8/16/09

Le cauchemar du Katanga

 Une Afrique d'après la chute. Nul ne sort indemne
du documentaire de Thierry Michel,
Katanga Business (1), sur la province
minière congolaise du Katanga.

Au continent des premiers âges, magnifié en silence
dans le très long plan-séquence de Souleymane Cissé
dans Waati, s'oppose d'emblée la vision très sombre
d'un Katanga voué
au business international : vue d'avion de
terres latéritiques désolées, fouillées, creusées
par de dantesques machines ou
par une armée de misérables clandestins.

Au rythme lent du précédent Congo River,

le même cinéaste suivait le fleuve et

ses multiples activités, s'oppose le bruit et

la fureur du Katanga ; mais quand au bord de l'eau

un vieux colon avouait, dans

ce précédent film, « attendre le retour

de la colonisation » (sic !), on pourrait ici

l'imaginer heureux, avantageusement recyclé

dans les mines autour de Kolwezi.

Ses semblables y abondent et ont, par exemple,

repris les activités de la célèbre Gécamines,

société extractive d'Etat ruinée par les pillages

du despote Joseph Mobutu.

Un des personnages-clés de cette privatisation,

longuement interviewé, est

le peu sympathique George Forrest, dirigeant

du groupe et du clan du même nom : ce « vice-roi »

du Katanga, typique des « vieux colons »

installés dès les années 1930, possède en effet

les deux tiers d'une société mixte où

il donne ses ordres dans

l'ancienne société d'Etat, décatie et bureaucratisée.

Les néocolons belges au Congo, marqués

physiquement et moralement, paraissent

décidément bien détestables !

Il y a là sans doute comme un effet miroir

involontaire d'un cinéaste bruxellois qui

s'est essayé à typer les puissants, tandis que

la masse des mineurs congolais apparaît

peu individualisée, à la manière

d'un chœur antique dont on suit les réactions

sans bien en comprendre les ressorts intimes.

A l'inverse, dans cette saga de personnalités

complexes mais « fictionnées », Michel

s'est trouvé un intercesseur et presque

un héros dans le personnage magnifié

de Moïse Katumbi — le « gouverneur » du Katanga.

Sorte de Berlusconi local de 45 ans, amateur

de 4 5 4 et homme d'affaires prospère, posant

au chevalier blanc en lutte contre la contrebande

du minerai, la corruption multiforme ou

l'envahissante présence chinoise.

Ce qui n'empêche pas une démagogie

« à la Mobutu », de la redistribution ostentatoire

de dollars à la protection paternaliste

envers une clientèle de déshérités.

Paysages dévastés, mineurs « sauvages »

risquant la mort à tout instant, mines

clandestines chinoises, exportation de minerai brut

vers la Zambie par une myriade de

camions clandestins, tirs de la troupe sur

des syndicalistes désarmés,

au profit des compagnies occidentales...

Situations surréalistes à force de réalisme,

à rendre altermondialiste un spectateur naïf

en quête d'une Afrique « terre de contrastes »

depuis longtemps disparue...

A ceux qui pourraient encore croire qu'il s'agit

d'un documentaire lointain et « exotisant »,

il suffirait de rappeler que les principaux minerais

sont vitaux pour les économies occidentales,

à la fois stratégiques et symboliques

d'une occidentalisation en marche : cuivre, cobalt

et surtout le fameux coltan, utilisé dans

nos téléphones cellulaires !

Pourtant, tout n'est pas à rapporter à

une mondialisation uniforme : l'absence de réaction

des sociétés locales et la quasi-inexistence

de l'Etat congolais ne s'expliquent que

par une histoire spécifique, politique

et patrimoniale de

la colonisation belge — une des

plus violentes et coercitives de la planète.

Michel Galy.



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