6/27/08


  

 

 

La huitième édition de « Matonge en couleurs »  s'est déroulée comme toutes les années : flot incessant de visiteurs, musique à tue-tête, barbecue, bière à flot.

C'était l'occasion de rencontrer de personnes que l'on avait perdues de vue depuis des mois, voir des années…

Stars, politiques, parents, belges anciens du Congo ou mariés à des congolaises,  jeunes, enfants et même bébés en poussettes, personne n'a manqué à l'appel. La  nostalgie du bled natal était palpable.

Au-delà de la fête, « Matonge en couleurs » tangue désormais entre deux pesanteurs : Le défouloir d'un côté pour les visiteurs dont le plus gros contingent est constitué des congolais, le business pour les organisateurs et les propriétaires des stands, les marchands ainsi que les petits vendeurs d'un week-end.

Qu'est-ce qui fait courir les Congolais ?

Celui qui a vécu à Kinshasa sait qu'à Matonge, la vie ne s'arrête pas. Bien de choses sont disponibles : boisson, musique, brochettes, filles de plaisir, vendeurs à la criée, petites affaires… Vingt-quatre heures sur vingt quatre. Il y a ceux qui y atterrissent  à la tombée de la nuit, il y a aussi ceux qui n'y arrivent qu'au-delà de minuit, et ceux bien sûr qui n'en partent qu'après le lever du soleil.

Oser transporter à Bruxelles cette ambiance pour quarante-huit heures, c'est pratiquement ramener dans les bagages un grand désir et ses travers : celui de se défouler. Le programme prévoyait vingt-trois heures pour plier bagages ? Les décibels des podiums pouvaient être arrêtés, mais les « ambianceurs » n'étaient pas disposés à rentrer dormir comme des curés. Dans la nuit du samedi au dimanche, quand nous avons quitté les lieux vers deux heures du matin, il y avait toujours autant de gens sur chaussée de Wavre que vers vingt-deux heures !

De plus en plus de filles et femmes à l'habillement suggestif occupaient le terrain. À chacun ou chacune sa marchandise à brader, brocante oblige.

Le dimanche soir, la police a fait de son mieux pour faire respecter l'heure de la fin : plus de barbecue après 22 heures sous peine d'amendes, plus de musique. Mais le public lui est bien resté durant très longtemps…. 

Dans cet environnement socioculturel, ici à Bruxelles, un phénomène social est apparu et qui mérite d'être épinglé : la poussée des jeunes d'origine congolaise, filles et garçons.

À la fête de « Matonge en couleurs » il était loisible de s'en rendre compte. Très nombreux, par grappes entiers,  surtout autour du podium de musique qui a été installé cette année à la place Fernand Cocq, loin de la sortie de la bouche du métro, vrai centre nerveux de « Matonge .» Très accrochés à la musique de leurs stars locales, s'abreuvant de la rythmique, des paroles, et des mélodies dispensées. Qu'ont-ils comme problèmes ou préoccupations ? Quelle influence cette proximité a-t-elle sur leur comportement d'aujourd'hui ou de demain ? Que se disent-ils entre deux morceaux de musique?

Leur habillement actuel surtout en été, très suggestif et qui, à défaut d'exhiber  complètement certaines parties du corps, les met expressément en évidence est-il innocent ?

Quand au business, il doit bien être présent mais jusqu'à quelles limites ? Sur les affiches et autres supports publicitaires, un certain flou apparaît dans la dénomination de l'événement. De Matonge en couleur on glisse subtilement vers d'autres dénominations, en prenant soin de garder le mot « Matonge » quelque part. C'est cela la vache à lait : supprimez Matonge, vous n'aurez plus le flot de milliers de congolais qui viennent dépenser sans compter.

Y a-t-il quelque part tentative de détourner l'idée originale telle que l'avait conçue monsieur Kungu, initiateur du projet ? La propriété intellectuelle a ses droits.

L'évènement ne devrait-il pas être organisé en tenant compte de la donne congolaise ? Devons-nous rappeler qu'en 2004, la tension politique au Congo avait failli s'inviter à « Matonge en couleur » ? Il n'est pas prudent de perdre la mémoire.

« Coupez les racines d'un arbre, et vous n'aurez plus de fruit. »

Bien de personnes impliquées dans les coulisses de l'événement « Matonge en couleurs » ou en tirant forts dividendes semblent ignorer cela. Pour preuve, cette anecdote :

Le lundi 23 au lendemain de la fête, sous nos yeux, un commerçant de nourriture exotique balance un paquet de tracts d'une manifestation congolaise prévue pour le 28. Logiquement, pour lui, la fête est terminée.  Je lui fais remarquer :

- La manifestation annoncée sur ce tract n'a pas encore eu lieu.

Il me répond :

-         Il y en avait beaucoup.

Je lui rétorque :

-         Alors, il faut restituer les tracts aux propriétaires, ils ont dépensé de l'argent pour imprimer cela.

Il veut discuter. Je sors mon appareil photo. Quand le flash crépite, il prend ses jambes au cou et s'abrite rapidement dans le magasin.

Moralité ?

Tant qu'ils sont clients et déboursent, les Congolais sont bons. Après ? Leurs problèmes, à la poubelle !

 

Cheik FITA

 

 

Bruxelles, le 25 juin 2008


PHOTOS DU DESSUS : DZANI MPIANA, WABABECKAM, et KUNGU
photos ci-dessous
Hélène Madinda du L'espace Matonge, Gisèle Mandaila, Stella Mandaila
l'artiste Jadis
des clientes attendant d'être servies
Ghislaine Molai
WABABECKAM en pleine exhibition

  

 






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