1/10/09

Michel Sidibé, un Africain à la tête de l'Onusida

Source: Paul Benkimoun, http://www.lemonde.fr

Michel Sidibé, un Africain à la tête de l'Onusida

L'homme qui a pris la tête du Programme commun des Nations unies contre le VIH-sida

(Onusida) le 1er janvier n'arrive pas en terre inconnue. Michel Sidibé était depuis 2007

directeur exécutif adjoint dans l'organisme en charge de coordonner l'action des agences

des Nations unies contre la pandémie. Ce Malien de 56 ans avait rejoint l'Onusida comme

directeur du département du soutien aux pays et aux régions en 2001.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a donc choisi la continuité pour succéder à

Peter Piot, directeur exécutif depuis la création de l'Onusida en 1995.

Et pourtant : la désignation d'un Africain comporte une valeur symbolique.


L'Onusida

Organisation : le Programme commun des Nations unies contre le sida (Onusida) a

été créé en 1995. Il regroupe dix agences "coparrainantes" et est présent dans plus de 85 pays.

L'Onusida est géré par un Conseil de coordination du Programme où sont représentés

les gouvernements de 22 pays de toutes les régions géographiques,

six coparrainants et cinq organisations non gouvernementales (ONG),

notamment des associations de personnes vivant avec le VIH.

Effectifs : environ 800 personnes, dont près des deux tiers sur le terrain.

Budget : 469 millions de dollars pour 2008 et 2009. L'Onusida n'est pas chargé

du financement des programmes, tâche qui incombe au Fonds mondial contre le sida,

la tuberculose et le paludisme.

CHIFFRES

Le virus du sida dans le monde :

Séropositifs : ils sont 33 millions dont la moitié de femmes.

Deux tiers vivent en Afrique subsaharienne.

Nouvelles infections : 2,7 millions de personnes ont été atteintes en 2007.

Décès : 2 millions de décès ont eu lieu en 2007, dont 72 % en Afrique subsaharienne.

"Bien sûr que ce choix n'est pas anecdotique quand 26 millions de personnes sont

infectées par le VIH virus de l'immunodéficience humaine en Afrique et que plus de

4 millions d'entre elles auraient besoin de traitements et n'y ont pas accès,

reconnaît Michel Sidibé. Il y a besoin d'une vision continentale pour l'Afrique et de

mobiliser les leaders politiques africains autour de programmes plus intégrés.

" L'accélération de l'accès aux soins, à l'information et à la prévention constitue

une question centrale et "un Africain doit porter cela".

Si sa silhouette élégante, son sourire charmeur et ses manières chaleureuses

lui permettent d'évoluer avec aisance dans les institutions onusiennes depuis son entrée

au Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) en 1987, Michel Sidibé n'oublie pas qu'il a été

"un enfant de l'école populaire de Bamako, qui s'est construit autour de valeurs comme

le respect des autres, l'amour d'autrui et l'amélioration des conditions de vie".

Fils de parents qui travaillaient tous deux et disposaient d'un niveau de vie correct,

il enlevait ses chaussures avant d'arriver à l'école "car aucun des autres enfants n'en avait".

De son enfance, Michel Sidibé garde en mémoire un épisode qui fonde son rejet de la discrimination.

Agé de 11 ou 12 ans, il croisait tous les jours en rentrant de l'école un homme, Makan "le fou".

"Les enfants lui jetaient des pierres et je ne comprenais pas pourquoi. J'allais m'asseoir auprès de lui,

parce qu'alors mes camarades le laissaient tranquille", raconte-t-il de sa voix haut perchée.

Un jour, ne voyant pas Makan, l'enfant apprend qu'il a été hospitalisé "là où on traite les fous",

à l'hôpital du Point G. Il lui apporte à manger et le trouve enchaîné. Makan trouve la force de lui sourire.

Deuxième époque charnière, ses études en France, à Clermont-Ferrand : licence d'économie,

maîtrise de gestion hospitalière, DEA d'économie internationale du développement et de

géographie en aménagement du territoire. Président de l'Association des étudiants maliens,

il est au cœur des grands débats des années 1970 sur la justice sociale.

Alors qu'il postule pour devenir chef de mission de Terre des hommes,

il se retrouve face à son ancien professeur, Francis Vite, devenu secrétaire général de l'association.

Ce poste marque son retour en 1982 au Mali. Dans le nord du pays, dans la région de Tombouctou,

il se bat pour développer une stratégie de santé adaptée aux populations nomades touareg,

avec la mise en place d'écoles mobiles et de soins de santé primaires.

FRANC-PARLER

Repéré par l'ex-directeur de l'Unicef, il ouvre pour l'organisation onusienne un bureau au Zaïre

(aujourd'hui République démocratique du Congo), dans la région du Kasaï.

Après un passage par New York comme responsable des programmes dans les pays francophones,

Michel Sidibé retourne pour l'Unicef en Afrique, au Swaziland en 1994 puis au Burundi. A l'été 1996,

à la suite d'affrontements entre Hutu et Tutsi, les voisins du Burundi placent ce pays sous embargo.

Rompant avec la réserve diplomatique, M. Sidibé plaide, dans une tribune publiée dans Le Monde,

pour "les centaines de milliers d'enfants burundais, déjà confrontés aux conséquences

des massacres larvés qui se déroulent depuis des mois dans le pays et dont la vie est,

aujourd'hui, directement menacée par l'arrêt imminent de l'assistance humanitaire".

Un franc-parler peu apprécié à New York.

Pendant ces années, il découvre sur le terrain la réalité du sida. "J'ai compris que l'épidémie était là

pour longtemps et qu'on aurait du mal à la contrôler sans modifier les conditions économiques,

sociales et culturelles, la place faite aux femmes." Sa rencontre avec Peter Piot sera déterminante

pour rejoindre l'Onusida. "Un jour, j'ai raconté à Peter ce que l'on apprend aux enfants peuls à propos

du caméléon, se souvient Michel Sidibé. Il ne tourne jamais la tête à gauche ou à droite :

cela signifie qu'il faut avoir un objectif. Ses yeux peuvent tourner indépendamment l'un de l'autre :

cela implique de savoir évaluer l'environnement. Une seconde avant de prendre sa proie,

le caméléon est encore immobile : autrement dit, le self-control est crucial.

Lorsqu'il arrive quelque part, il change de couleur, l'adaptabilité et la gestion

de la diversité sont essentielles pour réussir."

Succéder à Peter Piot n'est pas chose facile, tant le médecin belge a imprimé sa marque.

Michel Sidibé compte bien faire preuve des qualités du caméléon pour "donner une voix

aux sans-voix, renforcer une alliance globale et utiliser encore plus efficacement

des ressources mobilisées contre le sida".

Source: Paul Benkimoun, http://www.lemonde.fr



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