9/18/08

Pourquoi la Fed a finalement sauvé l'assureur AIG

Après avoir laissé tomber la banque Lehman Brothers, la Réserve fédérale américaine a décidé de sauver l'assureur AIG (American International Group). Dans la nuit de mardi à mercredi, elle a accepté de lui prêter 85 milliards de dollars (59,8 milliards d'euros) sur deux ans. En échange, AIG lui cèdera près de 80% de son capital.

Pourquoi intervenir cette fois-ci  ?

Au printemps, la Fed s'était portée au secours de la banque d'affaires Bear Stearns. Cet été, le département du Trésor avait décidé de soutenir Freddie Mac et Fannie Mae, piliers du crédit immobilier aux Etats-Unis. En lâchant Lehman Brothers, les autorités ont voulu envoyer un avertissement, estime Jacques Mistral, directeur des études économiques à l'Ifri  :

« Depuis Bear Stearns, il y avait eu beaucoup de mises en garde. Laisser tomber Lehman Brothers ne représentait pas un risque pour le système. Pendant le week-end, les autorités ont donc considéré qu'il était sage de donner un message d'arrêt aux marchés financiers  : nous n'interviendrons pas en toutes circonstances. »

Mais pourquoi, deux jours plus tard, soutenir AIG  ? Tout simplement parce que les enjeux ne sont pas les mêmes. Selon le classement du magazine Fortune, AIG est le troisième assureur et la 35e plus grosse société du monde. Il compte 74 millions de clients dans le monde et gère plus de 1 000 milliards de dollars d'actifs.

« L'effondrement d'AIG aurait été ingérable pour l'économie, juge un assureur français, on n'aurait peu-être pas pu éviter le « run »  : les gens auraient tous retiré leur épargne et la contagion aurait été inévitable. »

La panique n'aurait pas frappé que les particuliers. AIG s'était en effet peu à peu éloigné de son métier historique pour se lancer dans la haute voltige financière. La Fed a donc préféré le pragmatisme à la morale, selon Jacques Mistral  :

« On donne une leçon le dimanche soir et on fait le contraire le mardi. C'est une preuve de pragmatisme. Cette fois-ci, le risque systémique était monumental. AIG compte des milliers de clients financiers et industriels et gère des produits très sophistiqués. La crainte était qu'il mette la planète financière par terre et oblige les autres à encaisser ses pertes. »

Comment trouver 85 milliards en une journée  ?

Pour une banque centrale, rien de plus simple  : il lui suffit d'ouvrir une ligne de crédit et de recevoir, en gage, une partie des actifs de son débiteur. En l'occurence, la Fed a accordé à AIG un prêt de 85 milliards de dollars sur deux ans. En contrepartie, elle a mis la main sur 79,9 % du capital de l'assureur.

Il s'agit donc une nationalisation. Théoriquement, l'opération aurait dû être menée par le gouvernement plutôt que par la banque centrale, s'étonne Jacques Mistral  :

« Le métier d'une banque centrale n'est pas de sauver des assureurs. Seule explication  : il s'agit d'un choix politique de l'administration Bush pour tâcher de préserver l'idée qu'il ne s'agit pas d'une vraie nationalisation. C'est un choix idéologique. »

Confier l'opération de sauvetage à la Fed offrait aussi plus de souplesse et de rapidité. Pour dégager les fonds nécessaires, le département du Trésor aurait en effet fait face à de lourdes contraintes budgétaires.

Que se passerait-il en France  ?

Les assureurs français l'assure  : aucun d'entre eux n'est menacé par le sort d'AIG. « La situation est plutôt solide », assure l'un d'entre eux. « Il y a une différence entre de mauvais placements et un business exagérément risqué, comme celui que faisait AIG », résume Jacques Mistral.

L'Etat, lui, a déjà mené une opération de sauvetage de grande ampleur, dans la banque. En 1993, le Crédit lyonnais menace de s'effondrer, après avoir multiplié les placements à risque. Et qu'il s'agisse du gouvernement français ou de la Fed, la stratégie est simple, explique Jacques Mistral  :

« On sépare l'entreprise en deux. D'un côté, une « bad bank » gérée par l'Etat récupère les actifs « pourris »  : dans le cas du Crédit lyonnais, le Consortium de réalisation. De l'autre côté, une « good bank » reprend les actifs sains  : le Crédit lyonnais a ainsi été privatisé et cédé au Crédit agricole. »







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Jean-Louis Kayitenkore
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