaré le ministre de l'Etat, Vilasrao Deshmukh. Nous l'interrogeons actuellement".

L'identité des hommes ayant mené cette opération reste inconnue. Selon les autorités indiennes, l'individu capturé serait d'origine pakistanaise, parlant couramment anglais, et identifié comme étant Azam Amir Kazav, selon l'agence Reuters. Selon les chaînes de télévision indiennes, il aurait affirmé que le but des attaques était de faire un "11-Septembre indien" en "réduisant en cendres les symboles de la puissance économique, le Taj et le Trident, afin qu'ils ne puissent être reconstruits".

La piste qui évoquait la participation de ressortissants britanniques semble en revanche ne pas se confirmer. Vendredi, le quotidien Evening Standard affirmait, en citant anonymement des responsables indiens, que sept terroristes présumés pourraient être britanniques et "originaires de la région de Leeds et Bradford". L'information a été démentie par les autorités indiennes, le gouvernement britannique et ses services anti-terroristes.

Quelle proximité avec le Pakistan ? Lors de son interrogatoire, le seul terroriste capturé vivant aurait avoué appartenir à l'organisation séparatiste Lashkar-e-Taiba, un groupe djihadiste basé à Lahore au Pakistan déjà responsable de plusieurs attaques sur le sol indien, notamment contre le Parlement en 2001. Mercredi, c'est une autre organisation jusque-là inconnue, les Moujahidines du Deccan, qui avaient revendiqué les attentats. Selon des responsables des services secrets américains actuellement sur place, cités par le New York Times, les premiers éléments indiqueraient qu'il s'agit bien d'une opération menée par Lashkar-e-Taiba ou par un autre groupe basé dans la région de Karachi au Pakistan, le Jaish-e-Mohammed. La piste menant directement à Al-Qaida semble avoir été écarté.

Des responsables de Lashkar-e-Taiba ont publiquement démenti être responsables de ces attentats, mais pour plusieurs responsables du contre-terrorisme américains, les preuves s'accumulent pour acréditer cette thèse. "Certaines des informations récoltées jusqu'ici pointent en direction d'une connection au Cachemire (...) certaines caractéristiques des attentats correspondent au genre de choses perpétrées par le passé par ces groupes", a expliqué l'un deux anonymement à l'AFP, précisant qu'il est "trop tôt pour tirer des conclusions définitives". Une chose est sûre, "en ce moment, les gens regardent de très près Lashkar-e-Taiba", note-t-il. Le New York Times cite un autre responsable qui souligne que des indices laissent penser que le groupe avait des "capacités maritimes", qui expliqueraient l'arrivée de certains terroristes par la baie qui jouxte Bombay.

Lashkar-e-Taiba est connu pour être une des premières organisations terroristes à avoir eu recours à des "feddayine", des kamikazes très bien armés, lors d'attaques contre les forces indiennes à la fin des années 1990. Des liens entre ce groupe et les services secrets pakistanais, l'ISI, ont également été établis par le passé. Les autorités indiennes ont publiquement imputé les attaques coordonnées à des "éléments" venant du Pakistan, sans accuser un groupe en particulier. Islamabad a affirmé son innoncence, promettant de coopérer dans l'enquête en sévissant contre n'importe quel "groupe" qui serait basé sur son territoire, si l'Inde apporte la preuve qu'il est impliqué. (Lire l'analyse "Le Pakistan plaide sa bonne foi"). En gage de bonne volonté, le gouvernement pakistanais a envoyé un émissaire de l'ISI à Bombay. Parallèlement, des équipes du FBI étaient également en route pour participer à l'enquête.

Des attaques planifiées en amont. Des éléments rapportés par la presse indienne et internationale confirment que les attaques simultanées avaient été minutieusement préparées à l'avance. "Ces gens connaissaient parfaitement la disposition des lieux et il semblent qu'ils l'avaient bien étudiée auparavant. Ils étaient très déterminés, sans aucun remords", a constaté le chef d'une unité de commando naval indien cité par Reuters. Selon un membre des services de renseignements indiens cité par l'AFP, huit d'entre eux seraient arrivés à Bombay il y a déjà un mois pour mener "des missions de reconnaissance en prélude aux attaques" en se faisant passer pour des étudiants.

Ils auraient également effectué des repérages dans l'enceinte des hôtels, en stockant des armes et des munitions à l'intérieur des bâtiments et en filmant plusieurs endroits, à tel point qu'ils avaient quelque fois une meilleure connaissance des lieux que les forces de police indiennes, selon la presse indienne. Cela expliquerait comment trois terroristes ont réussi à tenir tête aux militaires pendant plusieurs jours à l'intérieur du Taj. Avant de déclencher les attentats, les activistes s'étaient également emparés d'un chalutier indien. Certains des terroristes l'auraient utilisé comme point de départ pour débarquer à bord de canots pneumatiques dans le sud de Bombay, non loin de la gare où les fusillades ont commencé. Cette piste n'a pas encore été confirmée par le gouvernement indien.

Un mode opératoire quasi-militaire. Au début des attaques, mercredi, il ne semble pas que la police et l'armée indienne ait pris la mesure du degré de préparation et d'entraînement des terroristes. "Par moments, ils se sont montrés aussi forts que nous au combat et dans les déplacements. Soit il s'agissait de militaires, soit ils ont suivi une longue formation de commando. Ils se comportaient comme l'auraient fait des commandos indiens", a expliqué un membre des forces spéciales indiennes cité par l'Hindustan Times. Il aura fallu que les commandos d'élite de l'armée interviennent pour que les autorités indiennes reprennent le dessus.

Les terroristes avaient tout préparé dans le moindre détail et avaient, semble-t-il, suivi un entraînement militaire, puisqu'ils maniaient des armes lourdes aisément et avaient même prévu leur ravitaillement en se munissant de fruits secs. Ils disposaient également de téléphones satellitaires, de cartes de crédit, des munitions et même d'un Blackberry, selon la presse britannique, sur lequel ils consultaient les sites d'information anglophones.


Source: LEMONDE.FR avec AFP, Reuters, AP




--
Jean-Louis Kayitenkore
Procurement Consultant
Gsm:   (250) 08470205
Home: (250) 55104140
P.O. Box 3867
Kigali - RWANDA
East AFRICA
Blog: http://cepgl.blogspot.com
Skype ID: kayisa66

No comments:

Post a Comment