8/20/09

Ruses of ecstasy / Les ruses de l'extase

Systems of domination are precarious buildings,
constantly undermined by underground faults.
After a certain stage, the more the oppressors
are trying to consolidate their power, the more they
hasten its ruin.

Often, this process finds its emblem in seemingly
innocuous objects that materialize quizzical shake
that history loves to inflict powerful.
 
On the same subject

This is true of the vibrator.
In a study published in the United States in
1999 and now available in french, Rachel P. Maines
traces the advent of this revolutionary technology,
which came to light showing the contradictions
gnawing inside of ideology "androcentrism.

What is it?
First doxa widespread, which makes the whole world
around this single axis: the phallus.

According to this doctrine, the sexual relationship
"normal" is defined as: an act of vaginal penetration
that ends with the male orgasm.
If this approach proves to be fragile, however,
because it rests on the denial of a fact attested
since the dawn of time: more than intercourse,
it is the clitoral caresses which women enjoy .

To circumvent this difficulty, argues Rachel P. Maines,
ideologists of the penis have moved the debate
on the medical field.
From ancient times, it was decreed that any woman
unable to achieve orgasm through vaginal penetration
had a disturbing pathology.
This medicalization of the problem had at least
two advantages.

From a doctrinal point of view, first, it was
to preserve the primacy of the male orgasm,
the only one that matters - because it is
the man, and because it is
necessary to fertilization.
From a practical point of view, then,
allowed the subterfuge "to evade
the explanation face-to-head on
the reciprocity of orgasm heterosexual",
so to scale back a lot of small
and large violence: l 'bans on masturbation,
conjugal frustrations, the fate of
the simulation, in short
all unsaid who stand our patriarchal society.

Here the author repeats the conventional analysis
of what Foucault called "the hystérisation
of the female body" in the West.
And while admitting that some women
diagnosed as "hysterical" suffered from real,
the historian says that this category was first
used to disqualify the sensitivity of the insurgency
against the yoke female misogynist.

In this revolt, history has provided discreet support
by one of these tricks which it is customary.
Over the centuries, in fact, doctors have
claimed cure the "hysteria", or
"suffocation of the matrix
by a real clinical orgasm:" Marriage is
not always sufficient, far from it to
"cure" a "disease" under the relentless
operation of female sexuality outside
the dominant sexual paradigm,
ironically Rachel P. Maines.

Doctors have inherited the dirty work
because nobody else wanted to do it .

Erudition AND HUMOR

So much so that those members of
the elite male found themselves forced
to invent a thousand and one tricks
to lead their patients on their way to ecstasy.
Or to perform safely, these therapists have
rediscovered the wonders of the clitoris.

In these areas, men of art have gained
little knowledge, but above all
a strong know-how.
Since Hippocrates until the 1920s,
they were likely to recommend
 a "orgasmothérapie"
centered on a careful massage
of the vulva.

Concerned, in turn, delegate this task,
they generated the invention of devices
become more sophisticated.
Thus was born the modern vibrator,
which the historian describes the beginnings
in the late nineteenth century.
First sold in the medical market, it was soon
marketed as a mere tool
of appliances: "Thanks to him, you feel
you beat all the pleasures of youth,

" The vibration that's life! " "From ...",
so delicious companions promised
advertisements published in
the American press the years 1910-1920.

Without the facilities in which such a subject
might have been, Rachel P. Maines did not
mix less erudition and humor.
A hinge of history of women, medicine
and technology, his book shows how the vibrator
is both a symptom of male hegemony and
the best instrument to subvert.
Invented by the same people who wanted
to ignore the clitoris, it has come
to symbolize in sovereignty.
To feed the worst nightmare for the guardians
of order androcentrism, as summarized in
this joke well known
feminist circles: When did God create man?
When the woman realized that
the vibrator did not know dancing ...

Technology of orgasm, the vibrator, the "hysteria"
and the sexual satisfaction of women
(The Technology of Orgasm) by Rachel P. Maines,
translated from English (United States)
by Oristelle Bonis,
Alain Giami preface, Payot, 272 p., 20 €
.
 








Les systèmes de domination sont des édifices précaires,

sans cesse minés par des failles souterraines.

Passé un certain stade, plus les oppresseurs

essaient de consolider leur pouvoir, plus

ils précipitent sa ruine.

Souvent, ce processus trouve son emblème

dans des objets apparemment anodins,

qui matérialisent les secousses narquoises

que l'Histoire aime infliger aux puissants.

Sur le même sujet

Il en va ainsi du vibromasseur.

Dans une étude parue aux États-Unis en 1999,

et désormais accessible en français,

Rachel P. Maines

retrace l'avènement de

cette technologie révolutionnaire, qui est venue

exhiber au grand jour les contradictions

rongeant de l'intérieur l'idéologie "androcentriste".

De quoi s'agit-il ?

D'une doxa très répandue, qui fait tourner

le monde entier autour

de cet axe unique : le phallus.

Selon cette doctrine, le rapport sexuel "normal"

se définirait comme suit : un acte

de pénétration vaginale qui se conclut

par l'orgasme masculin.

Si cette vision des choses se révèle

fragile, toutefois, c'est parce qu'elle

repose sur la négation d'un fait attesté

depuis la nuit des temps : bien davantage

que le coït,

c'est la caresse clitoridienne

qui fait jouir les femmes.

Afin de contourner cette difficulté,

soutient Rachel P. Maines,

les idéologues du pénis ont déplacé le débat

sur le terrain médical.

Dès l'Antiquité, il fut décrété que toute femme

incapable de parvenir à l'orgasme

par pénétration vaginale souffrait

d'une inquiétante pathologie.

Cette médicalisation du problème avait

au moins deux avantages.

D'un point de vue doctrinal, d'abord,

il s'agissait de préserver la primauté

de l'orgasme masculin,

le seul qui compte - parce que c'est

celui de l'homme, et parce qu'il

est nécessaire à la fécondation.

D'un point de vue pratique, ensuite,

le subterfuge permettait "d'échapper

aux explications en tête-à-tête sur

la réciprocité de l'orgasme hétérosexuel",

donc d'escamoter tout un tas de petites

et de grandes violences : l'interdit concernant

la masturbation, les frustrations conjugales,

les fatalités de la simulation,

bref l'ensemble des non-dits

qui font tenir debout notre société patriarcale.

Ici, l'auteure reprend les analyses classiques

de ce que Foucault a nommé "l'hystérisation

du corps féminin" en Occident.

Et tout en admettant que certaines femmes

diagnostiquées comme "hystériques"

souffraient de troubles réels, l'historienne affirme

que cette catégorie a d'abord servi

à disqualifier l'insurrection de la sensibilité

féminine contre le joug misogyne.

A cette révolte, l'Histoire a apporté

un soutien discret, par l'une de ces ruses

dont elle est coutumière.

Au fil des siècles, en effet, les médecins

ont prétendu soigner l'"hystérie ",

ou la "suffocation de la matrice",

par une véritable clinique de l'orgasme : "Le mariage

ne suffisait pas toujours, loin s'en faut,

à "soigner" une "maladie" relevant

du fonctionnement opiniâtre

de la sexualité féminine en dehors

du paradigme sexuel dominant,

Les médecins ont hérité de la sale besogne

parce que personne d'autre ne v

oulait s'en charger." ironise Rachel P. Maines.

ERUDITION ET HUMOUR

Tant et si bien que ces membres de l'élite mâle

se sont trouvés contraints d'inventer mille

et une astuces propres à conduire

leurs patientes sur le chemin de l'extase.

Or pour les mener à bon port, ces thérapeutes

ont redécouvert les prodiges du clitoris.

En ces domaines, les hommes de l'art

ont acquis un faible savoir, mais surtout

un solide savoir-faire.

Depuis Hippocrate jusqu'aux années 1920,

ils ont été nombreux à recommander

une "orgasmothérapie" centrée sur

un savant massage de la vulve.

Soucieux, à leur tour, de déléguer cette tâche,

ils ont suscité l'invention d'appareils

de plus en plus perfectionnés.

Ainsi naît le vibromasseur moderne,

dont l'historienne décrit les premiers

balbutiements à la fin du XIXe siècle.

D'abord vendu sur le marché médical,

il fut bientôt commercialisé comme

un banal ustensile

d'électroménager : "Grâce à lui,

vous sentirez palpiter en vous

tous les plaisirs de la jeunesse",

"La vibration c'est la vie !",

"De si délicieux compagnons...", promettaient

les publicités publiées dans

la presse américaine des années 1910-1920.

Sans verser dans les facilités auxquelles

un tel sujet aurait pu donner lieu,

Rachel P. Maines n'en mêle pas moins

érudition et humour.

A la charnière de l'histoire des femmes,

de la médecine et des technologies,

son livre montre comment le vibromasseur

représente à la fois le symptôme de

l'hégémonie masculine et le meilleur

instrument pour la subvertir.

Inventé par ceux-là mêmes qui voulaient

ignorer le clitoris, il a fini par en

symboliser la souveraineté.

Jusqu'à nourrir le pire cauchemar

des gardiens de l'ordre androcentriste,

tel que le résume cette blague bien connue

des cercles féministes : quand Dieu a-t-il

créé l'homme ?

Quand la femme a compris que

le vibromasseur ne savait pas danser...


 

Technologies de l'orgasme,

Le vibromasseur, l'"hystérie" et

la satisfaction sexuelle des femmes

(The Technology of Orgasm)

de Rachel P. Maines, traduit de l'anglais

(Etats-Unis) par Oristelle Bonis,

préface d'Alain Giami, Payot, 272 p., 20 €.

 



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             J-L K.
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