Dernière lettre de Patrice Emery Lumumba à son épouse Pauline
Lettre écrite en prison en décembre 1960
à sa femme Pauline.
Ma compagne chérie, Je t'écris ces mots sans savoir
s'ils te parviendront, quand ils te parviendront et si
je serai en vie lorsque tu les liras.
Tout au long de ma lutte pour l'indépendance
de mon pays,
je n'ai jamais douté un seul instant du
triomphe final de la cause sacrée
à laquelle mes compagnons et moi avons
consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour
notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité
sans tache, à une indépendance sans restrictions,
le colonialisme belge et ses alliés occidentaux - qui ont trouvé
des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés,
parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-unies,
cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance
lorsque nous avons fait appel à son assistance -
ne l'ont jamais voulu. Ils ont corrompu certains de nos compatriotes,
ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller
notre indépendance.
Que pourrai-je dire d'autre ?
Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes,
ce n'est pas ma personne qui compte.
C'est le Congo,
c'est notre pauvre peuple dont on a transformé l'indépendance
en une cage d'où l'on nous regarde du dehors,
tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir.
Mais ma foi restera inébranlable.
Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard
mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs
et extérieurs, qu'il se lèvera comme un seul homme
pour dire non au capitalisme dégradant et honteux,
et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.
Nous ne sommes pas seuls. L'Afrique, l'Asie et les peuples libres
et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours
aux côtés de millions de congolais qui n'abandonneront la lutte
que le jour où il n'y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires
dans notre pays.
A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus,
je veux qu'on dise que l'avenir du Congo est beau et qu'il attend d'eux,
comme il attend de chaque Congolais, d'accomplir
la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance
et de notre souveraineté, car sans dignité il n'y a pas de liberté,
sans justice il n'y a pas de dignité, et sans indépendance
il n'y a pas d'hommes libres.
Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m'ont jamais amené
à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute,
la foi inébranlable et la confiance profonde dans
la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans
la soumission et le mépris des principes sacrés.
L'histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l'histoire
qu'on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris
ou aux Nations Unies, mais celle qu'on enseignera dans
les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches.
L'Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud
du Sahara une histoire de gloire et de dignité.
Ne me pleure pas, ma compagne.
Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre
son indépendance et sa liberté.
Vive le Congo !
Vive l'Afrique !
Patrice Emery Lumumba.
à sa femme Pauline.
Ma compagne chérie, Je t'écris ces mots sans savoir
s'ils te parviendront, quand ils te parviendront et si
je serai en vie lorsque tu les liras.
Tout au long de ma lutte pour l'indépendance
de mon pays,
je n'ai jamais douté un seul instant du
triomphe final de la cause sacrée
à laquelle mes compagnons et moi avons
consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour
notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité
sans tache, à une indépendance sans restrictions,
le colonialisme belge et ses alliés occidentaux - qui ont trouvé
des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés,
parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-unies,
cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance
lorsque nous avons fait appel à son assistance -
ne l'ont jamais voulu. Ils ont corrompu certains de nos compatriotes,
ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller
notre indépendance.
Que pourrai-je dire d'autre ?
Que mort, vivant, libre ou en prison sur ordre des colonialistes,
ce n'est pas ma personne qui compte.
C'est le Congo,
c'est notre pauvre peuple dont on a transformé l'indépendance
en une cage d'où l'on nous regarde du dehors,
tantôt avec cette compassion bénévole, tantôt avec joie et plaisir.
Mais ma foi restera inébranlable.
Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard
mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs
et extérieurs, qu'il se lèvera comme un seul homme
pour dire non au capitalisme dégradant et honteux,
et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur.
Nous ne sommes pas seuls. L'Afrique, l'Asie et les peuples libres
et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours
aux côtés de millions de congolais qui n'abandonneront la lutte
que le jour où il n'y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires
dans notre pays.
A mes enfants que je laisse, et que peut-être je ne reverrai plus,
je veux qu'on dise que l'avenir du Congo est beau et qu'il attend d'eux,
comme il attend de chaque Congolais, d'accomplir
la tâche sacrée de la reconstruction de notre indépendance
et de notre souveraineté, car sans dignité il n'y a pas de liberté,
sans justice il n'y a pas de dignité, et sans indépendance
il n'y a pas d'hommes libres.
Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m'ont jamais amené
à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute,
la foi inébranlable et la confiance profonde dans
la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans
la soumission et le mépris des principes sacrés.
L'histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l'histoire
qu'on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris
ou aux Nations Unies, mais celle qu'on enseignera dans
les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches.
L'Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud
du Sahara une histoire de gloire et de dignité.
Ne me pleure pas, ma compagne.
Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre
son indépendance et sa liberté.
Vive le Congo !
Vive l'Afrique !
Patrice Emery Lumumba.
--
J-L K.
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