10/15/08

Pourquoi Obama a-t-il gagné les élections américaines ?

Les machines à voter ne pourront cette fois rien y changer, l'avance est trop grande. Barack Obama sera le 4 novembre prochain le 44e président des Etats-Unis, tous les paramètres sont aujourd'hui réunis pour qu'il l'emporte largement.

Depuis l'annonce de sa candidature le 2 mai 2007, le changement est le credo du candidat démocrate. Change we can believe in (le changement auquel nous pouvons croire). Et dans la situation actuelle des Etats-Unis, les Américains ne réclament rien plus que du changement. John McCain essaye de renchérir : Real change we can believe in, a-t-il dit. Mais il ne peut incarner ce vrai changement, lui qui du haut de ses 72 ans a voté en faveur de 90 % des lois proposées par l'administration Bush.

1) Les crises économique et financière

Tous les sondages indiquent que c'est le sénateur de l'Illinois qui tire le plus profit de la crise actuelle. Pourtant, il ne semble pas que les deux candidats aient proposé des solutions radicalement différentes en la matière (rappelons par exemple qu'ils appelaient tous les deux de leurs vœux un vote positif de la Chambre des représentants dès la première mouture du Plan Paulson, pourtant bien moins avantageuse aux contribuables que la version adoptée en deuxième lecture). Les dommages de la politique économique de l'administration Bush causent un tort sans nom à John McCain car, sans rien proposer, Barack Obama récolte les fruits des erreurs du camp adverse.

2) La crise politique

C'est sans doute le point le plus critique de la campagne des républicains. Comment faire pour se démarquer d'un membre de votre parti qui passera peut-être pour le président à la mandature la plus déplorable ? Tiens, cela me rappelle quelqu'un... Mais à la différence du septuagénaire républicain, Nicolas Sarkozy est un personnage autrement plus dynamique et crédible sur le thème de la rupture. D'autant plus que, comme le démontre le premier vote négatif sur le Plan Paulson (65 républicains en faveur, 133 contre), le parti se lézarde, plus du tout enclin à aller dans le sens de leur président de chef, crédité d'un tout petit 25 % d'opinions favorables. Comme pour tout leader d'une opposition, les bénéfices à tirer sont inversement proportionnels aux errements de la politique en cours.

3) La crise internationale

Barack Obama a peut-être gagné une légitimité sur les questions internationales dès son discours d'opposition à la guerre en Irak en octobre 2002 (et non par un vote pour celui qui n'était pas encore élu au Sénat). 4 100 GI's morts au combat et six années d'occupation stériles plus tard, le démocrate réutilise à l'envi cet argument dans ses meetings et ses débats présidentiels. Et comme personne n'a dit aux Américains qu'il s'agissait d'une guerre pour le pétrole, ils ne peuvent même pas se féliciter de l'accomplissement de cet objectif. Une opposition à la guerre qui porte tellement Barack Obama qu'il n'hésite même pas à annoncer vouloir discuter avec les présidents iranien ou vénézuélien sans préalables. Ses adversaires tentent de s'en offusquer, mais cela n'affleure en rien les excellents chiffres d'Obama dans les sondages.

4) L'inexpérience

C'est peut-être le thème qui a le plus fait "pschitttt" dans la campagne de John McCain. Alors qu'il tenait là un véritable argument politique (Barack Obama n'a été élu sénateur qu'en 2004, sans réel adversaire), il a par la nomination de Sarah Palin dynamité ses propres munitions. Comment dès lors attaquer Obama sur son inexpérience quand vous décidez de nommer au poste de vice-président une apprentie politique qui se vante d'avoir acquis de l'expérience internationale par la proximité de l'Etat dont elle est élue avec la Russie ? Alors que vous êtes vous-même atteint d'un cancer de la peau et que vous seriez à 72 ans le plus âgé des présidents des Etats-Unis en 220 ans d'Histoire ?

5) Les colistiers

Le démocrate Joe Biden présente l'intérêt d'apporter un peu de cette fameuse expérience nécessaire à tout ticket et également de renforcer les positions de Barack Obama en Pennsylvanie, Etat-clé dans la course à la présidence et dont il est originaire. De l'autre côté, on s'interroge. Coup de poker ou coup de grisou ? On vient d'en parler, on a tout écrit, tout lu et tout entendu sur Sarah Palin, maverick de l'Arkansas, prête à chasser le caribou ou à "descendre" quiconque viendrait à lui faire barrage. Du Donald Rumsfeld la subtilité en moins. Du George Bush le charme en plus. Personne ne pourra vraiment analyser l'influence qu'elle aura finalement eue dans la campagne républicaine. Mais il est certain que le vrai effet Palin n'aura duré que deux semaines, le temps que les électeurs se rendent compte de la supercherie. Des membres du Parti républicain qualifieront le choix de cette colistière comme celui d'un vieil homme sénile. Plusieurs autres ont demandé sa démission.

6) La question raciale

C'est le dernier argument en stock depuis que Sarah Palin a fait chou blanc en essayant d'attirer l'attention sur les supposées mauvaises fréquentations de Barack Obama. Tentant de rappeler ses connexions plus ou moins récentes avec Bill Ayers, activiste d'extrême-gauche dans les années 60, l'équipe de campagne démocrate n'a pas tardé à dégainer une vidéo pas plus avantageuse pour John McCain dans laquelle sont rappelés les liens étroits entre ce dernier et Richard Keating, homme d'affaire propriétaire d'un groupe de caisse d'épargne qui fera faillite et coûtera deux milliards de dollars aux contribuables.

Du coup, on entend de plus en plus Sarah Palin évoquer dans ses discours Barack Hussein Obama plutôt que Barack tout court Obama. C'est latent c'est sûr. On verra si ça prend. Mais on peut légitimement penser qu'après deux ans de campagne, les Américains ont dû depuis le temps bien intégrer le fait que ce deuxième prénom ne sonne pas très catholique... Cela n'empêche en tout cas pas le sénateur de l'Illinois d'être à trois semaines du scrutin très en avance dans les sondages, sondages qui intègrent pour la plupart déjà des corrections liées à la nature "inhabituelle" de la couleur de peau du candidat démocrate. A l'heure de la plus grave crise pour le peuple américain depuis des décennies, dans la colère et dans l'urgence, peut-on croire que la question de cette couleur de peau prendra le pas sur celle de la politique générale et du changement demandé ?





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