AP/Themba Hadebe
Source: http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/07/14
/la-recession-rend-criante-la-mauvaise-sante-de-l-entrepreneuriat-sud-africain_1
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La récession rend criante la mauvaise santé de l'entrepreneuriat sud-africain
JOHANNESBURG CORRESPONDANCE
"La Coupe du monde (de football) sera là l'an prochain. Quels sont les besoins ?
Comment profiter de cette opportunité pour étendre votre marché ?"
Dans la salle, une quarantaine d'entrepreneurs noirs, assis autour de tables rondes,
écoutent leur professeur de marketing qui, feutre à la main, s'agite autour
d'une grande feuille blanche affichée au mur et couverte de mots-clés.
Ces futurs ou actuels patrons de salons de coiffure, de maisons d'hôtes,
d'ONG, d'épiceries, âgés de 30 ans en moyenne, ont déboursé
130 euros pour participer à six jours de formation sur l'entrepreneuriat.
Situé sur le campus de la township (bidonville) de Soweto,
au sud de Johannesburg, le centre de développement des petites entreprises
(CSBD) a ouvert ses portes il y a un an.
L'idée est née d'un constat : "85 % des PME à Soweto meurent
au bout de trois ans, la plupart ne font pas plus de 9 000 euros
de chiffre d'affaires par an, décrit Thami Mazwai, le directeur du centre.
Il faut donner à ces chefs d'entreprise les moyens de gonfler leur carnet
de commandes pour que leur business survive."
L'entrée en récession, en début d'année, de l'Afrique du Sud,
du jamais-vu depuis dix-sept ans, a mis en lumière l'une des carences
de la première puissance économique africaine.
Le pays présente des taux de création et de survie d'entreprises parmi
les plus bas du monde.
Selon le rapport 2008 du consortium Global Entrepreneurship
Monitor (GEM), la nation australe est classée 38e
sur les 43 pays étudiés en termes de nouvelles entreprises.
"Leur taux de survie, de 7,8 % au bout de trois ans et demi,
est largement inférieur à la moyenne générale",
commente Mike Herrington, l'un des auteurs.
En 2008, 280 000 entreprises ont été inscrites sur le registre national
du commerce, mais plus d'un million seraient créées chaque année,
si l'on inclut le secteur informel.
ASSISTANAT
En déclarant, en mars, que l'apartheid avait tué l'esprit d'entreprise,
l'ancien ministre des finances, Trevor Manuel, avait mis l'accent sur
une cause majeure de cette situation.
L'un des effets pervers du système d'oppression des 80 % de Noirs
par la minorité blanche au pouvoir jusqu'au début des années 1990
a été l'introduction d'"une culture de l'assistanat conduisant à tout attendre de l'Etat",
juge Azar Jammine, directeur du cabinet Econometrix.
"A l'école, les parents disaient qu'un vrai travail, c'était être employé, pas employeur",
rappelle James Wanjohi, à la tête de la Branson School of Entrepreneurship.
La forte mortalité des PME sud-africaines est aussi liée à un manque
de compétences. D
ans la salle de cours de Soweto, Irlin Rangogo, 47 ans,
ne parvenait pas à faire grandir sa société de prévention sanitaire l
ancée en 2004.
"Avant, je ne voyais pas où l'argent filait, raconte-t-elle,
désormais, je conserve chaque facture,
je sais ce que sont un bilan et l'autofinancement."
Cette méconnaissance de la finance et du marketing
est souvent doublée d'une absence de connaissances basiques.
"Beaucoup ne savent pas comment s'habiller correctement,
faire une présentation, écrire une lettre, trouver un numéro de téléphone s
ur les Pages jaunes, communiquer avec leurs clients",
liste Martin Feinstein, directeur général de The Business Place,
un réseau de points d'accueil qui aide les entrepreneurs.
La situation très monopolistique du marché sud-africain ne facilite
pas non plus la tâche des aspirants.
Le 3 juin, Jacob Zuma, élu président en avril, promettait
de créer un demi-million d'emplois d'ici à la fin de l'année.
Un chiffre qui apparaît irréaliste.
Son administration assure toutefois que le développement
des PME sera une priorité pour créer de l'emploi.
"Ce qui a été fait dans le passé n'est pas suffisant",
estime Sipho Zikode, directeur adjoint du ministère
du commerce et de l'industrie.
"Nous allons proposer d'autres services,
car la clé de l'emploi dans les zones rurales, ce sont les PME."
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