Source: http://www.lemonde.fr
Au Mozambique, la révolution de la patate orange
MAPUTO ENVOYÉ SPÉCIAL
Par plus de trente degrés, Virginia Machava, la soixantaine, délaisse sa houe
pour quelques minutes et montre du doigt, au loin,
des terres en friche bordées de hautes herbes et
quelques arbres : "L'année prochaine, on va agrandir
la parcelle de patates orange de ce côté-ci." Pour le moment, la communauté
agricole du 25-Septembre, composée de trente-huit agriculteurs dont Mme Machava est la présidente,
ne cultive que deux hectares de patates douces, à une trentaine de kilomètres au
nord-ouest de la capitale, Maputo. Mais cette mère de six enfants ne tarit pas d'éloges
sur le tubercule cultivé depuis un an : "C'est bon pour la santé et, en plus, c'est rentable !"
La révolution orange est en marche au Mozambique. Lancé il y a une dizaine d'années
par le Centre international de la pomme de terre (CIP), le projet d'introduction
de la patate douce, à chair orangée, dans les cultures et la consommation
des habitants de ce pays rural d'Afrique australe n'a véritablement pris
son essor que récemment. Un million de paysans mozambicains sont aujourd'hui
concernés, pour un coût total de 2,5 millions d'euros.
Une dizaine de nations africaines ont emboîté le pas au Mozambique,
dans le cadre d'un programme intitulé "Vitamine A pour l'Afrique".
L'initiative est partie d'un constat : près de 70 % des enfants mozambicains
âgés de 6 mois à 5 ans présentent une carence en vitamine A,
ce qui conduit une partie d'entre eux à perdre partiellement ou totalement la vue.
Quelque 125 millions d'enfants sont affectés dans le monde.
Or, contrairement à la patate à chair jaune, celle teintée d'orange
est riche en bêta carotène, qui est le précurseur de la vitamine A.
"Dès l'origine, le gouvernement mozambicain nous a soutenus,
se rappelle Jan Low, représentante du CIP en Afrique subsaharienne.
'' Il préférait notre solution à celle consistant à distribuer
des capsules de vitamines A tous les six mois, qui créait une dépendance."
Inconnue des paysans locaux, la patate douce a dû se faire
une place sur le sol mozambicain. Le coup d'accélérateur remonte à 2002.
"Les terribles inondations de cette année-là ont été un mal pour un bien,
car elles ont libéré de l'espace", raconte Maria Isabel Andrade,
responsable du projet au CIP. Ruinés, un millier de cultivateurs ont alors
reçu chacun deux cents plants gratuits.
Au bout de trois saisons, la patate orange était devenue incontournable.
Mais la plantation n'est que le premier maillon de la chaîne.
Il faut ensuite convaincre les mères de famille de l'intérêt d'inclure cet aliment
non traditionnel dans les repas du foyer. Dans les villages,
la communication du CIP est bien rodée. D'un côté, la couleur orange
est omniprésente : sur les camions, les casquettes, les affiches et même sur
des capulanas, ces paréos mozambicains distribués pour l'occasion.
De l'autre, un message simple - "La douceur qui apporte la santé" -,
distillé par la radio et des pièces de théâtre. Objectif : habituer la population au goût
de ce tubercule, plus sucré que la pomme de terre, et la sensibiliser à ses vertus nutritives.
Les résultats sont là : "Sur une période de dix-huit mois, nous avons constaté une diminution
de 15 % du nombre de personnes touchées par une carence en vitamine A",
explique Jan Low, qui estime que cette proportion pourrait encore augmenter.
En moyenne, l'apport en vitamine A a été multiplié par huit dans les ménages consommant de la patate douce.
"C'EST VRAIMENT BON"
Pour pérenniser cette culture, le CIP s'est efforcé d'en souligner les contreparties
en espèces sonnantes et trébuchantes. Les paysans de la communauté
du 25-Septembre l'ont vite constaté. "A côté des concombres, des tomates, des oignons
ou des haricots secs, la patate orange est l'une des cultures les plus rentables",
reconnaît Alfredo Chavangwane, secrétaire du groupement villageois.
Autre atout, les multiples façons de l'accommoder : biscuits, jus de fruits, gâteaux,
beignets, pain. Certaines boulangeries mozambicaines se sont même spécialisées dans
la production de ce pain doré, à la texture plus lourde que celle du pain blanc.
Et Albertina Biva sait désormais faire de la confiture à partir de la patate orange.
"C'est vraiment bon, et mes huit enfants adorent ça", dit-elle.
Dernier défi pour cette culture : résister aux sécheresses qui frappent le pays chaque année,
pendant une période de trois à six mois. Aujourd'hui, un tiers des plants n'y survit pas.
A quelques kilomètres du champ de la communauté du 25-Septembre,se trouve le centre agronomique d'Umbelizi. Dans les parcelles d'expérimentation,
Jabula Arlindo Zibia, agronome, sélectionne les plants
les plus résistants : "Le processus dure en moyenne trois ans,
mais nous devrions disposer de nouvelles variétés l'an prochain", assure-t-il.
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