Jeune Afrique- Par : Patrick Sandouly -
La réforme du foncier a dynamisé le secteur de l'immobilier© DR
Le petit pays d'Afrique de l'Est recueille les fruits de
deux ans de réformes pour moderniser son économie,
attirer les investisseurs et doper les exportations.
« Un nectar à redécouvrir. »
C'est avec ce slogan que Starbucks Coffee vendra
le café rwandais dans 700 points de vente du Royaume-Uni
dès le début de 2010.
L'annonce a été faite à Kigali le 29 juin par le PDG
de la multinationale américaine : le Bourbon Arabica
du Rwanda fera l'objet d'offres promotionnelles
tout au long de l'année.
En visite dans ce pays de 10 millions d'habitants,
Howard Schultz, patron de 17 000 boutiques,
a également inauguré un Centre de soutien
aux producteurs qui travaillera avec les paysans
de la région pour qu'ils obtiennent
la certification Fairtrade. Une garantie de
« commerce équitable » à laquelle
les consommateurs britanniques sont particulièrement
attentifs et sur laquelle Starbucks construit
une partie de son image, achetant chaque année
9 000 tonnes de tels cafés, soit 5 % de
sa consommation totale.
Le Rwanda compte 128 coopératives, dont une seule fournit
aujourd'hui Starbucks.
En 2008, elles ont produit 22 000 tonnes de café,
représentant 47 millions de dollars,
sa principale recette d'exportation (40 %, et
plus de 50 % avec le thé).
L'objectif est de porter ce montant à
120 millions de dollars en 2011,
pour une production de 35 000 tonnes.
Valoriser le haut de gamme
« Nous tirons le maximum du café et du thé,
en choisissant les variétés les plus recherchées,
et nous nous diversifions vers d'autres produits
haut de gamme comme la soie et le cuir »,
explique Clare Akamanzi, directrice générale
adjointe du Rwanda Development Board (RDB).
Cheville ouvrière de cette structure chargée de
stimuler les exportations et les investissements,
elle accumule les bonnes nouvelles en cette fin juin.
Le 23, le RDB signait avec le centre néerlandais
de promotion des importations (CBI) et
la Fédération rwandaise des entreprises privées
(Private Sector Federation, PSF)
une convention d'assistance technique pour
la promotion des produits rwandais en Europe.
La méthode a fait ses preuves au Kenya,
désormais grand exportateur de fleurs.
C'est la seconde convention signée en deux ans
avec le Rwanda ; la première a représenté
un investissement de 1,5 million de dollars,
dont 1 million venant du CBI et le reste d
'appuis logistiques de la Riepa,
l'agence de promotion des investissements et
des exportations, sorte d'ancêtre du RDB.
Créé à la fin de 2008, sur le conseil de
l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair,
et opérationnel depuis janvier,
le Rwanda Development Board réunit
notamment, outre la Riepa, l'Office du tourisme
et des parcs nationaux (ORTPN) et
la Rwanda Information Technology Authority (Rita),
chargée de créer une société de l'information.
Le gouvernement dépense chaque année plus
de 50 millions de dollars dans ce domaine.
Il s'est porté acquéreur de 10 000 ordinateurs auprès
de la fondation One Laptop Per Child (OLPC),
qui a écoulé plus d'un demi-million de ses PC à
100 dollars dans le monde.
Trois cents étudiants ont été envoyés cette année
en Inde pour développer leurs compétences en logiciels.
La stratégie informatique du pays lui a valu un long article
de Sarah Lacy, spécialiste des nouvelles technologies
du Washington Post dans l'édition
du 29 juin – jour décidément propice
à l'image internationale du Rwanda.
Insensible aux compliments, Clare Akamanzi
égrène les réformes engagées. « Toutes
les agences et institutions gouvernementales
sont concernées », ajoute-t-elle en évoquant
la refonte en cours du droit commercial.
La ligne directrice de son action a été donnée par
la présidence de la République en 2007,
quand Paul Kagamé a décidé d'améliorer le classement
de son pays dans le rapport Doing Business
de la Banque mondiale (158e).
Publié chaque année en septembre, le document établit
le palmarès de 181 économies en fonction de la qualité
de l'environnement des affaires, critère fondamental
pour attirer les investisseurs et développer
les échanges commerciaux.
Deux ans plus tard, le Rwanda est arrivé 139e,
non loin de l'Algérie (132e) et devant le Sénégal (150e)
dans ce classement où seuls trois pays africains
figurent parmi les 100 premiers (Maurice, Afrique du Sud
et Tunisie).
Dans la dernière édition, le Rwanda se trouve parmi
les vingt premiers réformateurs grâce à
des améliorations dans
trois domaines : la création d'entreprises (11 places gagnées),
l'accès au foncier et
aux permis de construire (35 places)
ainsi que l'accès à la propriété (78 places).
Sur les dix indicateurs du rapport Doing Business,
trois méritent encore
des efforts : l'accès au crédit (le Rwanda est 145e), l
a protection des investisseurs (170e)
et le commerce transfrontalier (168e).
Sur ce dernier plan, les efforts ont jusqu'à présent
porté sur la simplification des procédures administratives,
ce qui a permis de diminuer de 40 % les délais de livraison.
Mais le pays souffre de
son enclavement : les coûts par conteneur acheminé
depuis ou vers le Rwanda sont
jusqu'à deux fois plus élevés que pour
son voisin Tanzanien.
Côté accès au crédit, la libéralisation
du secteur bancaire et l'arrivée
cette année de géants tels qu'Ecobank
ou Access Bank devraient permettre
de gagner des points.
Il le faudra, de toute façon : l'équipe
de travail nationale Doing Business Unit
s'est fixé pour objectif d'être dans
les dix premiers pays réformateurs
du prochain rapport.
Rendez-vous en septembre.
Jeune Afrique- Par : Patrick Sandouly -
J-L K
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