10/15/08

Le camp McCain broie du noir

 

De notre correspondant à Washington PHILIPPE GRANGEREAU

McCain à Arlington (Virginie), dimanche 12 octobre.

McCain à Arlington (Virginie), dimanche 12 octobre. (REUTERS)

    John McCain récolte la tempête. L'un des militants historiques de la lutte pour l'égalité des droits civiques, John Lewis, a accusé samedi le sénateur de l'Arizona et sa colistière de «semer les graines de la haine et de la division». Lewis n'a pas hésité à comparer le duo au tristement célèbre George Wallace, le très raciste gouverneur de l'Alabama des années 60, dont le slogan était «ségrégation maintenant, ségrégation toujours». «Je suis profondément troublé par le ton négatif de la campagne McCain-Palin», a accusé Lewis, un démocrate pro-Obama membre de la Chambre des représentants. «Ce que je vois aujourd'hui évoque vraiment pour moi une autre période destructive de l'histoire américaine.» Comparant McCain à George Wallace, il poursuit en expliquant que ce dernier avait «créé le climat et les conditions qui ont encouragé des attaques barbares contre des Américains innocents qui tentaient simplement d'exercer leurs droits civiques». McCain et Palin, conclut-il, «jouent avec le feu».

    «Terroriste», «arabe», «menteur», «traître», «tuez-le!» Prenant pour cible Barack Obama, les supporteurs de John McCain et Sarah Palin ont en effet répondu au quart de tour la semaine dernière aux discours provocants distillés par le duo républicain, qui met en exergue leur «amour du pays» et leur «patriotisme» afin de mieux souligner les origines étrangères d'Obama. «Il ne voit pas les Etats-Unis de la même manière que nous», balançait la semaine dernière Sarah Palin devant des militants républicains qui surenchérissaient. «Barack Obama fricote avec les terroristes», a poursuivi la candidate à la vice-présidence à propos du candidat démocrate, après avoir évoqué les liens entre celui-ci et Bill Ayers, qui fut dans les années 70 membre d'un groupe extrémiste, les Weathermen. Ce groupe, qui a posé des bombes dans les bâtiments gouvernementaux, avait à l'époque été classé «terroriste» par le FBI. Ayers, aujourd'hui professeur à l'Université de l'Illinois et qui était voisin d'Obama à Chicago, a effectivement collaboré avec le sénateur de l'Etat dans des projets d'éducation à partir des années 90.

    Autre planète. Posant de manière rhétorique la question «mais qui est vraiment Barack Obama ?» les derniers spots publicitaires de McCain suggèrent que le candidat noir viendrait, en quelque sorte, d'une autre planète. Pressentant que l'exagération pourrait se retourner contre lui, McCain a tenté ces deux derniers jours de modérer les réactions hostiles qu'il suscitait. A une vieille dame qui dans une réunion déclare au micro qu'elle ne veut pas d'Obama «parce qu'il est arabe», McCain réplique que son rival est «un homme de famille respecté» qui ne mérite pas d'être insulté… «Le terroriste Barack Hussein Obama», écrit dimanche, sur le ton ironique, l'éditorialiste du New York Times Frank Rich en affirmant que «le feu attisé par McCain et Palin est devenu incontrôlable».

    Tous ces coups bas ne font pas remonter vraiment McCain dans les derniers sondages, qui créditent toujours Obama d'une avance de 6 %. Et dernier revers : Sarah Palin a été reconnue coupable ce week-end «d'abus de pouvoir» par une commission d'enquête de parlementaires de l'Alaska pour avoir tenté de licencier son ex-beau-frère de la police. De quoi attiser l'anxiété du camp républicain. Beaucoup déplorent que McCain, qui se disperse en attaques mesquines soulignant son côté casse-cou, ne dispose pas d'un «message central» rassembleur. «On est à un tournant. On commence à ressentir une vraie frustration parce que le temps passe et que le message de notre campagne ne passe pas», déplore le président du parti républicain du Michigan - un Etat où McCain, anticipant une victoire des démocrates, a renoncé à faire campagne. «Il faut qu'il choisisse un thème unique et qu'il s'y tienne», implore Vin Weber, un ancien membre républicain du Congrès cité dans le New York Times.

    Inconstance. «La débâcle financière est le souci primordial des Américains», explique à Libération Larry Mishel, le président de l'Institut de politique économique (EPI) basé à Washington. Mais là encore, McCain brille par son inconstance. «Il a toujours eu un coup de retard sur la crise économique. Il a été contre, puis pour le plan de sauvetage financier… tandis qu'Obama a été ferme. Il a commencé à parler d'intervention gouvernementale dans la crise des subprimes dès le printemps, et j'ai beaucoup plus confiance en lui qu'en McCain pour résoudre la crise», juge l'économiste.







    --
    Jean-Louis Kayitenkore
    Procurement Consultant
    Gsm:  +250-08470205
    Home: +250-55104140
    P.O. Box 3867
    Kigali-Rwanda
    East Africa
    Blog: http://www.cepgl.blogspot.com
    Skype ID : Kayisa66

    No comments:

    Post a Comment