« Jeudi Noir lance le tube de l'hiver:
un chanson sur Christine Boutin,
Jeudi Noir ouvre un Crous !
Vous connaissez forcément le Crous. C'est cet organisme
qui offre des chambres de cité U et des repas moyens aux étudiants.
Récemment, pendant quatre années, dans le Ve arrondissement de Paris,
rue de la Harpe, ils ont logé gratuitement des pigeons sans ressources !
Quatre années de vacance, c'est beaucoup, surtout à 250 mètres de la Sorbonne.
Alors le collectif Jeudi Noir, qui milite contre la présence des pigeons
dans les bâtiments publics, s'est approprié ces 400 m² pour y loger
cinq étudiants et quatre jeunes précaires.
Et comme ni le Crous ni les pigeons n'ont porté plainte,
eh ben on y est toujours !
Pigeons ou étudiants ?
On vous fait visiter ? C'est ici. Dans le temps, c'était un centre médico-social
pour étudiants.
Une certaine Lydie Hostater en avait fait don à l'Etat pour y soigner les jeunes.
Lydie est morte en 1969.
Ça fera même quarante ans pile le 16 février 2009,
et on ne pouvait pas décemment trahir sa mémoire en laissant
un tel immeuble vacant. Enfin quand je dis vacant…
Pour le directeur du Crous, ce bâtiment n'est pas du tout abandonné.
On aura mal compris ?
Ben oui, parce que dès qu'on y est entré, hop, il a eu l'idée soudaine
d'en faire quelque chose : un centre pour étudiants handicapés.
Pas mal ! Nous on est pour. D'ailleurs, c'est un bon plan,
cette histoire. A réutiliser.
On vous prend votre place assise dans le métro ? «Ah, excuse-moi,
mais je comptais justement la dédier à un étudiant handicapé…»
Vous recevez votre avis d'imposition ? «Ah ben mince, juste au
moment où j'allais faire une donation pour
des étudiants handicapés !»,
et ainsi de suite. Succès assuré.
Le directeur du Crous a même dit que notre présence
«ralentira» la mise en œuvre de ce noble chantier,
prévu pour «juin 2009». Joli !
Il faut croire que la présence des pigeons aussi l'a ralenti
pendant quatre ans ?
En fait, on a l'air de rigolos, comme ça, mais on se renseigne
avant de passer à l'action. Ce bâtiment est sans projet.
Les représentants de l'Unef et de la Fage, qui siègent
au Conseil d'administration du Crous, nous ont confirmé que
ce «projet» n'est jamais passé en Conseil d'administration.
Donc d'ici à prévoir l'arrivée des bulldozers pour dans cinq mois,
ça fait un peu coup de bluff.
Le Crous manque d'argent apparemment,
car cette réhabilitation coûterait trop cher à son (trop faible) budget.
Autre information notable : le mois dernier, un militant de
Jeudi Noir s'était fait passer pour un journaliste enquêtant sur
les bâtiments vides auprès d'une représentante d'une
société d'économie mixte spécialisée dans l'immobilier parisien.
Cette dame lui avait expliqué qu'elle avait proposé au Crous
de transformer cet immeuble en logements sociaux,
sans réponse du Crous pendant… un an.
Voilà, donc en attendant les travaux, nous proposons au Crous de
signer une convention de bail précaire qui garantirait que nous payons
les charges tant que c'est vide,
sur le modèle de ce qui s'est fait au Ministère de
la crise du logement au 24 rue de la Banque.
Et que nous partons quand commence le chantier.
Que ce soit dans six mois ou deux ans, mais nous ne ralentirons
aucun projet évidemment. Bon, ceci dit, vu la réactivité des autorités,
il vaudrait mieux préciser que ce sera destiné
à des handicapés patients.
Au Commissariat avec Martin Hirsch
Pour le nom, on a beaucoup hésité.
Il y a les classiques : «le Crous», «la Harpe», «l'hosto».
Bof.
Après, comme c'est situé dans une rue très touristique blindée
de restos grecs, on s'est dit qu'on pourrait faire un clin d'œil
à la révolte des jeunes Grecs, la génération à 600 euros.
Du coup, ça ferait «Génération Grecs», ou «Génération Kebab».
Certains esprits malins ont même avancé «STO»,
non pas en référence au travail obligatoire que les étudiants
doivent accomplir pour payer leur loyer, mais surtout en l'honneur
de la célèbre question existentielle
des vendeurs de Kebabs : «Salade – Tomate – Oignons ?».
Passons. Pour impliquer les étudiants, genre démocratie participative,
il y avait aussi un truc cash, direct, jeune : «Dans ton Crous !».
Vous en dites quoi ?
On vous propose un référendum en ligne si ça vous chante.
On avait aussi suggéré le «Petit commissariat à la jeunesse»,
en clin d'œil à Martin Hirsch, nouveau «Haut»
Commissaire à la jeunesse.
Et vous savez quoi, en plus ?
Martin Hirsch nous a répondu : il nous propose de parler
du choix du nom avec lui dans les jours qui viennent.
Mais on a insisté pour parler aussi du devenir du bâtiment,
de la pénurie de cités U, de la dérégulation des loyers
des chambres de bonnes,
des stages payés un tiers du Smic, et tout ça.
On a eu d'autres soutiens en plus.
La vice-présidente étudiante (Unef) du Crous elle-même est
venue vendredi à notre conférence de presse pour témoigner
de l'appui sans faille de son syndicat.
SUD-Etudiant a fait un communiqué dans le même sens.
Nous avons pu compter également sur la venue de
la députée Verte de Paris Martine Billard,
des socialistes du quartier et bien sûr
du porte-parole du DAL Jean-Baptiste Eyraud.
Le syndicat étudiant UNI, lui, a dû se mélanger
les pinceaux quand il a dit qu'on était
«proche des mouvements d'extrême-gauche» et
qu'on occupe cet immeuble de façon «illégale».
Comme il n'y a ni plainte ni jugement attestant de cette illégalité,
on se demande si on ne devrait pas assigner l'UNI en justice
pour dénonciation calomnieuse.
Mais leur site marche bizarrement et on ne peut pas y lire
le communiqué en entier : ils auront donc droit
à notre extrême clémence.
Et comme de toute façon on a davantage aidé les étudiants
en dix jours que eux en quarante ans,
ils auront même droit à notre ultra indifférence.
Source: Manuel Domergue,
http://ministeredelacrise.blogs.liberation.fr
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