9/19/08

Moins loin, moins cher, plus souvent



 

Sans renoncer aux voyages, les Français attachent plus d'importance au budget qu'à la destination.
AFP/JEAN-PIERRE MULLER
Sans renoncer aux voyages, les Français attachent plus d'importance au budget qu'à la destination.

Les Français souhaitent voyager plus, plus souvent et... moins longtemps. Réalistes, ils pilotent au plus juste un budget vacances qui s'érode avec la baisse du pouvoir d'achat. Mais ils ne sont pas pour autant prêts à renoncer à ces escapades qui, désormais, font partie de leur calendrier, en multipliant les pauses. Ils s'attachent moins à la destination qu'à une thématique culturelle, sportive, balnéaire ou strictement liée au repos, et se préoccupent surtout du temps et du financement dont ils disposent, prêts à saisir les occasions.

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Réunis, jusqu'au vendredi 19 septembre, à la porte de Versailles à Paris, à l'occasion de la 29e édition de Top Resa, Salon professionnel annuel, les acteurs du tourisme se sont mobilisés pour répondre à l'attente de ces nouveaux globe-trotteurs, par ailleurs de mieux en mieux informés, et qui n'hésitent plus à organiser leur voyage eux-mêmes quand l'affaire reste simple.

Grâce à Internet, le voyageur a accès en temps réel aux données autrefois réservées aux professionnels : disponibilités, comparatifs et prix des vols, des chambres d'hôtel, des locations de voiture. Eléments qui lui permettent de jouer avec les dates pour choisir le meilleur compromis. Sans compter les innombrables commentaires des internautes qui enrichissent, sur leurs blogs, l'information - 4,6 millions de Français mettent en ligne comptes rendus, avis et photos, au retour de voyage. Le candidat au voyage vérifiera sur Google Map la véracité des précisions données par les hôteliers : l'accès direct à la plage, la position centrale en ville, etc.

Selon le Baromètre tourisme et E-Tourisme 2008, Raffour Interactif, un cabinet d'études spécialiste du secteur, sur les 30,6 millions de Français de plus de 15 ans partis en 2007, en courts ou longs séjours de loisirs, 71 % sont des internautes. Et près de la moitié d'entre eux a préparé son voyage sur la Toile. Le quart l'a acheté via le Web, soit auprès d'une agence en ligne ou directement sur les sites des opérateurs (transporteurs, hôteliers).

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Avec le boom, en Europe, des compagnies aériennes low cost (à bas prix) qui se vendent via Internet, les gens réservent de plus en plus avion et hôtel sans l'intervention d'un professionnel", analyse Michel-Yves Labbé, de l'agence en ligne Directours.com.

Pour faire la différence, le tour-opérateur (TO) doit apporter un vrai service, un "plus", proposer une excursion inédite, la réservation d'une place de spectacle, concert, opéra, ou l'entrée à une exposition phare. "J'ai eu l'idée de rajouter à notre week-end à Florence (Italie), une demi-journée d'excursion dans les magasins d'usine des marques du luxe italien, cela a dopé la destination", ajoute le PDG. D'autres TO, comme Donatello, spécialiste de l'Europe, choisissent systématiquement des hôtels de charme en centre-ville, avec activités culturelles à la carte.

"Ce désir de partir ne fera que se renforcer à l'avenir
(75 % des réponses)", confirme avec optimisme Guy Raffour en commentant les résultats de l'étude sur "Les grandes évolutions du tourisme de loisir dans les dix ans à venir", publiés jeudi 18 septembre, et qui rendent compte des réponses de 400 agences de voyages interrogées, du 30 juillet au 10 septembre.

Parmi les vingt critères retenus dans le choix de la destination, le budget consacré au séjour vient en tête, suivi des conditions de sécurité physique et sanitaire, du climat (qui arrive seulement en 3e position) et enfin du faible risque d'attentat.

Depuis le drame du 11 septembre 2001 à New York, les voyageurs ont appris à intégrer ce nouveau type de risque, d'autant que les pays limitrophes ont eux-mêmes été touchés, comme l'Espagne à Madrid et la Grande-Bretagne à Londres. Déjà, quelques mois à peine après le carnage de Louxor (novembre 1997), les voyageurs retrouvaient le chemin de la Haute-Egypte. De même pour l'attentat-suicide de mai 2003 à Casablanca, au Maroc.

A Bali, l'hécatombe de Kuta semble oubliée, l'île des dieux a retrouvé tout son attrait touristique, d'autant qu'elle s'est équipée en hôtels de charme et de confort et qu'elle sait adapter ses prix à la tendance du marché pour remplir ses établissements. Elle n'hésite pas à donner, en basse saison (notre hiver), un bon coup de pouce aux ventes, aidée par les compagnies aériennes, qui jouent de concert les promotions.

Les Français, mieux familiarisés avec les voyages au long cours, zappent d'une destination à l'autre sans renoncer à la part de découverte, de plaisir et de confort qu'ils attendent. Ainsi, René-Marc Chikli, président du Centre d'études des tour-opérateurs (CETO), représentant 80 % de la profession, remarque que "les clients qui ont étudié le budget d'un séjour au Maroc réservent sur la mer Rouge en Egypte", où les prix sont beaucoup moins élevés. "Entre Maurice et Bali, dit-il, c'est Bali qui l'emportera, y compris dans la catégorie supérieure. L'attention aux prix est très sensible", insiste-t-il. Ce qui explique que l'Europe soit plébiscitée et le succès des pays comme la Roumanie, la Bulgarie, l'Ukraine, le Monténégro, qui s'ouvrent au tourisme.

De même, le moindre attrait pour les long-courriers, sur lesquels la surcharge de carburant vient plomber les prix de l'aérien, s'explique par la baisse du pouvoir d'achat. C'est le cas des Antilles et plus largement des Caraïbes, ou encore de l'Asie. Les Etats-Unis, qui ont le vent en poupe, tirent leur épingle du jeu grâce au taux de change euro-dollar très favorable. Les taxes d'aéroport et la surcharge carburant y sont du même niveau que le prix du billet d'avion hors taxes en basse saison, qui n'a quasiment pas bougé depuis plus de vingt ans, grâce à la concurrence que se livrent les compagnies sur l'Atlantique nord. Le coût de la vie sur place et les achats (hi-fi, habillement... très bon marché) compensent aujourd'hui ce surcoût.

Autre destination en pointe, l'Amérique latine, vers laquelle les tarifs aériens ont tendance à baisser. Notamment le Brésil, avec les vols directs sur les plages du Nordeste. Ou encore l'Argentine, qui attire de plus en plus de Français avec un taux de change très favorable (1 euro = 4,46 pesos) : deux pays très présents avec de somptueux stands sur le Salon Top Resa. En Argentine, la mise en lumière de régions encore peu visitées, celles de Salta, Mendoza, la Route 40, qui longe la cordillère des Andes, et l'ouverture au tourisme rural des grandes estancias (propriétés agricoles et d'élevage) de l'intérieur devraient encore doper la demande.

Dans ce contexte de course aux prix et de budget à tenir, l'option tourisme durable ne fait pas recette. "Ce que je constate, dit Jean-François Rial, PDG du groupe Voyageurs du monde (VDM), sur toutes nos marques (VDM, Terres d'aventures, Nomade, Comptoirs des voyages, Déserts), c'est que les clients sont globalement velléitaires mais ne passent pas à l'acte." En 2007-2008, VDM avait proposé à ses clients de s'acquitter volontairement d'une "compensation carbone" de 15 à 30 euros (pour 1 tonne de pétrole consommée sur moyen- courrier et jusqu'à 2 tonnes sur long-courrier). "Cela a été un échec total, avoue l'un des patrons les plus imaginatifs de la profession, à peine 1 % de nos clients ont répondu à l'appel." Du coup, chez VDM, cette "compensation carbone" est incluse dans la prestation, mais c'est le TO lui-même qui en assume le coût pour ses clients.

La position de M. Rial est tout aussi radicale sur le choix des hôtels. Il a refusé de faire une brochure "éco-lodges" comme il l'avait envisagé. "L'offre n'est pas claire, dit-il. Je ne sais pas ce qu'est un éco-lodge. Il n'y a aucune norme disant comment sont gérés l'eau, les déchets, l'énergie et les hommes. Les conditions de travail du personnel sont souvent inacceptables."

Une très timide pointe d'optimisme vient de l'étude Raffour. Aux questions sur l'environnement, les réponses fusent : dans les dix ans à venir, 46 % des clients au voyage seraient prêts à payer plus pour la protection de l'environnement. A terme, 73 % veulent privilégier les fournisseurs engagés dans cette politique ; 10 % envisagent de faire de la limitation de l'effet de serre une priorité ; 15 % veulent essayer ; 27 % disent peut-être ; 48 % absolument pas ! L'enjeu n'est pas gagné.






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Jean-Louis Kayitenkore
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