Photo: Centre de données
Source: Lilian Alemagna, http://lemonde.frLes centres de données, de plus en plus gourmands en énergie
La chasse au "gaspi" dans les centres de données est ouverte.
Ces immenses salles, appelées aussi "data centers",
composées de multiples serveurs informatiques qui stockent
les informations nécessaires aux activités des entreprises,
sont devenues de véritables gouffres énergétiques.
Selon une étude menée par des chercheurs européens
dans le cadre du programme de l'Union européenne
"Énergie intelligente - Europe", les 7 millions de centres de données
recensés dans les pays de l'Union européenne consommeraient,
chaque année, 40 milliards de kilowattheures,
soit l'équivalent de l'énergie utilisée annuellement par
une grande agglomération française pour son éclairage public.
Si rien n'est fait, cette consommation électrique pourrait, d'ici à 2011,
augmenter de 110 % par rapport à 2006, estime l'enquête
qui sera complétée au printemps par des études de cas en entreprises.
14 400 tonnes par an. C'est la quantité de CO2 produite par
le futur super-ordinateur de l'office météorologique
britannique (Met Office) censé aider à lutter contre
le réchauffement climatique.
Achetée 33 millions de livres (36,3 millions d'euros),
cette machine produira autant de CO2 que 2 400 personnes en une année.
"Nos super-ordinateurs actuels produisent déjà 10 000 tonnes de CO2
chaque année,
mais cela n'est qu'une partie des émissions de carbone économisées
grâce à notre travail", s'est défendu Alan Dickinson,
un des responsables du Met Office, au
quotidien britannique The Times.
Le nouvel équipement doit permettre d'améliorer les prévisions météorologiques.
Les données permettront ensuite de mieux connaître
l'impact des gaz à effet de serre sur l'environnement.
"Dans les prochaines années, la croissance des nouveaux
data centers sera faramineuse. Si on ne prend pas des mesures
maintenant, on va dans le mur !
" s'alarme Alain Anglade, chercheur au sein de l'Agence de
l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) et
membre de l'équipe de chercheurs.
Encore modeste à l'échelle de l'Hexagone,
l'énergie utilisée par les centres de données
(4 à 6 milliards de kilowattheures) représente 1 % de la consommation
d'électricité du pays.
Un pourcentage appelé à croître rapidement en raison de la
diffusion rapide des nouvelles technologies informatiques.
Les banques, par exemple, soumises à des réglementations
croissantes en termes de stockage et traitements de
leurs données informatiques,
sont déjà contraintes d'agrandir leurs centres de données.
Le gouvernement français a saisi l'occasion du plan
France numérique 2012, lancé en octobre 2008,
par le secrétariat d'État au développement de
l'économie numérique pour créer un observatoire
des centres de données.
A horizon de dix-huit mois environ, il permettra aux entreprises
de se comparer entre elles et de les aider à prendre
des mesures pour qu'elles diminuent
la consommation énergétique de leurs machines,
explique en substance Alain Anglade,
un des responsables du projet pour qui
"les entreprises sont déjà sensibilisées car ce gaspillage
commence à leur coûter beaucoup d'argent".
Cette mise en commun devrait également permettre aux entreprises
d'anticiper sur la création de nouvelles normes environnementales
plus contraignantes au niveau européen.
Parallèlement, le ministère de l'économie et des finances
vient de lancer un groupe de réflexion. Baptisé
"Green ITW" et dirigé par Michel Petit, membre de l'Académie
des sciences, il doit proposer, d'ici à mai, des solutions pour
une "utilisation éco-responsable" des centres de données.
En clair, comment faire des économies d'énergie sans pénaliser
les entreprises dans l'utilisation de leurs outils informatiques.
Selon l'étude européenne déjà citée, près de
12 milliards d'euros pourraient être économisés grâce à
de nouveaux équipements moins gourmands en électricité
et des techniques plus efficaces de ventilation des salles.
L'Allemagne a, de son côté, déjà entrepris de lutter contre
le gaspillage énergétique des "data centers".
Depuis l'été dernier, un guide est à disposition des entreprises
pour leur faire prendre conscience du problème et les pousser
à investir dans des équipements plus efficaces.
Bien décidé à montrer l'exemple, le ministère fédéral
de l'environnement a annoncé en novembre 2008
avoir baissé la consommation d'électricité de ses
propres serveurs de 60 %, soit
une économie de CO2 de 44 tonnes.
Particulièrement concernés, les géants de l'informatique
cherchent eux aussi déjà à réduire la facture énergétique
de leurs data centers devenus gigantesques
pour stocker e-mails, vidéos et autres documents disponibles
en un seul clic.
Récemment, Google, Yahoo ! ou encore Microsoft
ont installé certains de leurs sites informatiques sur les bords
de grands cours d'eau américains.
Ils souhaitent pouvoir refroidir plus facilement leurs machines et
utiliser les centrales hydrauliques proches pouvant
leur fournir de l'électricité moins chère.
Jouant la carte du développement durable,
Google affirme avoir investi 45 millions de dollars dans
les énergies renouvelables.
Le mastodonte américain a même déposé un brevet
pour pouvoir installer des centres informatiques alimentés
par l'énergie des vagues et refroidis par
l'eau de mer sur des plates-formes flottantes.
Source: Lilian Alemagna, http://lemonde.fr
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J-L K.
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