9/7/08

Le fleuve, matrice du Congo

Après l'Amazone, le fleuve Congo est le plus vaste du monde. Lorsque l'on survole son embouchure, jusqu'à cent kilomètres en mer on voit la trace des terres brunes charriées par le géant. Même si Kinshasa la capitale tourne le dos au fleuve en ignorant sa majesté, le Congo est l'épine dorsale du pays auquel il a donné son nom, le trait d'union entre les savanes du Katanga et les forêts de l'Equateur, le moyen de communication entre des peuples divers mais qui ont conscience d'appartenir à une nation modelée par les eaux alourdies par le limon. 
Comment Thierry Michel n'aurait-il pas embarqué ? Depuis le début des années 90, le cinéaste ausculte le Zaïre-Congo, fait parler ses « derniers colons », narre les tribulations de l'opposition dans « Le cycle du serpent » et surtout, il a dressé un portrait magistral, « Mobutu, roi du Zaïre » devenu un classique du genre, le prototype même du portrait d'un dictateur, adulé, puis rejeté par ceux là même qui l'avaient maintenu au pouvoir durant trois décennies. Fasciné par le Congo, Thierry Michel en ce moment même termine un nouveau film, « Katanga Mining Business ».
Ce documentaire est consacré à la nouvelle épopée qui s'ouvre dans la province du cuivre, où 140.000 artisans-creuseurs qui ont pratiqué durant deux décennies l'art de la débrouille et réussi à survivre en écrémant les gisements sont aujourd'hui peu à peu chassés par les grandes multinationales qui reviennent en force et défendent leurs positions face aux nouveaux venus chinois. Dans ce Katanga qui se trouve au tournant entre deux âges, entre l'informel et la réindustrialisation massive, Thierry Michel a rencontré quelques personnages clés de la province dont le gouverneur Moïse Katumbi et l'industriel Georges Forrest.
Avant la sortie de ce film d'actualité, prévue pour la fin de l'année, Congo River n' a rien perdu de sa pertinence. En effet, des voyages tels que ceux de Thierry Michel se poursuivent aujourd'hui encore, à bord de ces véritables villages flottants qui remontent le fleuve de Kinshasa vers l'Equateur.
Les personnages de ce documentaire sont les héros oubliés du Congo : en premier lieu, le capitaine du navire, qui connaît par cœur les bancs de sable et n'hésite pas à dépanner ceux qui ont eu moins de chance ou de jugeotte. Viennent ensuite ces femmes commerçantes, installées au milieu de leurs échoppes flottantes, les religieux, les militaires, les médecins et infirmières. Car s'il donne peut-être trop peu la parole à ses compagnons de voyage, Thierry Michel en revanche ne se prive pas de découvrir les rives du fleuve, revisitant ainsi l'histoire du pays : Kisangani la ville martyre, Gbadolite, où les vestiges de l'ère Mobutu sont envahis par la végétation après avoir été pillés par les armées d'occupation successives, la savane du Katanga où se cache la source du fleuve… Si la parole est parcimonieuse, la musique de Lokua Kanza est somptueuse, et les visages sont livrés par brassées, filmés au plus près de leur beauté et de leur vérité.
Le Congo d'aujourd'hui vibre au rythme des chantiers de la reconstruction, les grands projets se multiplient ; des milliers de kilomètres de route vont s'ouvrir, le fleuve va être dragué, Kisangani va se retrouver reliée à Lubumbashi et Kampala. Le Congo est comme une Belle au bois dormant, enfin touchée par la baguette magique et qui est sur le point de se lancer à son tour dans la course vers la modernité. Dans Congo River, Thierry Michel a su capter ce moment magique, où se profile l'espoir qu'on fait naître les élections de 2006, tandis que dans « Katanga Business Mining », ce cinéaste du réel et du devenir fait partager sa vision d'une province dont les ressources seront désormais mises au service du développement de tout le pays….





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Jean-Louis Kayitenkore
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