10/11/08

La guerre aux portes de Goma

]Le coup est dur pour les forces armées congolaises:lla grande base militaire de Rumangabo, qui est aussi un centre de formation et de brassage à 50 km au nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu, est tombée aux mains des forces du général Nkunda, le CNDP – Congrès national pour la défense du peuple. Comme ils l'avaient déjà fait à Muskake en décembre 2007, les rebelles se sont emparés d'une quantité considérable d'armements et de munitions et l'attaque a fait de nombreux morts et blessés dans les deux camps.
De violents affrontements se sont poursuivis dans d'autres localités du Nord-Kivu et, autour de la ville de Rutshuru, la situation des déplacés, dont le nombre total dépasse 1.200.000 personnes, est désespérée: les civils terrorisés dorment par terre, dans le froid et la pluie, et la plupart ont déjà été contraints de fuir à plusieurs reprises. Les humanitaires, dont les interventions sont gênées par les mouvements de troupes, craignent que n'éclatent des épidémies qui se solderaient par des hécatombes.
Le conflit qui, initialement, mettait aux prises les forces gouvernementales à un groupe armé qui avait refusé de rejoindre un processus de paix accepté par tous, risque de s'internationaliser: Kinshasa a saisi le Conseil de Sécurité de l'ONU, accusant Kigali d'avoir prêté main-forte aux hommes de Nkunda et de se préparer à attaquer la ville de Goma. L'ambassadeur congolais aux Nations unies a déclaré que c'étaient des forces rwandaises qui avaient attaqué Rumangabo (un camp qui se trouve sur la frontière entre les deux pays) et il a dénoncé une concentration de troupes à Gisenyi, la ville rwandaise jumelle de Goma.
Par téléphone, des ressortissants de la région nous ont assuré que l'état-major de l'armée rwandaise se trouverait à Gisenyi et que, par précaution, des banques locales auraient été momentanément transférées à Kigali. Les deux pays ont de bonnes raisons d'être en état d'alerte: si les dénonciations de l'implication rwandaise se multiplient du côté congolais, il est plus que probable aussi que des éléments hutus des FDLR (forces démocratiques pour la libération du Rwanda), combattants aguerris et désireux d'en découdre avec les troupes de Kagame, se trouvent aux côtés de certaines unités gouvernementales et occupent les positions reprises à Nkunda.
La chute de Rumangabo, les menaces qui pèsent sur Goma représentent un sérieux revers pour les forces gouvernementales qui par ailleurs avaient enregistré certains succès, réussissant à «coincer» les rebelles dans le Masisi, ce qui a peut-être décidé Kigali à intervenir pour alléger la pression sur son poulain.
Le revers est tout aussi cuisant pour les Casques bleus de la Monuc (Mission des Nations unies au Congo) qui, malgré le renforcement de leur mandat, n'ont pas réussi à empêcher la chute de Rumangabo ni à faire respecter les accords de désengagement. La colère monte parmi les troupes gouvernementales et leurs proches qui vivent dans des conditions déplorables, en contraste frappant avec les camps bien approvisionnés des soldats indiens et pakistanais. Des familles de militaires ont bloqué les convois de la Monuc, lançant des pierres sur les voitures, retardant d'autant l'accès aux zones de combat. L'armée reproche à la Monuc de l'obliger à reculer quand elle gagne du terrain et de laisser passer le CNDP lorsqu'il s'empare d'une position. Et la région répète le slogan «no Nkunda, no job>» – plus de travail si le problème Nkunda était réglé…
A Kinshasa, où la cote de Vital Kamerhe comme Premier Ministre potentiel ne cesse de monter, on redoute un scénario comparable à celui d'août 1998 où la rébellion lancée au Kivu s'était transformée en une guerre régionale, qui faillit démanteler le pays. Les dernières déclarations de Laurent NKunda à la RTBf, où il déclare combattre désormais pour la «libération totale> de tout le Congo annoncent d'ailleurs ce scénario catastrophe, confirmé par la reprise des troubles sur d'autres fronts: le Sud-Kivu et surtout l'Ituri, où des lieutenants de Nkunda auraient relancé les hostilités.
Malgré l'absence provisoire d'un Premier Ministre à Kinshasa, la situation n'est cependant pas comparable à celle qui régnait en 1998et les appels à la révolte n'ont pas été suivis: non seulement la population avide de paix exècre Nkunda, un chef de guerre qui a de nombreux crimes à son actif (massacres à Kisangani, viols à Bukavu, recrutement d'enfants soldats) mais la communauté internationale, qui a soutenu le processus de paix et les élections, est aujourd'hui, en principe, obligée de faire respecter l'autorité légitime.







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Jean-Louis Kayitenkore
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