Source: http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/07/17/meymac-fief-de-m-chirac-
redoute-la-perte-de-son-fleuron-industriel_1219938_3234.html#xtor=RSS-3234
on comprendrait, mais les gens ne vont pas arrêter
de consommer des médicaments !",
s'emporte Marie-Hélène Clatot, technicienne de production
à l'usine Bristol-Myers-Squibb (BMS) de Meymac (Corrèze).
Comme elle, beaucoup de salariés
du laboratoire pharmaceutique américain
disent en avoir "gros sur la patate".
BMS prévoit de se séparer en juin 2010
de cette usine qui fabrique le Fervex (rhume),
le Dafalgan (fièvre) ou encore
le Mucomyst (bronchite).
La direction tente de trouver un repreneur.
Les discussions continuent avec cinq sociétés,
mais les salariés semblent résignés.
"Nous espérons un repreneur, mais,
quoi qu'il arrive, beaucoup vont rester sur le carreau.
Pour la ville, c'est une catastrophe",
déplore Abdel Laref, technicien en recherche
et développement et membre de l'intersyndicale.
"Si l'usine ferme, on devra quitter la région,
vendre nos maisons.
C'est ce qui fait le plus mal au cœur",
ajoute Sylvie, technicienne de production.
Installé sur la commune depuis 1990 et
employant 160 salariés, le site a fini
par faire partie du paysage.
Perçue à l'origine comme "un ovni posé
au milieu de nulle part", l'usine,
à la pointe du progrès,
fait maintenant la fierté des habitants de Meymac.
En 1988, Jacques Chirac, alors député (RPR)
de la Corrèze était intervenu personnellement
auprès des dirigeants de BMS pour
les convaincre de s'installer à Meymac.
A l'époque, Georges Pérol, l'un de ses fidèles,
était le maire de cette commune de 2 600 habitants
située sur les contreforts du plateau de Millevaches.
Son successeur, Serge Vialle, ne veut pas croire
à la fermeture du site : "C'est un outil
de travail exceptionnel. Ce serait absurde !"
Depuis vingt ans, le pouvoir d'achat des employés
de l'usine a fait vivre cette région défavorisée.
Terre d'élevage, le plateau de Millevaches
ne possède aucune autre industrie,
à l'exception de l'exploitation du bois,
aujourd'hui fragilisée par la crise immobilière.
Un temps numéro deux mondial de la pharmacie,
BMS est aujourd'hui au 11e rang.
Comme beaucoup de grands laboratoires,
le groupe souffre de la concurrence des génériques.
Leur généralisation remet en cause
son modèle de développement.
L'heure est aux restructurations.
"Notre priorité ? Prendre le virage
des biotechnologies",
assure Benoît Gallet,
le porte-parole de BMS en France.
En décembre 2007, James Cornelius,
le nouveau PDG du groupe,
avait dévoilé son projet de réorganisation.
Il prévoyait de diviser par deux
le nombre d'usines dans le monde.
De fait, en septembre 2008, BMS a annoncé
qu'il ne conserverait qu'un site de production
sur les trois qu'il possède en France.
Ce désengagement concerne
Epernon (Eure-et-Loir) d'ici à fin 2009
et Meymac d'ici à juin 2010.
Leurs activités seront transférées sur Agen.
En tout, 400 emplois sont menacés.
Une centaine de postes seront créés à Agen,
dont une quarantaine sont réservés
aux salariés de Meymac.
Mais pour tous, la décision de BMS
est difficile à accepter : les bénéfices de la société
ont été multipliés par deux en 2008
à 5,2 milliards de dollars (3,72 milliards d'euros).
Surtout, l'usine corrézienne reste rentable.
Malgré les génériques, les ventes des produits
qu'elle fabrique ne fléchissent pas.
En février, les salariés se sont mis en grève
pendant trente-trois jours.
Soutenus par les habitants de la région
et par les élus, ils ont obtenu
de meilleures indemnités.
Les mieux lotis partiront avec
deux années de salaire. Mais,
dans un secteur habitué au dialogue social,
cet épisode a laissé de profondes cicatrices.
"Jamais cette industrie n'avait connu
un conflit aussi dur", reconnaît M. Gallet.
Source: http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/07/17/meymac-fief-de-m-chirac-
redoute-la-perte-de-son-fleuron-industriel_1219938_3234.html#xtor=RSS-3234
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