10/8/08

«Sarah Palin est une offense au féminisme»

Comme j'en avais un peu marre d'entendre mon prof de littérature comparer Candide à Survivor (le Koh Lanta US) ou débiter ses cours en langage «jeune» pour une audience pas spécialement avisée (pour parler du processus d'icônisation : «Che Guevara massacrait des homosexuels parce qu'ils étaient homosexuels, et pourtant on le porte toujours sur nos t-shirts ; es- ce que dans 200 ans on portera un t-shirt avec la tête d'Hitler dessus?»), j'ai dégagé mon Introduction à la littérature occidentale pour un cours d'Introduction aux women's studies.

Les women's studies sont un autre nom des gender studies (sociologie des genres) et constituent une passerelle au féminisme. J'étais pas spécialement attirée par tout ce qui a trait à ces women's studies, d'abord parce que je trouve la sociologie pauvre en concepts et pas très affirmée (cf. le fameux article d'un certain Vincent quelque-chose sur l'impact des Guignols de l'info sur la socialisation politique des jeunes isérois au début des années 2000, qui «s'autorise à conclure à une présomption de causalité» après 40 pages d'analyses statistiques barbantes, et qui indique sa problématique en conclusion en ne citant qu'une fois Bergson et son Rire), ensuite parce que ouvrir un champ intellectuel spécialement dédié à la femme c'est la marginaliser davantage. Titillée par la curiosité —ce genre de cours n'existe pas à Sciences Po, j'ai décidé d'y jeter un coup d'œil.

Premier cours, on regarde un documentaire sur des féministes arabes (soudanaise, algérienne, palestinienne, égyptienne...), Beyond Borders, on en discute, et je mesure tout le chemin à parcourir pour que les femmes puissent disposer de leur corps, de leur vie, et s'investir dans tous les champs existants aussi bien politiques qu'universitaires. Il y a définitivement du travail à faire en la matière, et dès lors les women's studies s'avèrent essentielles pour montrer du doigt les fossés qui séparent hommes et femmes à tous les niveaux de la société occidentale dans un premier temps, puis mondial dans un second, et permettent par la suite aux mouvements féministes de prendre un relais concret.

Ayant déjà dans ma valise le Deuxième Sexe de Beauvoir (merci MAM), je m'attendais à trouver beaucoup de théorie dans ce cours, type Bourdieu et sa Domination masculine. En fait, il est principalement articulé autour des discussions de classe, et les 39 filles et 5 garçons orientent la conversation en fonction de leur vécu ce qui donne beaucoup de : «moi ma mère...», «moi mon grand-père...». Pas furieusement constructif en particulier quand on soulève des points intéressants et que personne n'est capable d'embrayer derrière.

Exemple : on venait de regarder un documentaire sur les enfants nés intersex, c'est-à-dire avec un vagin et un gros clitoris qui s'apparente à un pénis. La plupart de ces enfants sont élevés «en fille», et connaissent une opération chirurgicale assez lourde dès leurs premiers jours pour «réparer» les parties génitales. Le thème du cours portait donc sur le genre (construction sociale) et son articulation sur le sexe (biologique), et posait la question de la socialisation : comment peut-on éviter le gender-system quand on nait mâle ou femelle, c'est-à-dire biologiquement différencié ? A quoi ressemblerait une société sans genre? Terriblement frustrante cette question, étant donné que nous sommes déjà conditionné en homme ou femme au moment où nous nous interrogeons sur ce gender-system.

Egalement, dans la mesure où dans notre société occidentale nous avons tendance à encenser les hommes aux qualités féminines (le métrosexuel, les très nombreuses campagnes de pub avec mannequins androgynes) —bien que «qualités féminine» ça ne veut pas dire grand chose attention, nous dirigeons nous lentement vers une société unisexe? Ce serait peut-être envisageable si on ne dénigrait pas les femmes aux qualités masculines —bien que «qualités masculines» ça ne veut pas dire grand chose attention.

Et c'est en fait là où je veux en venir.

On parlait des femmes au travail, c'est-à-dire des différences de salaires, des promotions ralenties, du dénigrement des femmes au foyer qui participent quand même à l'économie domestique, etc. Dans un des textes qu'on avait à lire, l'auteur précisait qu'une femme était perçue comme une menace dans l'entreprise, comme anormale (hors de la norme), quand elle présentait des qualités masculines explicitées comme étant l'ambition, des qualités de leadership, une certaine fermeté, de l'autorité, et capable d'utiliser tous les moyens disponibles pour parvenir à ses fins. Et que souvent une femme de cet acabit était dénigrée sur un plan physique : elle est moche, elle a les dents qui rayent le parquet, elle ferait mieux de s'occuper de ses gosses etc.

Pour schématiser, une femme compétente est une salope qui n'en a qu'après l'argent et qui se fout de sa famille. Comme Hillary Clinton par exemple, dénigrée de toute part au moment des primaires démocrates.«Autoritaire, raide, sans émotion» alors qu'expérimentée, oratrice douée, et concernée par la politique extérieure des US. En revanche, Sarah Palin, nettement moins expérimentée, est d'abord mise en avant pour sa plastique avenante ainsi que tendent à le montrer ses rencontres avec les divers chefs d'Etat la semaine dernière :








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