11/21/08

Source: Serge Farnel, Metula News Agency

La France tombe dans un piège judiciaire africain
 
   >
> Voir également, du même auteur, dans la revue Controverse
> RWANDA, France et GÉNOCIDE : Pions NOIRS, Pions BLANCS
>
>
> Après la rétractation publique, mardi, de son principal
> témoin à charge contre le président rwandais Paul Kagame,
> la justice française se retrouve dans une situation pour le
> moins inconfortable.
>
> Il faudrait même être passablement naïfs pour ne pas
> nous demander si les officiels français n'avaient pas,
> à la base, quelque peu sous estimé l'intelligence des
> Africains et s'ils ne viennent pas de tomber dans un
> piège à rhinocéros.
>
> Car la série d'événements de ces derniers jours
> ressemble à s'y méprendre à un coup de maîtres des
> dirigeants rwandais pour parvenir à leurs buts. C'est
> d'abord la directrice du protocole à Kigali, Rose
> Kabuye, que l'on envoie en promenade de santé en
> Allemagne, tout en sachant que la France a lancé un mandat
> d'arrêt international à son encontre.
>
> Appréhendée à Francfort, Madame Kabuye, loin de
> s'opposer à son extradition en France, demande à y
> être jugée au plus vite.
>
> Nouveau rebondissement désagréable : en plein
> préparatifs pour le transfert à Paris et
> l'incarcération de l'officielle rwandaise, le
> dernier témoin d'envergure, dont les « aveux » au
> juge Bruguière avaient permis d'imputer un assassinat
> politique au Président Kagame et à son entourage, se
> rétracte.
>
> Après Emmanuel Ruzigana qui, sitôt la publication de
> l'ordonnance de soit-communiqué par ledit juge
> Bruguière, dénonça publiquement le fait que le juge
> anti-terroriste lui avait fait dire ce qu'il ne lui
> avait jamais confié, c'est maintenant au tour du
> témoin principal, Abdul Ruzibiza - dit Vénuste -, qui vit
> désormais en Norvège, de lâcher le reste de la bête.
>
> Il l'a fait avec un certain panache, accordant une
> longue interview très circonstancié e à la radio privée
> rwandaise Contact FM.
>
> A propos de ses aveux de témoin principal, qui avaient
> amenés Bruguière à conclure à la culpabilité de
> l'actuel président du Rwanda, Paul Kagame, dans
> l'attentat qui coûta la vie à son prédécesseur, et
> fut à l'origine du génocide, Vénuste abjure.
>
> Il avoue avoir fabriqué cette « histoire » de a à z.
>
> Sur les ondes de Contact FM, Ruzibiza explique : « tout
> ça a été planifié depuis le début », et de décrire
> par le menu ses différentes rencontres avec les barbouzes
> français, avant d'accéder au plat de résistance, le
> juge Bruguière.
>
> Ruzibiza a lancé mardi un autre pavé dans la Seine,
> affirmant avoir été « capturé » par les agents du
> gouvernement français. Il déclare être passé par
> l'ambassade de France à Kampala (Ouganda).
>
> Vénuste accuse du même coup Paris de collusion avec les
> génocidaires : « les communications étaient assurées par
> le leadership des FDLR (Forces démocratiques de Libération
> du Rwanda) ».
>
> Détail croustillant : c'est contre ces mêmes forces
> que le « rebelle » Laurent Nkunda fait en ce moment le
> coup de feu dans l'Est du Congo. En Janvier 2007,
> lorsque j'étais allé l'interviewer dans son QG,
> Nkunda m'avait présenté des preuves irréfutables
> démontrant que la France n'est toujours pas disposée
> à lâcher les assassins Interahamwe. [1].
>
> Fin de digression, retour à Vénuste, qui n'est pas
> moins piquant. Il raconte l'origine de son «
> témoignage » au juge Bruguière. A l'en croire, les
> deux hommes n'auraient pas échangé plus de « cinq
> mots » au cours de la demi-heure, au total, qu'ils ont
> passée ensemble. On a connu des juges d'instruction
> plus curieux et tatillons.
>
> En fait d'enquête de Bruguière et d'aveux de
> Vénuste, c'est un policier au service de la présidence
> française, qui avait été présenté à l'époque à
> Vénuste sous le nom de Pierre Payebien (plus qu'un
> pseudo ou un programme, cela sonne comme l'enseigne
> d'une caisse de retraite !), qui aurait tout arrangé.
> « Ce policier a rédigé le document et l'a remis au
> juge qui l'a signé ; puis je l'ai signé à mon
> tour », confesse Vénuste. La justice française
> n'arrête pas d'innover en matière de
> procédures…
>
> A la Ména, nous n'avions pas attendu [2] le coming out
> de Ruzibiza alias Vénuste, mardi, pour démontrer, il y a
> trois ans, par une analyse détaillée, que son témoignage
> chez Bruguière ne tenait pas debout.
>
> L'accusation du juge français reposait sur
> l'existence prétendue d'un network commando, sous
> la direction de Paul Kagame, qui aurait organisé
> l'attentat contre le Falcon 50 à bord duquel avait
> alors pris place feu le président rwandais Juvénal
> Habyarimana.
>
> Or à la question du journaliste de Contact FM de savoir
> s'il a jamais été membre de ce network commando,
> Ruzibiza a répondu : « Je ne sais même pas s'il a
> jamais existé ! ».
>
> A croire Vénuste, les services français se seraient
> attribué le rôle dévolu au juge d'instruction. Ils
> auraient orienté son enquête à sa place, recueilli des
> aveux, à la place à la fois du juge et du témoin. A
> entendre Vénuste, Bruguière fut la dernière étape
> d'un parcours fléché, entièrement organisé par la
> DGSE avec le concours de ses alliés génocidaires. Enième
> malheureux cas de figure de mixtion des pouvoirs sur le pont
> de la Démocratie France. Avec, en prime, des relents de
> Costa Gavras qui se mêlent aux senteurs africaines.
>
> Un témoin qui change de version, ce n'est pas très
> sérieux. Mais nous notons avec application qu'un
> témoin a le droit de modifier son témoignage, même si, ce
> faisant, il perd inévitablement en crédibilité.
>
> J'en ai parlé, hier soir, à Me Lev Forster,
> l'avocat français de Mme Kabuye. L'homme de loi
> considère qu'il ne saurait y avoir de nullité de
> procédure : « Il s'agit », m'a-t-il dit, « pour
> le moment d'une rétractation médiatique »,
> considérant que « cela montre que le dossier reposait sur
> des accusations douteuses. C'est un indice »,
> précise-t-il, « permettant de penser que ses déclarations
> initiales n'étaient pas suffisamment probantes ».
>
> Ainsi, selon Me Forster, « il est peu vraisemblable que
> les juges fassent l'économie d'entendre à nouveau
> ce témoin. Ils vont maintenant », a-t-il ajouté, «
> évaluer la crédibilité aussi bien des déclarations
> initiales que de la rétractation du témoin. » Tout
> devrait donc dorénavant dépendre de la façon dont
> Vénuste va motiver sa rétractation devant les juges.
>
> Ce qui risque bien de se produire, puisque Vénuste a
> déclaré à la radio avoir la volonté de venir témoigner
> devant les juges français dès lors que sa sécurité est
> garantie. « Je ne vois pas », a-t-il confié, « ce que je
> peux craindre de Rose Kabuye, étant donné que je n'ai
> jamais mentionné son nom (…). ».
>
> Il n'existe pas de raison objective d'accorder plus
> de crédit à la première mouture qu'à celle de mardi.
> Dans les faits, on retiendra sûrement qu'il n'y a
> pas lieu d'accorder une attention judiciaire exagérée
> à ce que peut raconter un individu comme Vénuste. Nous,
> cela fait trois ans que nous avions remarqué sa
> versatilité. Ce n'est donc sûrement pas sur la base de
> son témoignage caduque qu'une cour d'assises pourra
> envoyer au violon Mme Kabuye et transférer la
> responsabilité du génocide sur les épaules des dirigeants
> actuels de Kigali.
>
> Tout cela répond précisément à la volonté de ces
> mêmes dirigeants de porter l'affaire de la
> responsabilité de l'attentat contre le Falcon devant
> une instance européenne majeure. En répondant à cette
> interrogation, la justice, que les média ne pourront pas
> snober si le procès se déroule en Europe, dénoncera dans
> son verdict ceux, entre Kagame et son groupe ou Mitterrand,
> ses barbouzes et ses complices massacreurs, qui ont
> déclenché le génocide de 1994.
>
> On joue donc gros, très gros. De nouveaux juges
> instructeurs vont devoir décider, liminairement, s'ils
> décrètent l'emprisonnement de Rose Kabuye
> lorsqu'elle aura posé ses talons-aiguilles sur le sol
> français ; ensuite, en plat principal, ils devront choisir
> entre clore le dossier – entérinant ainsi que Kagame et
> les siens n'ont pas tué le président Juvénal
> Habyarimana, n'ont pas déclenché le génocide, et
> faisant porter ces terribles accusations sur
> l'ex-gouvernement français, ses alliés hutus
> génocidaires, et tous ceux qui, aujourd'hui encore,
> dans l'administration tricolore, mettent sciemment les
> bâtons dans les roues du char de la Justice – et renvoyer
> le dossier devant les assises.
>
> Cas pratique, patate chaude : que vont-ils faire de Kabuye
> Rose mercredi prochain ? Tandis que Vénuste, le témoin
> principal de Bruguière, ne la met pas en cause ? Que
> Ruzigana, son témoin accessoire, avait très promptement
> attesté – et est prêt à le refaire – que la
> déposition portant son nom n'est pas la sienne ? Que
> les mandats d'arrêts ont été lancés sur la base de
> l'accusation Bruguière qui, au mieux pour la justice
> française, ne tient plus que par l'alliance improbable
> entre la poussière et les toiles d'araignées. Au pire,
> a été endossée par un juge d'instruction sur ordre de
> l'Elysée.
>
> La justice française va-t-elle avoir l'audace
> d'incarcérer la représentante officielle d'un État
> étranger, qu'elle sait a priori parfaitement innocente
> du crime dont on a pu l'accuser ?
>
> Surtout : ladite justice va-t-elle donner à ceux qui la
> réclament la scène d'une cour d'assise française,
> où ils pourraient bien parvenir à démontrer la
> participation directe de l'Hexagone dans le génocide
> des Tutsis du Rwanda ?
>
> Tout cela devient de plus en plus embarrassant. Et qui
> connaît les nouvelles surprises que ce diable de Paul
> Kagame réserve encore à ses détracteurs parisiens ? Lui
> qui est parvenu à générer, avec une grande finesse, la
> situation que je viens de décrire. Qui a imposé aux
> Français un dilemme juridique très hot, qu'ils avaient
> tout fait, quoique fort maladroitement, pour éviter.
>
>
> Notes :
>
> [1] La France continue, aujourd'hui, de supporter les
> forces génocidaires rwandaises
>
> [2] Les contre-feux : les aveux des dissidents du FPR et
> Les contre-feux : Abdul Ruzibiza au service de la version
> française

Source: Serge Farnel, Metula News Agency

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Jean-Louis Kayitenkore
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