9/19/08

Horreur : Sarkozy obligé de parler pour dire quelque chose

Par Nicolas Domenach, pour Marianne2 et l'Edition spéciale de Canal plus. Obligé de sortir d'un silence auquel il nous avait peu habitués, le Président a choisi de s'exprimer à Toulon le 25 septembre prochain. Il a la salle, la mise en scène, le public… mais pas le scénario !



Photo Gutter-Flickr-licence cc
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«Un président ne saurait ajouter la peur à la peur. Ni grossir les rangs désordonnés des paniquards». C'est ainsi que les sarkozystes justifiaient jusqu'à ces derniers jours le silence du monarque présidentiel sur la tempête financière américaine qui soufflait désormais sans vergogne sur nos établissements bancaires. La crise. Mais quelle crise? «Madame Christine» (Lagarde), déléguée à l'hypnose et à la tranquillité publique, s'obstinait dans une dénégation de commande surréaliste. D'abord, certifiait-elle, l'écroulement des subprimes ne touchait qu'une partie du si solide système bancaire américain. Puis, devant l'effondrement des dominos de Wall Street les plus réputés, la ministre de l'Economie et des Finances s'efforçait de nous rassurer en nous garantissant que l'Europe était à l'abri, et ensuite, devant le démenti des faits, elle attestait que la France s'en sortait mieux que les autres. Balivernes pour enfants… Depuis plusieurs jours, les conseillers sarkozystes répétaient qu'il «fallait en finir avec les demi vérités et les vrais mensonges», que la parole publique, et donc l'autorité du Prince demain, se discréditait. «Sire, parlez...»
Parler? Cela n'est pas ce qui fait peur au chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy est une parole qui parle. Tout le temps. De tout. Et même de rien. Plutôt bien d'ailleurs. Roulement de mots, d'yeux, et de biscottos. C'est un avocat-camelot. Un «bavard», comme on dit. Mais le bavardage peut troubler les messages. Parfois, on n'entend pas, tant il brouillonne et fait du bruit avec ses causeries tintamarres, quel que soit le sujet, de l'infiniment grand au minusculissime.

Sarkozy, zorro des hamsters

Sarkozy plaide avec la même conviction, la même ardeur troublante, avec cette manière entière de plaider comme s'il y allait de sa vie, de notre vie, de l'avenir de la planète qu'il s'agisse de nos soirées télé, de la défense des hamsters menacés par l'invasion du plastique, de la lutte contre les pirates somaliens ou de la menace d'une nouvelle guerre mondiale. Il n'est pas de petites causes, il n'y a que des petites gens... Sauf qu'il y a des crises «mahousses», comme celle que le néo-capitalisme traverse. Et le verbe hyperbolique de l'hyper puissant président ne saurait dans cette situation dramatique se perdre dans le vacarme général, ou pire encore l'aggraver. L'Elysée, en conséquence, réfléchissait au meilleur scénario, au moment idéal, sachant qu'il fallait aussi sentir, saisir la crise pour ne pas intervenir dans sa montée, et tenter d'accompagner sa descente éventuelle. Raison de plus pour ne pas se précipiter, même si le chef de l'Etat tient à ne pas faire comme ses prédécesseurs, et se refuse à donner du temps au temps, qu'il faudrait, à l'instar de l'Histoire, bousculer pour lui faire des enfants...
Attendre donc, en s'affichant préoccupé, mais sans avoir l'air de bouillir sur place. Sans montrer trop d'infantile impatience, ni d'indifférence morgueuse envers les inquiets. De la maîtrise avant toute chose. Puisqu'il s'applique quand même à jouer les monarques… sans renier ce qu'il est. Monsieur partira donc avec Madame en week-end à New York, mais il enchaînera par un discours devant l'ONU. Et il recevra un prix d'honneur, celui de «l'homme d'Etat de l'année 2008», remis par la Fondation pour l'appel à la conscience. Pour l'instant, Jean-Marie Bigard n'est pas convié…
Retour sur terre ensuite et, en principe jeudi, grrrrrrand… dégagement sur la politique économique et sociale de la France. Donc pas à la télévision pour une interview classique. A Toulon, parce qu'il y compte des souvenirs de campagne ensoleillés, et parce que c'est une ville qui a été arrachée, par l'UMP Hubert Falco, au Front national et au marasme du chômage. Il faut vendre du symbole et à une bonne heure: en principe 18h , 18h30, afin que les chaînes d'info puissent retransmettre en direct, que les journaux télé reprennent au 20h, que la presse du lendemain tambourine, puis que l'opposition fasse de l'écho etc...

Horreur : Sarkozy obligé de parler pour dire quelque chose

Toujours pas de scénariste pour le show de Toulon

Le scénario est esquissé. Mais pas encore écrit. Sarkozy manque de vrai dramaturge médiatique. Il fait quasiment tout lui même, même ses mises en scènes, le choix des salles comme du public. Il connait tout ça par coeur. Trop. Car manquent autour de lui des scénaristes de talent. C'est du moins ce qui se dit jusqu'à l'Elysée, où certains commencent à trouver que «le Palais vit trop sur ses acquis: on se croit les rois de la com., parce que la gauche est i[out, mais on ne se renouvelle pas. A Toulon, il faudra donner pour être à la hauteur...]i» Ce n'est pas seulement une question de «com».
Sarkozy va prendre le temps de discuter non seulement avec ses conseillers «éco» habituels de l'Elysée, mais avec ses «amis», les essayistes Alain Minc et Nicolas Baverez notamment, mais aussi le PDG d'Axa Henri de Castries, ou encore le numéro 2 de LVMH Nicolas Bazire… Des libéraux fondamentalement, qui ne sont pas, mais alors pas du tout sur la même ligne que le conseiller spécial élyséen Henri Guaino. Pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait réussi la synthèse entre ces deux courants, ce qui lui avait permis de l'emporter. Son début de règne avec le paquet (cadeau pour les riches) fiscal avait porté la marque «bling-bling». Avec le Grenelle de l'environnement, puis le RSA, il a tenté d'y échapper, de ne pas se laisser enfermer par son camp dans un libéralo-libéralisme qu'il estime politiquement suicidaire.
Sarkozy le libéral entend toujours braconner impunément sur les terres du social et de la gauche. Mais avec la crise financière internationale, avec nos déficits internes qui nous paraissent nous priver de marges de manœuvre, avec des élus souvent droitiers qui se donnent le grand frisson de l'existence, le chef se voit prié, fermement, de ne pas se rendre au parloir pour ne rien dire. D'autant que les études qualitatives confirment une évolution du printemps dernier: les Français qui font des efforts, se serrent la ceinture sur les déplacements, sur les loisirs, ceux-là ont de plus en plus d'estime pour eux-mêmes et de moins en moins de considération pour l'Etat qui mène son grand train. Ils se respectent plus que l'Autorité suprême...





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Jean-Louis Kayitenkore
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