10/11/08

Entreprises : ces secrets qu'on a trouvés dans les poubelles

Dans des bennes parisiennes, nous avons trouvé des documents plutôt confidentiels. Récit nauséabond, mais instructif.

Fouille des poubelles (Quentin Girard/Rue89)

Il y a deux types de journalistes. Jeudi après-midi, rue Sébastien-Bottin, l'évidence saute aux yeux. Sur un trottoir, ils sont une vingtaine agglutinés devant la maison d'édition Gallimard, à attendre le nouveau prix Nobel de littérature, J.M.G. Le Clézio. Sur l'autre, deux jeunes fouillent les poubelles. Nous.

Pourquoi cette expédition ? Pour la bonne cause. Les escrocs aiment vos ordures : chaque année, des tonnes de papiers importants sont jetées sans précautions, comme le montre une étude récente du Credoc.

Intrigués, nous avons passé un après-midi à fouiller les poubelles du VIIe arrondissement de Paris. Le résultat est édifiant.

Journaliste d'investigation en plein boulot (Marina Bellot)Il est 15 heures, les bennes sont encore rares dans le VIIe arrondissement. Heureusement, l'hôtel Montalembert aime les sortir en avance– et bien pleines. C'est notre première fois, et comme pour toute première fois, nous sommes un peu maladroits.

Trop timides, peut-être, pour plonger le bras jusqu'au fond. Le faire devant un public nombreux et amusé freine nos ardeurs. Une brosse-à-dents, un paquet de gâteaux apéritif entamé, des collants effilés... « Les bas de la baronne ! », commente un vieux monsieur taquin. La fouille est décevante.

Dans une petite poubelle noire, notre premier trésor

Un peu déconfits, nous poursuivons notre route. Plus l'heure tourne, plus les poubelles fleurissent le long des trottoirs. Et c'est rue de l'Université que nous découvrons les premiers trésors, dans une petite poubelle noire -mais l'on comprend vite qu'il ne faut pas s'arrêter au physique.

A l'intérieur, les comptes « consolidés » -comme l'indique une annotation manuscrite- d'une entreprise tchèque sont enfouis sous un monceau de papiers. Un nombre à six chiffres. Première preuve qu'il n'y a pas que sur Internet que l'on peut voler des données aux entreprises : les bonnes vieilles méthodes font encore recette.

Un jeu d'enfant, qui transforme chaque poubelle en une nouvelle conquête vers laquelle nous nous pressons avidement. Souvent, l'odeur est tellement forte que nous rechignons à mettre la tête. Les Parisiens ne sont pas encore des professionnels du tri : entre deux couches de papiers, il y a parfois la mauvaise surprise d'une couche… usagée.

Mais la diversité des informations à récolter mérite bien de se salir un peu. Voici ce que nous avons trouvé :

► Un relevé de compte bancaire complet

Document trouvé dans des poubelles à Paris (Q. Girard et M. Bellot).

► Diverses factures de téléphone
► Des chèques-cadeaux d'une entreprise de vente par correspondance
► Des résultats d'analyses sanguines (parfait si la personne est célèbre)

Document trouvé dans des poubelles à Paris (Q. Girard et M. Bellot).

► Le devis d'un garage (parfait s'il s'agit du scooter de Jean Sarkozy)

Document trouvé dans des poubelles à Paris (Q. Girard et M. Bellot).

► Les photos de la prochaine campagne de publicité d'un grand magasin parisien

Document trouvé dans des poubelles à Paris (Q. Girard et M. Bellot).

La pêche est particulièrement fructueuse devant les locaux de l'administration de Sciences Po : divers brouillons d'exposés et autres rapports de stage, mais surtout, des emails de la direction et un « dossier social étudiant » du Crous -nom, numéro de téléphone, adresse, numéro INE, montant de la bourse… tout y est.

Document trouvé dans des poubelles à Paris (Q. Girard et M. Bellot).

Une fouille minutieuse interrompue par un personnel surpris -la seule manifestation d'inquiétude dont nous ayons été témoins, dans un océan d'indifférence ou de sourires amusés.

A la fin de la journée, nous pourrions imaginer voler l'identité d'une des personnes habitant ou travaillant dans les immeubles dont nous avons fait les poubelles. Nom, date et lieu de naissance : assez pour faire une demande à sa mairie de naissance afin d'obtenir un acte de naissance authentique.

Resterait ensuite à déclarer la perte de ses papiers dans un commissariat de police, afin de faire établir de nouveaux documents. Pas sûr cependant que les services de l'Etat se laisseraient berner : notre nouvelle identité ne sentirait pas la rose… (Nous avons trouvé la chute de cet article dans l'une des poubelles visitées.)

Marina Bellot et Quentin Girard

Photos : journalistes d'investigation en plein boulot et documents retrouvés dans les poubelles visitées (Marina Bellot et Quentin Girard).







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Jean-Louis Kayitenkore
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