10/2/08

Chefs d'entreprise, quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés à cause de la crise ?

LEMONDE.FR | 02.10.08 | 18h39
Des entreprises dans la crise
 

La crise a débuté déjà depuis janvier 2007 pour l'exportation, par Michel Deron

Designer et chef d'entreprise depuis peu (création de ma société en février 2007) dans les accessoires très haut de gamme, j'ai été touché dès le départ de mon activité : mes commandes prises lors des Salons professionnels à Paris en 2007, sur un fichier de 2 500 clients à travers le monde, ont été rapidement annulées (pour un montant global de 25 000 €). Seul un client japonais a maintenu sa commande en la réduisant à seulement 1 200 €, au lieu des 6 500 € au Salon. Oui, la crise était déjà bien annoncée dès 2007, et les acheteurs internationaux (USA, Japon, Asie) la pressentaient déjà ! Les causes : l'euro fort, la crise financière. J'ai donc cessé mon activité en évitant la "casse". Aucune banque ne me prêtait d'argent pour ma trésorerie, et je n'ai pas pu financer les collections suivantes. Je suis à ce jour demandeur d'emploi. Merci la mondialisation !

  • Depuis plusieurs mois..., par Jean-Marie Tarragoni

Je fais partie des 1 % de Français qui déclarent plus de 150 000 euros de revenus annuels. "Ils" me connaissent bien puisqu'il y a trois ans à peine "ils" me prêtaient sur ma bonne mine des sommes importantes que j'ai investies. J'avais même un découvert "personnel" de 150 000 euros...  Mes banquiers ont mes déclarations de revenus et mes bilans. Ceux-ci sont bons et j'ai des garanties financières solides adossées à mes opérations pour trois petites sociétés qui ont des revenus récurrents ou travaillent avec de grandes signatures dans les métiers du BTP et de l'immobilier.  Je me suis pourtant vu, du jour au lendemain, sans avertissement lâché par mes deux banques fin 2007 et début 2008. J'ai été lâché au milieu du gué avec menace de rupture de compte et exigence de rembourser immédiatement des découverts professionnels (garanties par des fonds personnels). Devant tant d'incohérence (mes affaires prospérant, mes bilans aussi et mes perspectives n'ayant jamais été aussi bonnes), j'ai plaidé avec forces démonstrations de documents, attestations et nouveaux contrats... Réponse : on m'a envoyé au contentieux !

  • Petite entreprise non liée à la Bourse, par Joseph Sardin

Notre petite société fait du commerce sur Internet auprès des particuliers et nous n'avons aucun lien avec la Bourse. Effectivement, nous ne sommes pas coté, nous n'avons même pas de crédit. Cependant, depuis quelques jours, nous avons ressenti très nettement une baisse d'activité. Il semblerait que même les particuliers soient pris par la peur et hésitent à acheter.

Peut-être cela n'a-t-il aucun lien avec la crise, mais une telle chute à ce moment même ne me fait penser qu'à elle. Je me sens donc victime d'une crise qui n'est pas la mienne, ni celle de mes clients. Victime de la peur peut être.

  • Retour à la case départ, par Simon Tissier

Depuis un an et demi en micro-entreprise, je propose aux entreprises des services utiles mais superflus en ces temps de crise. En cette rentrée de septembre, et après avoir déterminé leur budget pour l'année à venir, le discours est le même pour toutes les entreprises que je démarche ou avec qui j'étais déjà en contact : "Restriction de budget... rappelez-nous dans un an." Je vais donc faire une cessation d'activité pour ne pas laisser courir les charges sociales alors qu'aucune rentrée financière sérieuse ne se profile.

Je pense que nombre de petites entreprises individuelles qui ont ouvert ces deux dernières années connaissent des difficultés similaires. Pour beaucoup, nous avons été aidés par l'Assedic à travers le système d'allègement de charges qu'est l'Accre (Aide aux demandeurs d'emploi créant ou reprenant une entreprise). De nombreux chômeurs ont été incités à se mettre à leur compte, ce qui est une très bonne chose, car nous sommes sortis des chiffres du chômage. Aujourd'hui, je vais me retrouver au RMI. Etant à mon compte, je n'ai pas le droit au chômage. Je ne serai donc pas comptabilisé en tant que chômeur, les RMistes étant exclus de cette comptabilité de l'exclusion. Combien serons-nous dans ce cas ? Quel crédit accorder au taux de chômage ? Pour moi, c'est juste une bidouille de chiffres que les gouvernements arrangent à leur sauce. Donc, pour moi, retour à la case départ, même pire : je ne suis même plus un chômeur officiel ! Retour au marché noir !

  • De la difficulté des marchés publics, par Pascale Antoons

Je dirige une "jeune" entreprise, spécialisée dans la fabrication de costumes de scène. Nous avons obtenu un marché public à l'Opéra de Paris. Facture payable 45 jours après la livraison, soit fin novembre. Nous avons commencé le travail en juillet, avec de longs mois d'avance de trésorerie, donc. La banque ne nous suit pas : et si le client était défaillant (l'Opéra de Paris ?), et si nous ne livrions pas... Résultat, nous avons dû décliner les autres propositions de marché public pour l'Opéra. Dommage, mais notre trésorerie ne pourrait pas le supporter.

  • C'est la crise, par Pierre Dupont

Carnets de commandes à 0, panne de crédit, notre PME (20 personnes, dans l'Orne) va peut-être mettre la clé sous la porte...

  • Durcissement des banques, par Vincent Marmion

Gérant d'une petite société (SARL), exploitant un magasin de décoration, j'ai pu constater un durcissement des banques depuis le début de l'année : dans un cas, le directeur a demandé l'apurement pur et simple du découvert autorisé. Dans l'autre, nous avons été placé en "recouvrement amiable", qui consiste à diminuer mois après mois le découvert, tout dépassement faisant l'objet d'un rejet. Cette tension brutale sur la trésorerie dans une conjoncture peu favorable a accru les difficultés, au point de nous contraindre à la cessation de paiement puis à la liquidation judiciaire début août, sans droit au chômage en tant que gérant non salarié.

Le pire étant que les cautions personnelles exigées des associés par les banques pour se rembourser des prêts ou facilités consentis à la société  vont à l'encontre de la séparation des patrimoines propre au statut de SA et SARL. Me voici donc passé en six mois de chef d'entreprise à RMiste en situation de surendettement, sans avoir commis aucune faute de gestion. Aussi, un gouvernement qui entend favoriser le "capitalisme entrepreneurial" devrait sérieusement encadrer le rôle (et les abus) des banques, ainsi que les garanties offertes en cas d'échec. Sinon, qui aura encore envie de prendre le risque d'une création d'entreprise après avoir vécu ce genre de situation ?







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Jean-Louis Kayitenkore
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