10/15/08

Berlusconi : le roi se marre

Le roi s'amuse alors que les bourses s'effondrent, la crise avance, le monde est à bout de souffle. M. Berlusconi, lui, après l'énième conférence de presse où il a sorti une fois de plus son refrain "se tenir tranquille", est allé se distraire un peu dans une boîte de nuit.


Il en a rajouté le jour suivant avec une soirée "rigolote" dans un théâtre de variété romain bourré de danseuses aux nichons frétillants.

C'est que personne n'est à l'abri de son passé et le Premier ministre a eu le loisir de retrouver ses années juvéniles, quand il gagnait sa croûte en veste de chanteur de charme sur les navires de croisière.

Les gars de son Parti de la liberté, qui se croient tout permis, se sont froissés, non pas pour les randonnées nocturnes du chef, mais parce que sur un talk show de la troisième chaîne de télévision publique quelqu'un a fait remarquer qu'aller se prélasser de la sorte en ces jours, c'est pas gentil envers les citoyens.

Comme quoi, ils ont soufflé à tout va dans les trompettes de l'indignation de centre-droite : « Calomnies et attaques diffamatoires, la Rai ne doit aucunement se faire instrument d'une campagne de haine contre le Premier ministre ».

Et voilà, le roi ne s'amuse point, au contraire, il veille au bonheur de ses concitoyens.

D'autant plus que Berlusconi a bien répliqué sur le thème. Profitant de l'entracte, il a improvisé un message à la nation : « Je suis venu vous dire ce soir que le gouvernement a pris des décisions grâce auxquelles aucun Italien ne perdra un seul euro dans cette crise, je répète, aucun Italien ne perdra un euro ».


A la bonne heure : étant donné que Berlusconi ne se montre jamais au Parlement, qu'il puisse donc causer de la salle où se situe la scène du Salone Margherita, le temple romain par excellence de la variété comique de droite, au milieu de ses amis artistes de cabaret.


Le comique a eu un second moment fort au bar du théâtre. Une dizaine de nanas "bling-bling" en "micro" jupe ont déboulé aussi sec sur l'ancien chanteur de charme. Les mères émoustillées avec accompagnateurs virtuellement cocus lui ont ouvert les oreilles à défaut des cuisses et il leur a coulé dedans une fois de plus le miel de ses déclarations apaisantes (« Faut rester calme »). Sans oublier naturellement d'octroyer à l'auditoire une de ses redoutables historiettes osées : « Alors, il y a un monsieur qui entre dans un restaurant, voit une belle dame et dit à l'ami qui est avec lui : tu vois là-bas ? Eh ben, moi, je coucherai avec. Mais c'est ma femme, lui rétorque l'ami. Et l'autre : ah, mais je peux payer, bien sûr ». Tout le monde s'esclaffe. La démocratie, c'est de voter et de rire suivant ses propres possibilités.

Toutefois le plus amusant devant toujours venir, à la conférence de presse du lendemain, il a donné à tous les Ritals le bon conseil de ne pas vendre leurs actions, mais bien au contraire d'en acheter. « J'ai vu les valeurs de titres tels que Eni, Enel, Mediaset, c'est-à-dire d'entreprises qui continuent d'être rentables - a déclaré Berlusconi - eh bien, c'est en fait une période de spéculation à l'envers. Ça va rentrer dans l'ordre sans doute, même si on ne sait pas quand. De toute façon le marché recommencera sans doute à évaluer ces entreprises par rapport à leur vraie valeur ».

Cela veut dire qu'en Italie il y a un Premier ministre qui exhorte la population à garder les actions de sa propre boîte, Mediaset, et aussi de deux sociétés contrôlées par l'Etat. Il a fallu que l'ancien juge anti-corruption de l'opération Mani Pulite, Antonio Di Pietro, actuellement un des leaders de l'opposition parlementaire, se mette à crier au scandale et à la violation du Code pénal, en énumérant les délits dont Berlusconi se serait rendu coupable avec ses déclarations en faveur de son entreprise de "téloche", pour qu'enfin les principaux journaux italiens, tous contrôlés par de grands groupes industriels, écrivent sur le sujet.



De toute façon, sur la question des conflits d'intérêts, Barbara Berlusconi, la fille du roi Silvio, 24 ans, troisième dans la lignée, a su montrer aux Italiens les gestes qu'on voulait voir et dire les mots qu'il fallait. Elle était dernièrement à Milan à un congrès sur l'éthique dans l'économie et, tout en bâtissant sa fronde familiale avec une interview au quotidien anglais The Time, a déclaré que, en effet, il vaudrait mieux régler une fois pour toutes les conflits d'intérêts. Ce qui, il faut l'admettre, donne de l'espoir pour l'avenir.






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Jean-Louis Kayitenkore
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