du documentaire de Thierry Michel,
Katanga Business (1), sur la province
minière congolaise du Katanga.
Au continent des premiers âges, magnifié en silence
dans le très long plan-séquence de Souleymane Cissé
dans Waati, s'oppose d'emblée la vision très sombre
d'un Katanga voué
au business international : vue d'avion de
terres latéritiques désolées, fouillées, creusées
par de dantesques machines ou
par une armée de misérables clandestins.
Au rythme lent du précédent Congo River, où
le même cinéaste suivait le fleuve et
ses multiples activités, s'oppose le bruit et
la fureur du Katanga ; mais quand au bord de l'eau
un vieux colon avouait, dans
ce précédent film, « attendre le retour
de la colonisation » (sic !), on pourrait ici
l'imaginer heureux, avantageusement recyclé
dans les mines autour de Kolwezi.
Ses semblables y abondent et ont, par exemple,
repris les activités de la célèbre Gécamines,
société extractive d'Etat ruinée par les pillages
du despote Joseph Mobutu.
Un des personnages-clés de cette privatisation,
longuement interviewé, est
le peu sympathique George Forrest, dirigeant
du groupe et du clan du même nom : ce « vice-roi »
du Katanga, typique des « vieux colons »
installés dès les années 1930, possède en effet
les deux tiers d'une société mixte où
il donne ses ordres dans
l'ancienne société d'Etat, décatie et bureaucratisée.
Les néocolons belges au Congo, marqués
physiquement et moralement, paraissent
décidément bien détestables !
Il y a là sans doute comme un effet miroir
involontaire d'un cinéaste bruxellois qui
s'est essayé à typer les puissants, tandis que
la masse des mineurs congolais apparaît
peu individualisée, à la manière
d'un chœur antique dont on suit les réactions
sans bien en comprendre les ressorts intimes.
A l'inverse, dans cette saga de personnalités
complexes mais « fictionnées », Michel
s'est trouvé un intercesseur et presque
un héros dans le personnage magnifié
de Moïse Katumbi — le « gouverneur » du Katanga.
Sorte de Berlusconi local de 45 ans, amateur
de 4 5 4 et homme d'affaires prospère, posant
au chevalier blanc en lutte contre la contrebande
du minerai, la corruption multiforme ou
l'envahissante présence chinoise.
Ce qui n'empêche pas une démagogie
« à la Mobutu », de la redistribution ostentatoire
de dollars à la protection paternaliste
envers une clientèle de déshérités.
Paysages dévastés, mineurs « sauvages »
risquant la mort à tout instant, mines
clandestines chinoises, exportation de minerai brut
vers la Zambie par une myriade de
camions clandestins, tirs de la troupe sur
des syndicalistes désarmés,
au profit des compagnies occidentales...
Situations surréalistes à force de réalisme,
à rendre altermondialiste un spectateur naïf
en quête d'une Afrique « terre de contrastes »
depuis longtemps disparue...
A ceux qui pourraient encore croire qu'il s'agit
d'un documentaire lointain et « exotisant »,
il suffirait de rappeler que les principaux minerais
sont vitaux pour les économies occidentales,
à la fois stratégiques et symboliques
d'une occidentalisation en marche : cuivre, cobalt
et surtout le fameux coltan, utilisé dans
nos téléphones cellulaires !
Pourtant, tout n'est pas à rapporter à
une mondialisation uniforme : l'absence de réaction
des sociétés locales et la quasi-inexistence
de l'Etat congolais ne s'expliquent que
par une histoire spécifique, politique
et patrimoniale de
la colonisation belge — une des
plus violentes et coercitives de la planète.
Michel Galy.
--
J-L K.
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