10/19/08

LES CHRONIQUEURS ASSOCIÉS

Et l'économie réelle ?

Par Guillaume Duval, rédacteur en chef d'Alternatives économiques, pour lequel les réponses politiques à la crise financière restent pour l'instant très insuffisantes.



cc Flickr Gabemac
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Les chefs d'Etat réunis lors du G8 du 3 octobre dernier puis du sommet de la zone euro deux jours plus tard semblaient avoir enfin trouvé une parade de nature à calmer la panique financière en organisant de façon suffisamment coordonnée des plans massifs associant recapitalisation des banques et garantie des crédits interbancaires. Pourtant, le répit n'a été que de courte durée sur les marchés financiers et la situation demeure très incertaine. Pourquoi ?

Principalement parce que les craintes principales se sont déplacées de la sphère financière au sens strict vers la sphère réelle. Les acteurs financiers redoutent désormais surtout une récession profonde et durable tant aux États-Unis qu'en Europe. Tandis que la Chine ou l'Inde, qui, mesurées en dollars ou en euros, restent encore de « petites » économies, pourraient bien connaître elles aussi un ralentissement marqué et des troubles financiers graves compte tenu des bulles spéculatives qui s'y sont également formées.

Si ces anticipations devaient se réaliser, les mesures massives déjà annoncées pour sauver la sphère financière, enfin suffisantes pour effacer les créances douteuses liées aux crédits subprime américains, s'avéreraient évidemment très insuffisantes pour faire face aux conséquences sur la sphère financière elle-même, de la faillite d'acteurs comme General Motors ou Ford, de défauts de paiement généralisés sur les encours de cartes bleues des consommateurs américains suivies de dépôts de bilan en chaîne en Europe d'acteurs majeurs du bâtiment, de la distribution, de l'automobile... D'où les inquiétudes actuelles et la faible efficacité finalement des mesures pourtant massives décidées début octobre.

Or au niveau du soutien de l'activité économique réelle, les réponses politiques restent pour l'instant très insuffisantes. Les mesures prises au niveau de la finance ont en effet pour but d'empêcher ce qu'on appelle le « credit crunch », en rétablissant la capacité à prêter du système financier. Fort bien, mais si les financiers pensent que les ménages et les entreprises qui leur demandent des crédits ne seront pas capables de les rembourser du fait de la récession qui s'annonce, ils ne leur prêteront quand même pas. Et sur le simple plan de la prudence financière ils auront raison : on ne va pas se mettre à leur reprocher maintenant d'être trop prudents... Du côté du soutien à l'économie réelle il faudrait aujourd'hui surtout pouvoir compter sur la politique budgétaire.

Et l'économie réelle ?
Plus de pilote dans l'avion américain
Mais côté américain, les doutes sont nombreux sur la capacité de réaction à ce niveau. Tout d'abord pour des raisons politiques : il n'y a pour l'instant plus de pilote dans l'avion, ni à la Maison-Blanche ni au Congrès, et il faudra attendre début 2009 pour que les nouvelles équipes soient opérationnelles. De plus, beaucoup de cartouches ont déjà été utilisées et selon toute vraisemblance, les États-Unis vont déjà se situer aux alentours de 10 % du PIB en déficit budgétaire l'an prochain. Quelle que soit la solidité de l'État fédéral et sa crédibilité sur les marchés financiers, il paraît douteux qu'ils puissent aller nettement au-delà à court terme. Tandis que, du côté européen, l'Union européenne reste prisonnière du pacte de stabilité, même interprété de façon « flexible ». Elle n'a en effet manifesté pour l'instant aucune volonté d'aller au-delà de laisser jouer les « stabilisateurs automatiques », comme disent les spécialistes. C'est-à-dire de ne pas tailler dans les dépenses pour compenser les pertes de recettes publiques liées à la récession. Or, cette attitude purement passive n'est plus du tout à la hauteur des craintes qui sont désormais celles de nombreux acteurs économiques, et pas simplement d'acteurs financiers. Et ces craintes elles-mêmes sont autoréalisatrices, comme disent les économistes. Si les entreprises redoutent une récession à venir, elles cessent d'investir, elles licencient... De même les ménages réduisent leurs consommations, repoussent leurs achats de voitures, de maisons... Provoquant et aggravant la récession elle-même.

Sans signal fort au plan budgétaire de la part des gouvernements européens, ce scénario noir risque bien désormais de se réaliser. A quoi s'ajoute un problème politique majeur : il n'est pas possible de vendre aux peuples européens qu'on a été capable de trouver 1 700 milliards d'euros en quelques heures pour venir au secours des financiers imprudents mais qu'on n'est pas en mesure de dépenser plus d'argent public en Europe pour construire des logements sociaux, des crèches ou encore isoler les bâtiments. Rarement l'avenir de l'économie mondiale aura si fortement dépendu de l'attitude des gouvernements européens. Seront-ils capables dans l'urgence de sortir des règles qui paralysent leurs politiques budgétaires comme ils ont été, finalement, capables de ranger au placard celles qui leur interdisaient théoriquement de renflouer leurs banques ? On le saura bientôt...

En partenariat avec Alternatives économiques .

Vendredi 17 Octobre 2008 - 18:16
Guillaume Duval






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