9/13/08


L'ancien électorat du Front national est en déshérence



 

Un peu plus de six ans après le coup de tonnerre du 21 avril 2002, le Front national semble en voie de marginalisation. Le parti d'extrême droite, qui réunit samedi 13 et dimanche 14 septembre son université d'été à Evian (Haute-Savoie), se trouve confronté à un triple défi : l'effritement brutal de son électorat, l'érosion de ses finances et le retrait prochain de son leader historique, Jean-Marie Le Pen, ayant annoncé son intention de quitter ses fonctions après le congrès de 2010.

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10,7 % au premier tour de la présidentielle de 2007 ; 4,7 % aux législatives ; moins de 1 % aux municipales : Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), évoque un phénomène de "défidélisation profonde", qui serait accompagné d'un "reclassement majeur des électeurs du FN".

Que sont-ils devenus, ces électeurs qui avaient qualifié M. Le Pen pour le second tour de l'élection présidentielle face à Jacques Chirac ? Le Centre de recherches politiques de Sciences Po a ausculté un panel d'électeurs frontistes, de l'élection présidentielle de 2002 jusqu'aux élections municipales de 2008. L'étude révèle que, sur cent électeurs représentatifs de 2002, seulement 40 % sont restés fidèles à M. Le Pen en 2007. 25 % sont passés chez Nicolas Sarkozy, 13 % à gauche et 23 % se sont répartis entre les autres candidats ou réfugiés dans l'abstention.

Pour M. Perrineau, l'hémorragie s'explique avant tout dans la capacité qu'a eue M. Sarkozy d'incarner un projet susceptible de "parler" aux électeurs lepénistes : "Pendant l'entre-deux- tours, tous les candidats se sont polarisés sur le MoDem. Le seul à parler aux électeurs du FN, ce fut Nicolas Sarkozy." Autre explication : la banalisation de M. Le Pen. L'éternel protestataire se trouve, en 2007, concurrencé sur son propre terrain : tous les candidats occupent à leur manière le terrain de la protestation, de la rupture. "L'image de Le Pen, commente M. Perrineau, s'est étiolée, elle a perdu son parfum de soufre. Or ses électeurs se reconnaissent dans un leader qui, comme eux, est sorti du système."

ABSTENTION PROTESTATAIRE

L'étude montre que le "dépouillement électoral" du FN s'accentue aux législatives de 2007 : le parti de M. Le Pen ne conserve plus que 17 % de ses électeurs de 2002 ; 39 % ont basculé sur l'UMP, 5 % sur le MoDem, 15 % à gauche et 24 % ont choisi de ne pas voter. "On assiste à un véritable dynamitage d'un électorat", souligne M. Perrineau.

Contrairement aux espoirs de M. Le Pen, les municipales de 2008 vont encore amplifier ce phénomène de défidélisation. Mais, cette fois, il ne profite plus à M. Sarkozy : une partie des électeurs frontistes qui l'avaient rejoint ont déjà été déçus et se sont réfugiés dans l'abstention. Ni le chef de l'Etat ni l'UMP n'ont réussi à fidéliser les anciens électeurs lepénistes.

Une étude qualitative réalisée par la Sofres sur les élections municipales à Vénissieux, dans la banlieue de Lyon, confirme l'émergence de cette abstention protestataire chez une catégorie baptisée "les oubliés", dans laquelle on retrouve une forte proportion d'anciens frontistes. Pour cet électorat plutôt actif et féminin - en majorité des cadres -, animé d'un fort sentiment d'abandon, de déclassement social, et d'une très grande déception du monde politique, l'abstention constitue une "bouteille à la mer", un dernier recours pour exprimer leur détresse.

Pour l'heure, le FN a perdu ces oubliés. Son dernier noyau est désormais extrêmement populaire. Un électorat de la protestation sociale et même de la "souffrance", comme dans le Pas-de-Calais. Une cible visée, à l'autre extrême, par le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot.

Sophie Landrin




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