9/25/08

Chine : les dirigeants ont leurs propres produits alimentaires sécurisés !

En plein scandale du lait frelaté chinois, on découvre que le conseil des affaires d'Etat chinois avait créé en 2005 un circuit de distribution de produits alimentaires réservé aux seuls hauts fonctionnaires et autrement plus exigeant en matière de sécurité que le réseau dévolu au peuple.



Un marché en Chine (cc flickr ninnet)
Un marché en Chine (cc flickr ninnet)
« Notre lait a été mille et une fois vérifié puisque c'est le lait des astronautes chinois. » C'était le slogan publicitaire du géant laitier chinois Sanlu. La Chine s'apprête, en effet, à envoyer jeudi son premier homme dans l'espace. Mais pour Sanlu, à l'origine du scandale du lait contaminé, le retour sur terre a été beaucoup plus rapide que prévu. En Chine, l'expression « mille et une fois » est désormais devenue une blague détournée pour désigner les mensonges des autorités.

Et en matière de mensonge, les dirigeants chinois en connaissent un rayon. Ainsi, sans doute conscient des faiblesses du système de sécurité alimentaire chinois, le conseil des affaires d'État a créé, en avril 2005, dans la plus grande discrétion, un nouveau réseau interne de production et de distribution de produits alimentaires. Son nom? «Le centre de la distribution spéciale des produits alimentaires du conseil des affaires d'État» comme le révèle sur son blog le dissident Cai Chongguo. Son rôle? Abreuver les seuls hauts fonctionnaires en denrées sécurisées. Le centre dispose de bases de production spéciales dans les 13 provinces et les exigences de sécurité alimentaire y seraient autrement plus rigoureuses que celles appliquées aux produits qui alimentent les masses populaires. Etonnamment, le site web de l'entreprise est fermé depuis le 19 août. Soit peu après la découverte par les autorités chinoises de l'existence de lait contaminé à la mélamine (un composé chimique utilisé, sous forme de résine, pour fabriquer des colles et des plastiques).

La cérémonie de remise du certificat de « Centre de distribution spécial » à l'entreprise KR BIO
La cérémonie de remise du certificat de « Centre de distribution spécial » à l'entreprise KR BIO
L'importation de lait suspendue dans de nombreux pays
De quoi faire rebondir une fois de plus le scandale du lait frelaté, feuilleton fleuve qui apporte chaque jour son lot de révélations dans une Chine en proie à la panique. De fait, au pays du rejeton unique, où l'enfant est célébré comme un « petit empereur », parfois même qualifié de « petit soleil », les services pédiatriques sont pris d'assaut, les parents réclamant parfois plusieurs radiographies des reins de leurs enfants. Le scandale tourne au drame national. Et se révèle dramatique pour l'image de la Chine, d'autant qu'il intervient après une série noire - raviolis au pesticide, peinture pour jouets au plomb, dentifrice au glycol…
Le Burundi, le Maroc, Taïwan, Hong-Kong ont d'ores et déjà stoppé leurs importations de lait chinois. En France, la DGCCRF a commencé des opérations de contrôle dans tous les magasins pouvant vendre du lait, par mesure de sécurité. « Il n'y a aucune raison de s'inquiéter », précise la DGCCRF. Et il y a fort à parier que la pression de l'opinion publique internationale participe d'un renforcement à l'étranger des contrôles sanitaires sur tous les produits chinois.

L'étouffement des informations
Mardi, les médias chinois révélaient que l'entreprise Sanlu avait commencé à recevoir des plaintes concernant les effets de son lait maternisé dès décembre 2007. Pourtant la direction n'a réalisé aucun test avant juin 2008, et n'a alerté les autorités locales que le 2 août dernier. Ces dernières auraient attendu le 9 septembre pour en informer les autorités centrales supérieures. Quant au retrait de la vente du produit toxique, il n'aurait sans doute pas eu lieu sans l'intervention de la Nouvelle-Zélande (qui détient des parts de Sanlu, le fabricant de lait incriminé).
Bien entendu, les indélicats locaux ont été punis. Le président chinois, Hu Jintao, a fustigé ces responsables «qui ont perdu le sens des principes, de l'intérêt général et des responsabilités» et le premier ministre, Wen Jiabao, a dénoncé «un manque d'éthique professionnelle et sociale» ajoutant que son gouvernement se servirait de la crise comme d'une opportunité pour améliorer les contrôles de sécurité des produits.

Les deux fermiers arrêtés par la police (China.com)
Les deux fermiers arrêtés par la police (China.com)
La mélamine, un usage courant ?
Pendant ce temps, sur le web chinois, les internautes mènent leur propre enquête afin de remonter les filières de la mélamine : acte de malveillance isolé ou procédé industriel - la mélamine permet de fausser la teneur en protéines des produits laitiers lors des contrôles sanitaires

D'après Les observateurs de France 24, les autorités chinoises pencheraient évidemment pour la première hypothèse. Dans le Hebei, deux fermiers qui fournissaient des grandes entreprises ont été arrêtés. Les blogueurs chinois sont beaucoup plus circonspects. Certains affirment que les autorités chinoises étaient également au courant du problème depuis des semaines.

En Chine, rien ne change
Reste une question : dans cette Chine qui sacralise l'enfant unique, au moment où éclate un scandale susceptible de toucher toutes les classes sociales et plus seulement les seuls ouvriers et villageois, le pouvoir s'en tirera-t-il cette fois à si bon compte ? La sinologue Marie Holzman le pense : « Il ne faut pas confondre les Chinois et le système. On dit régulièrement que face à l'opinion publique, le pouvoir chinois va changer. Les Chinois évoluent, mais le pouvoir chinois n'évolue pas. Je dirai que ça a changé seulement lorsque la situation aura vraiment changé. Aujourd'hui la réalité c'est que ce scandale aurait dû éclater pendant les Jeux Olympiques et qu'il a été étouffé. La vérité a été cachée. Le pouvoir central se dédouane de toute responsabilité, comme il l'a toujours fait, en écartant des responsables locaux. Les journaux d'État jouent leur rôle en dénonçant la corruption mais cette « transparence » ne vaut que tant qu'elle ne remonte pas jusqu'aux plus hautes autorités ».





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Jean-Louis Kayitenkore
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