9/25/08

Rwanda : traîné dans la boue, Pierre Péan contre-attaque

Le procès de Pierre Péan, poursuivi par SOS-Racisme pour «diffamation raciale» et «discrimination raciste» à cause de quatre pages de son livre sur le génocide rwandais, s'est ouvert hier à Paris.



Le Tribunal de grande instance de Paris (photo Srett-Flickr-licence cc)
Le Tribunal de grande instance de Paris (photo Srett-Flickr-licence cc)
«J'éprouve pour les Tutsis et tous les rescapés du génocide perpétré au Rwanda une compassion et un respect infinis.» Poursuivi par SOS-Racisme pour «diffamation raciale» et «discrimination raciste», le journaliste Pierre Péan, costume noir et pochette rouge, a tenu à faire une mise au point, hier, à la barre du tribunal correctionnel de Paris. Il a aussi raconté son amertume d'être depuis trois ans traîné dans la boue, affublé du qualificatif injurieux de négationniste pour un chapitre de son livre «Noires fureurs, blancs menteurs» (1) consacré, notamment, au rapport des Tutsis avec le mensonge.

Puis, plus combatif, l'auteur a accusé Dominique Sopo, le président de SOS-Racisme - dont Pierre Péan fut l'un des parrains - d'agir pour le compte d'Ibuka, l'Association de défense des victimes du génocide rwandais,

Dominique Sopo, défendu par Me Lev Forster, a nié agir sur ordre et a ramené Pierre Péan aux quatre pages de son livre incriminées, « truffées de citations datées de pseudo historiens, pour certains appartenant à l'extrême droite belge». La passe d'armes avait lieu devant une assistance essentiellement composée de Rwandais de la diaspora, Hutus comme Tutsis, visiblement ravis que la justice française, en l'absence de tout procès des auteurs de l'attentat contre Habyarimana, s'intéresse à leur histoire récente.

Les débats, il est vrai, ne manquent pas de sel. Que doit-on juger en ces trois jours d'audience ? Une querelle pointue d'Africanistes. Oui ou non, les Tutsis - et par imprégnation les Hutus - sont-ils élevés dans une culture de la dissimulation et du mensonge, comme l'a écrit Pierre Péan ? Et l'écrire est-il un acte raciste ? Pas simple. Car si dans la tradition occidentale catholique, le mensonge est toujours négatif, il peut en revanche être revendiqué comme protecteur ou « parler beau » dans une culture rwandaise qui a dû longtemps se protéger de la colonisation, comme l'a rappelé Claude Durand, éditeur de Péan et PDG de Fayard. En d'autres termes, les Tutsis ont-ils été atteints de « jésuitisme » ? Ironie de la situation : chaque témoin doit se soumettre à notre immuable rituel tricolore, et jurer de dire la vérité, toute la vérité...

Querelle autour de la définition du mot « ubwenge »

Barbiche grise soigneusement taillée, le sociologue belge Philip Reyntjens - devenu persona non grata au Rwanda depuis qu'il dénonce l'arrogance du président Paul Kagame et sa propagande « mensongère » - a tenté d'initier le tribunal au concept rwandais de l'«ubwenge», ce parler beau qui valorise davantage l'intelligence d'un propos que sa parfaite exactitude. Mais à une question de la partie civile - «raconte-t-on plus de bobards devant les tribunaux rwandais que devant les prétoires français ?» - le docte Belge est resté sec.

Le représentant de l'association Ibuka a tenté de mettre à mal ce témoignage en expliquant que « ubwenge » signifie intelligence, ce qui lui a valu les hochements de tête entendus de l'assistance rwandaise. Mais sa tirade sur la parfaite éducation chrétienne de jeunes Rwandais, et donc leur incapacité totale à mentir, a fini par faire sourire ses compatriotes. «L'intelligence ce n'est pas forcément la vérité. Souvent les Rwandais sont ébahis par la naïveté des Blancs qui leur confient dès leur rencontre leurs soucis personnels. Tutsis et Hutus confondus sont bien plus réservés», glisse l'un d'eux tandis qu'à la barre le responsable d'Ibuka poursuit sur sa lancée, et explique que les Tutsis auraient hérité, chez les anciens colonisateurs blancs, d'une réputation de « fourbes » pour une fumeuse histoire d'audience reportée sine die par l'un de ses rois… On ne sait comment Bernard Debré, ministre de la Coopération en 1994, et l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, qui doivent témoigner aujourd'hui en faveur de Pierre Péan, se tireront de cet exercice de patinage de haut vol. Mais on l'attend avec impatience.







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Jean-Louis Kayitenkore
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